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Crise électrique au Liban menace les services essentiels

by Sara
Crise électrique au Liban menace les services essentiels

Crise électrique au Liban menace les services essentiels

À Beyrouth, Ahmed Khalil, un citoyen libanais, exprime son indignation face aux coupures d’électricité qui font désormais partie intégrante de la vie quotidienne. « Les coupures de courant sont un rappel constant de nos luttes avec la crise énergétique depuis des années, et les problèmes au Liban ne semblent jamais finir », déclare-t-il.

La décision de la compagnie d’électricité du Liban de couper le courant dans toutes les régions, y compris les infrastructures vitales comme l’aéroport et les ports, ne surprend pas les Libanais. Dès le début de la semaine, des prévisions indiquaient que ce scénario était probable, et il est devenu réalité aujourd’hui.

Alors que les instances concernées, y compris le gouvernement, les ministères de l’Énergie et des Finances, la Banque du Liban, et la compagnie d’électricité, ont échoué à éviter cette panne généralisée, la compagnie a annoncé l’arrêt de ses dernières unités de production à la centrale de Zahrani, l’une des principales installations de génération d’énergie du pays, en raison d’un manque de carburant.

Elle a précisé que les coupures affectent des installations principales dans le pays, y compris l’aéroport international de Rafik Hariri, le port de Beyrouth, ainsi que les prisons et les stations d’épuration. La compagnie s’est engagée à relancer ses unités de production dès que le carburant sera disponible, permettant une reprise progressive de l’alimentation électrique.

Crise de l'électricité au Liban

La compagnie d’électricité du Liban fait face à une crise de liquidité aiguë dans le contexte de la plus grave crise économique que le pays ait connue depuis 2019.

Une crise de liquidité aiguë

Les coupures de courant représentent l’un des problèmes les plus pressants auxquels le Liban est confronté. Le secteur de l’électricité est l’une des principales sources de la dette publique du pays. Selon la Banque mondiale, ce secteur représente environ la moitié de la dette publique, soit près de 40 milliards de dollars. Ces chiffres illustrent la profondeur de la crise qui touche directement la vie des citoyens et l’économie nationale.

La compagnie d’électricité, propriété de l’État, souffre d’une crise de liquidité aiguë depuis l’escalade de la crise économique à la fin de 2019. Par conséquent, de nombreux Libanais se tournent vers les générateurs privés et l’énergie solaire comme principales solutions.

Ce changement met en lumière l’impact profond de la crise énergétique sur la vie quotidienne et souligne l’urgence de réformes fondamentales dans le secteur de l’énergie pour garantir un approvisionnement électrique stable et fiable.

Depuis 2019, les coupures d’électricité ont connu une aggravation marquée. Les interruptions de courant, qui variaient entre 10 et 12 heures par jour, ont augmenté pour atteindre environ 22 heures par jour en 2020. Actuellement, les coupures oscillent entre 15 et 20 heures quotidiennement.

Une crise depuis les années 1990

Le directeur général de l’Office national du Litani, Sami Alawiya, explique que le problème de l’électricité au Liban n’est pas nouveau. Depuis les années 1990, le pays se débat avec la difficulté de sécuriser des combustibles pour faire fonctionner ses centrales électriques.

Selon Alawiya, l’État soutenait ce secteur jusqu’en 2023 avec les fonds des déposants et les dollars disponibles à la Banque du Liban, en achetant du fioul pour approvisionner les centrales, permettant ainsi aux citoyens de bénéficier d’électricité sans en payer le prix réel.

Au cours de la phase suivante, marquée par un plan d’urgence, les tarifs de l’électricité ont augmenté, devenant beaucoup plus élevés que ceux pratiqués par les générateurs privés. Ces fonds étaient alors alloués à l’achat de combustible et à l’entretien des centrales pour garantir l’approvisionnement en électricité.

Alawiya souligne que la crise de liquidité en dollars a conduit à la nécessité de recourir à l’Irak pour obtenir du carburant, entraînant des arriérés financiers de près de 800 millions de dollars pour le Liban. Ce pays a suspendu son approvisionnement en raison de complications juridiques concernant le paiement de ces créances, nécessitant une législation du parlement libanais.

Le ministre de l’Énergie, Walid Fayad, a proposé de puiser 5 000 tonnes de carburant stockées par l’armée libanaise, une solution jugée temporaire qui ne dépasserait pas cinq jours et nécessiterait une décision du conseil d’administration de la compagnie d’électricité, prévu pour aujourd’hui.

Alawiya affirme que le secteur des services publics doit subir de véritables reformes qui incluent la mise en œuvre de lois, la création d’une autorité régulatrice, l’intégration du secteur privé et de la société civile, ainsi qu’une augmentation de la transparence et un recours aux énergies alternatives. Le secteur souffre d’une instabilité persistante à cause des complications politiques.

Le seul fournisseur d’énergie

Alawiya précise que l’Office des Eaux du Litani produit actuellement 164 kilowatts d’énergie sur les 196 kilowatts potentiels dans des conditions normales. Cet organisme est actuellement le seul producteur d’électricité au Liban, fournissant la compagnie d’électricité pour alimenter principalement les infrastructures publiques et les services.

Il est également rapporté que le Qatar a proposé son aide pour garantir l’approvisionnement en électricité, avec des offres similaires venant de Koweït, d’Allemagne et de nombreux pays arabes et européens. Cependant, la gestion de ce secteur par certaines entités libanaises empêche la mise en œuvre de ces aides.

En outre, une source à l’aéroport de Beyrouth révèle que l’aéroport dispose de générateurs qui couvrent presque tous ses besoins électriques dans des conditions normales, à l’exception du refroidissement, qui n’est pas considéré comme une priorité. Initialement, l’aéroport dépendait de la compagnie d’électricité pour son alimentation, faisant appel aux générateurs lors des coupures.

Avec l’arrêt des centrales électriques, les générateurs fonctionnent de manière continue depuis plus de 36 heures.

Il y a des promesses de rétablir l’électricité dans les deux jours à venir. Bien que le ravitaillement en combustible pour les générateurs ne pose pas de problème, les inquiétudes subsistent quant à une éventuelle panne des générateurs, qui pourrait entraîner une crise nécessitant des mesures d’urgence, comme une réduction de l’alimentation dans certaines installations.

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