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Ré-arrestation de dissidents cubains pour violation de leur liberté conditionnelle
La plus haute juridiction de Cuba a ordonné la réincarcération de deux dissidents de premier plan, José Daniel Ferrer et Félix Navarro, accusés d’avoir enfreint séparément les conditions de leur liberté conditionnelle.
Le mardi, le Tribunal Supremo Popular, parfois traduit par Cour suprême populaire, a autorisé leurs arrestations.
Accusations de non-respect des conditions et liens avec l’ambassade américaine
Maricela Sosa, vice-présidente de la Cour, a déclaré : « En plus de ne pas respecter les conditions de leur liberté conditionnelle, [Ferrer et Navarro] sont des personnes qui appellent publiquement au désordre et au non-respect des autorités dans leurs environnements sociaux et en ligne, tout en maintenant des liens publics avec le chef de l’ambassade des États-Unis. »
Contexte de leur libération et tensions diplomatiques
Les deux hommes avaient été libérés plus tôt cette année dans le cadre d’un accord médié par le défunt pape François et l’Église catholique. Dans ce contexte, le président américain sortant, Joe Biden, avait brièvement retiré Cuba de la liste des États soutenant le terrorisme.
Ce geste a été rapidement annulé lorsque Donald Trump a pris ses fonctions le 20 janvier, réintégrant Cuba sur cette liste dès le lendemain, ce qui restreint l’aide étrangère, les ventes d’armes et d’autres interactions financières avec le pays.
Malgré cela, Cuba a annoncé en mars avoir honoré sa part du marché en libérant un total de 553 personnes. Si les opposants au gouvernement cubain les considèrent comme des prisonniers politiques, La Havane affirme qu’ils sont accusés de « divers crimes ».
Réactions internationales et arrestations élargies
Le Département d’État américain a condamné fermement ces nouvelles arrestations, qui auraient également concerné la femme et l’enfant de Ferrer.
Dans un message publié sur les réseaux sociaux, il a déclaré : « Les États-Unis condamnent fermement le traitement brutal et la détention injuste des patriotes cubains [Ferrer], de sa femme et de son fils, ainsi que de Félix Navarro et de plusieurs autres militants pro-démocratie. »
L’ambassade américaine à La Havane a assuré qu’elle continuerait à rencontrer les Cubains qui défendent leurs droits et libertés fondamentaux.
Portrait de José Daniel Ferrer et opposition au régime
José Daniel Ferrer, pêcheur et fondateur de l’Union patriotique de Cuba (UNPACU), est une figure majeure de l’opposition démocratique sur l’île. Il s’est régulièrement heurté au gouvernement cubain.
Dans une interview accordée au New York Times après sa libération en janvier, il a qualifié l’accord négocié par le Vatican de simple coup de communication pour le régime.
« En signe de supposée bonne volonté, ils libèrent un certain nombre de personnes qui n’auraient jamais dû être emprisonnées, puis ils veulent en échange des concessions de l’Église et du gouvernement américain, » a-t-il déclaré. « Ils sont applaudis, et le monde voit à quel point ils sont généreux. »
Ferrer avait publiquement refusé d’accepter les conditions de sa libération, notamment les comparutions obligatoires devant la justice, estimant qu’il n’aurait jamais dû être incarcéré.
Historique des arrestations et manifestations de 2021
Ferrer et Navarro avaient déjà été arrêtés lors de la « Primavera Negra » en 2003, où 75 dissidents avaient été emprisonnés pour des accusations de collusion avec le gouvernement américain.
En 2019, Ferrer avait également été arrêté sous des accusations de kidnapping et d’agression, qu’il nie fermement.
En 2021, Cuba a été secouée par des manifestations massives au plus fort de la pandémie de COVID-19, provoquées par la pénurie de biens essentiels comme la nourriture et les médicaments. Les manifestants ont dénoncé les restrictions des libertés civiles et ont tenu le gouvernement pour responsable.
La réponse du régime fut une répression policière sévère, avec de nombreuses arrestations, notamment celles de Navarro et Ferrer, jusqu’à leur libération en janvier 2025.
Nouvelle arrestation et répression contre l’UNPACU
Dans une série de publications sur les réseaux sociaux, Ana Belkis Ferrer Garcia, sœur de José Daniel Ferrer, a annoncé que son frère avait été de nouveau arrêté tôt mardi matin.
Elle a précisé que le siège de l’UNPACU avait été « pillé » et que plusieurs militants avaient été arrêtés, y compris la femme de Ferrer, Nelva Ismarays Ortega Tamayo, et leur fils Daniel José.
« Tous ont été emmenés vers un lieu inconnu, » a-t-elle écrit. « Tyrans criminels misérables et lâches ! Nous exigeons leur libération immédiate ainsi que celle de tous les détenus et prisonniers politiques. »
Plus tard, elle a indiqué que la femme de Ferrer et leur fils avaient été libérés après plusieurs heures de détention.
Condamnations des organisations de défense des droits humains
L’Observatoire cubain des droits de l’homme, une organisation à but non lucratif basée en Espagne, a également dénoncé ces arrestations, les reliant au décès du pape François survenu le 21 avril à l’âge de 88 ans.
« Raul Castro et Miguel Diaz-Canel n’ont même pas attendu 72 heures après l’enterrement de François pour revenir sur leurs engagements, » a déclaré l’observatoire, citant les anciens et actuels présidents de Cuba.
Il a ajouté que la décision de réincarcérer Ferrer et Navarro « trahit la demande du Pape ».