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Crise immobilière pour les déplacés turcs en Syrie du Nord
Après près de deux mois de recherche acharnée, la famille du réfugié Mahmoud Huritani, nouvellement déportée de Turquie, n’a pas réussi à trouver une maison décente à louer dans la région rurale d’Idlib, au nord-ouest de la Syrie. Cette situation a été exacerbée par l’augmentation des expulsions de réfugiés syriens, ce qui a considérablement augmenté la demande de logements dans le nord de la Syrie.
Difficultés de recherche de logement
Huritani indique qu’il a visité plusieurs agences immobilières dans le but de louer un logement pour sa famille de cinq personnes, sans succès. Les rares maisons disponibles qui lui ont été proposées étaient en mauvais état et ne correspondaient pas aux prix de location exigés.
Lors d’un entretien, il a mentionné que des dizaines de familles récemment déplacées de Turquie sont à la recherche d’un logement stable, et il a rencontré de nombreux Syriens partageant la même problématique dans les agences immobilières. La recherche d’un emploi pour subvenir à ses besoins devient également une priorité, afin de ne pas épuiser les maigres économies qu’il a obtenues en vendant ses biens en Turquie.
Une demande en forte hausse
La demande en logements dans le nord de la Syrie, déjà en proie à des crises complexes en matière de logement et d’emploi, a grimpé en flèche. Les prix des loyers dans la région oscillent entre 100 et 250 dollars américains, selon les services disponibles et l’emplacement.
En revanche, le revenu moyen par habitant dans le nord-ouest de la Syrie est d’environ 100 dollars américains, alors qu’un travailleur à la journée ne gagne que 3 dollars par jour, une situation représentative des conditions de travail dans la région.
Exploitation des familles déplacées
Hussein Al-Rahal, agent immobilier à Idlib, souligne que l’intérêt pour les maisons à louer a connu une augmentation sans précédent ces deux derniers mois. Cette hausse de la demande a été accompagnée d’une augmentation des loyers.
Il a précisé que certaines agences profitent de la situation difficile des déplacés et des réfugiés en demandant des montants exagérés qui ne correspondent pas à l’état des maisons en termes d’emplacement, de taille et de services, ce qui vise à satisfaire le propriétaire tout en obtenant une bonne commission.
Al-Rahal s’attend à une aggravation de la crise du logement avec l’arrivée de plus de réfugiés syriens de Turquie dans le nord de la Syrie. Il appelle le gouvernement de l’« Autorité de sauvetage » à Idlib à réguler les prix des loyers pour protéger les familles vulnérables.
Absence de services et d’infrastructures
Le nombre d’habitants dans les zones contrôlées par l’opposition dans le nord de la Syrie a dépassé les 6 millions, selon les dernières statistiques du « Groupe de coordination de la réponse humanitaire » publiées l’année dernière, englobant les gouvernorats d’Idlib, Alep et Hama.
Le taux de familles vivant sous le seuil de pauvreté dans le nord-ouest de la Syrie a atteint 91 % à la fin du mois dernier, tandis que 41 % des familles étaient confrontées à la faim.
Les taux de chômage chez les civils dépassent les 88 %, les travailleurs journaliers étant inclus dans ces statistiques, en raison de leur emploi précaire et saisonnier.
Conséquences d’une concentration de population
Firas Chabo, professeur d’économie et de finances, indique que la concentration des opposants au régime dans une seule région du nord de la Syrie a engendré des déséquilibres sur les plans démographique, sanitaire, économique et sécuritaire, à cause de la densité de population et de l’augmentation de la demande en services, logements et travail.
Il met en garde contre le fait que le retour de davantage de Syriens de Turquie vers le nord-ouest de la Syrie pourrait entraîner une véritable catastrophe si des mécanismes et services adaptés au nombre croissant de retours ne sont pas établis, d’autant plus que ces zones manquent déjà d’infrastructures adéquates.
Selon Chabo, l’augmentation des loyers par rapport à la baisse des salaires dans la région est une question d’offre et de demande. Moins d’offres et une demande en hausse entraînent une augmentation des loyers, une règle économique applicable partout, et pas uniquement en Syrie.