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Dacia Maraini, célèbre dramaturge et poète italienne, livre un témoignage poignant dans son ouvrage « Vita mia », où elle revisite son internement dans une prison japonaise entre 1943 et 1945, alors qu’elle n’était qu’une enfant. Ce récit, publié en réaction aux conflits actuels, notamment la guerre en Ukraine, dévoile comment l’écriture a permis à sa famille de tenir durant ces années difficiles.
Un témoignage retardé, mais nécessaire
Le livre de Dacia Maraini n’a vu le jour que plus de quatre-vingts ans après son expérience douloureuse. Elle explique : « Il m’a fallu du temps pour l’écrire. Je l’avais commencé il y a plusieurs années, mais à chaque fois, je m’arrêtais parce que c’était douloureux de revenir à ces expériences. » Ce n’est que récemment, face à la montée d’une atmosphère de guerre en Europe, qu’elle s’est résolue à achever son récit.
Pour elle, témoigner de la guerre à travers le regard d’un enfant interné dans un camp de concentration a une importance capitale. « Tout le monde est contre la guerre, mais témoigner de la manière dont un enfant peut vivre un conflit et comment il s’en sort dans un camp est autre chose, une nécessité », confie-t-elle. Elle souligne que ce processus d’écriture, bien que douloureux, a été libérateur, évoquant une expérience presque freudienne où le fait de parler de ces souvenirs apaise la souffrance.
Une réponse aux conflits actuels
Le déclencheur de la publication de « Vita mia » est clairement lié aux événements contemporains. « Oui, la guerre en Europe, mais aussi celle au Proche-Orient, à Gaza, depuis le 7 octobre », déclare Maraini. Elle dénonce la culture de la haine et de l’agressivité qui règne dans ces zones de conflit, rappelant que « ce qui anime Nétanyahou est la vengeance ».
Elle insiste sur le fait que la civilisation et la démocratie doivent transcender cette logique de vengeance pour appliquer la justice. Cette réflexion souligne la pertinence de son témoignage qui dépasse le cadre historique pour interroger les mécanismes actuels de la guerre.
L’écriture comme pilier familial
Dans son récit, Dacia Maraini évoque également le rôle fondamental de l’écriture pour sa famille durant leur internement au Japon. Elle raconte comment cette activité intellectuelle et créative a aidé à maintenir un lien, une résistance morale face aux conditions extrêmes du camp.
Cet ancrage dans la littérature et la poésie a permis à sa famille de tenir psychologiquement, offrant une échappatoire et un moyen de survivre aux épreuves grâce aux mots.
Portrait de Dacia Maraini
Dacia Maraini, photographiée le 4 avril à Paris, incarne une voix majeure de la littérature italienne contemporaine, mêlant poésie, théâtre et récit autobiographique dans une œuvre engagée et profondément humaine.