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Le blocus de l’eau constitue une forme de violence meurtrière exercée par Israël contre les Palestiniens à Gaza. Selon Assem Nabiha, porte-parole de la municipalité, les habitants vivent une situation d’assèchement extrême qui ne peut être résolue sans une intervention extérieure.
Gaza souffre depuis longtemps d’une crise grave concernant ses ressources en eau. Cependant, la récente guerre israélienne a porté cette crise à un niveau sans précédent, plongeant les populations assiégées dans une soif mortelle, d’après les rapports des Nations unies.
En mars dernier, l’UNICEF a alerté sur une pénurie critique d’eau dans la bande de Gaza, indiquant que seulement 10% de la population disposait d’eau potable sûre. Ce samedi, une attaque ciblée a détruit une station de dessalement dans le quartier de Rimal, tuant trois civils et blessant au moins quinze autres.
Une attaque systématique sur les ressources hydriques
Cette attaque s’inscrit dans une série d’opérations délibérées menées par l’armée israélienne contre les stations de dessalement et les puits d’eau depuis le début des hostilités, selon les déclarations d’Assem Nabiha lors d’une interview.
En vingt mois de conflit, les frappes aériennes ont détruit au moins 75 % des puits fournissant de l’eau propre aux habitants. La station principale alimentant quotidiennement 10 % de la population de la ville a également été détruite.
Le blocus israélien imposé depuis 2006 a déjà réduit la disponibilité de l’eau potable et provoqué un épuisement important des nappes phréatiques, situation aggravée par les récents bombardements.
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), l’approvisionnement en eau a chuté à 7 % des niveaux d’avant octobre 2023, tandis que 97 % des eaux souterraines sont désormais impropres à la consommation. Cela force les habitants à se tourner vers de petites quantités d’eau dessalée ou vers de l’eau non sécurisée, potentiellement porteuse de maladies mortelles.
En outre, plus de 100 000 mètres linéaires de réseaux d’adduction ont été détruits à Gaza, et au total plus de 2 260 kilomètres dans toute la bande ont été endommagés. Les installations restantes peinent à fournir de l’eau suffisante aux habitants.
Une aggravation dramatique de la pénurie
Avant les attaques, les sources d’eau satisfaisaient à peine 50 % des besoins de la population, sans compter les dizaines de milliers de déplacés internes arrivés récemment à Gaza. Le porte-parole municipal souligne que la ville vit une crise de soif généralisée qui dépasse les capacités locales, faute de ressources et de carburant pour réparer et faire fonctionner les infrastructures détruites.
La remise en service des puits et stations demande des matériaux de maintenance et des pièces de rechange indisponibles, ainsi qu’un approvisionnement en carburant insuffisant pour les équipements encore opérationnels.
Au cours des derniers mois, la municipalité a tenté de réparer les installations avec des moyens souvent artisanaux, insuffisants pour restaurer la situation d’avant-guerre.
Assem Nabiha appelle à une action immédiate des instances internationales afin d’apporter le soutien indispensable à la remise en fonctionnement des installations hydriques. Il est inacceptable que des citoyens soient privés d’eau potable au quotidien.
Une urgence humanitaire aggravée par le blocus
Le blocus total imposé depuis mars dernier a précipité l’effondrement humanitaire. Plus de 20 000 enfants sont morts, dont 66 en raison de la malnutrition, selon le bureau des médias gouvernementaux à Gaza.
Des rapports conjoints de l’UNICEF, du Croissant-Rouge et de l’UNRWA décrivent la situation à Gaza comme une « urgence hydrique complète ». Les experts des Nations unies situent Gaza au rang le plus bas au monde en matière d’accès à l’eau potable, avec moins de 10 % des normes minimales atteintes.
Rosalia Pollin, responsable de l’UNICEF pour la région, a rappelé qu’en octobre 2024, 600 000 habitants avaient temporairement retrouvé l’accès à l’eau potable avant que cette disponibilité ne soit interrompue à nouveau.
Les agences onusiennes estiment que 1,8 million de personnes, dont plus de la moitié sont des enfants, nécessitent d’urgence un accès à l’eau, à l’assainissement et aux soins de santé.
La coupure d’électricité généralisée a encore détérioré la situation en paralysant les opérations de dessalement. Les autorités sanitaires préviennent un risque majeur d’épidémies, notamment de choléra et de maladies gastro-intestinales, aggravé par l’absence d’eau propre, l’accumulation des déchets et l’effondrement du système d’assainissement.