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De Marie-Antoinette à Asma al-Assad : Femmes de pouvoir et tyrannie

by Sara
France, Syrie

De Marie-Antoinette à Asma al-Assad : Femmes de pouvoir et tyrannie

Dans chaque période sombre de l’histoire, des visages féminins brillent parfois d’une intensité comparable à celle des hommes au pouvoir. Des couloirs opulents du palais de Versailles au XVIIIe siècle aux couloirs du palais présidentiel de Damas au XXIe siècle, se tisse une fascinante histoire de femmes qui se sont tenues derrière les trônes de la tyrannie, contribuant à aggraver les tragédies de leurs peuples.

Cette exploration historique nous fait passer de Marie-Antoinette, reine de France, symbole de luxe et d’indifférence face aux souffrances du peuple, à Asma al-Assad, épouse du président syrien déchu Bashar al-Assad, qui a évolué d’icône de la modernité à complice d’un régime répressif.

Symboles d’opulence et de séparation

Lors du conflit entre l’Autriche et la France, un accord a été conclu pour marier Louis XVI, âgé de 15 ans, à Marie-Antoinette, âgée de 14 ans, le 16 mai 1770. Ce mariage visait à mettre fin à la guerre et à établir de nouvelles relations entre les deux pays face à l’Angleterre.

À la fin du XVIIIe siècle, la France était en proie à de graves troubles sociaux et économiques. C’est dans ce contexte tendu que Marie-Antoinette, épouse de Louis XVI, est devenue célèbre pour ses fêtes somptueuses et ses dépenses extravagantes, alors que le peuple français souffrait de famine et de pauvreté extrême.

En 1789, la révolution a éclaté lorsque le peuple a exigé une représentation dans le Conseil national. Cette demande a été rejetée par Marie, qui a envoyé 100 000 soldats pour réprimer les manifestants. Le 15 juillet 1789, le peuple s’est révolté contre la prison de la Bastille, symbole de la répression royale, et après sa chute, les insurgés se sont dirigés vers Versailles en criant des slogans anti-Marie.

À leur arrivée, ils tuèrent les gardes, poussant Marie à sortir et à s’incliner devant le peuple, ce qu’elle considérait comme une humiliation. Elle a adopté une position hostile à la révolution jusqu’à la fin, refusant toute négociation, y compris après son arrestation.

Marie-Antoinette est devenue un symbole de l’indifférence de la classe dirigeante envers la souffrance du peuple, et son image a été entachée par des mots légendaires tels que « Qu’ils mangent de la brioche », qui, qu’elle les ait prononcés ou non, a symbolisé la rupture entre les élites et la réalité des citoyens.

De l’icône au complice de la répression

Plus de deux siècles plus tard, Asma al-Assad est apparue sur la scène internationale en décembre 2000, son destin étant lié à celui de la famille au pouvoir en Syrie depuis près de 30 ans, en tant qu’épouse de Bashar al-Assad.

Au début, Asma était présentée comme un nouveau visage prometteur du régime syrien, et grâce à sa formation occidentale et à son éducation raffinée, elle semblait être un symbole de modernité et d’ouverture en Syrie. En 2011, le magazine Vogue l’a qualifiée de « rose au milieu du désert ». Cependant, après le début de la répression des manifestants par le régime, l’article a été retiré du site web du magazine.

Avec le déclenchement de la révolution syrienne en 2011, le rôle d’Asma a dramatiquement changé. Au lieu d’être un pont pour le dialogue ou une voix de modération, elle a choisi de se tenir fermement aux côtés du régime de son mari.

Elle est apparue dans les médias en défendant les politiques du régime, ignorant les violations massives des droits de l’homme et la destruction immense qui frappait le pays. Son image se contrastait fortement avec celle des millions de Syriens contraints de fuir leurs villages ou d’avoir perdu des proches à cause de la violence.

De la « Diana de l’Est » à la dame de la corruption

Ces dernières années, des rapports ont émergé sur le fait qu’Asma al-Assad aurait développé un réseau commercial personnel, poussant Washington à lui imposer des sanctions et à la qualifier de « l’un des pires profiteurs de la guerre » dans son pays.

En 2021, un cabinet d’avocats international au Royaume-Uni a présenté des preuves de l’influence d’Asma al-Assad au sein de l’élite dirigeante et de son soutien à l’armée. Elle a établi un réseau exerçant une influence croissante sur l’économie syrienne, prenant des décisions concernant l’approvisionnement alimentaire, le carburant et le commerce.

Avant l’effondrement du régime, Asma a élargi son influence dans des secteurs comme les télécommunications et les organisations à but non lucratif. Des rapports ont également indiqué qu’elle avait utilisé la « Syrienne pour le développement », fondée en 2001, comme un outil de blanchiment d’argent.

Leçons de l’histoire

Certains journaux ont comparé Marie-Antoinette et Asma al-Assad, mettant en évidence des schémas communs dans la manière dont certaines femmes au pouvoir ont contribué à creuser le fossé entre gouvernants et gouvernés. Trois aspects ont été soulignés :

  • Déconnexion avec la réalité : Les deux femmes ont vécu dans une bulle de luxe, loin des souffrances quotidiennes de leur peuple.
  • Incompréhension des responsabilités du pouvoir : Marie-Antoinette profitait de son statut sans tenir compte des réalités de la misère populaire, tandis qu’Asma a été révélée après l’invasion de son palais, où des biens valant des millions de dollars ont été découverts.
  • Ignorance des voix opposées : Leur insistance à ignorer les demandes populaires et les critiques a conduit à leur chute, même si leurs destins n’étaient pas identiques.

Bridging the Gap

Le historien Simon Schama, dans son livre « Citizens: A Chronicle of the French Revolution », souligne que la déconnexion entre les élites dirigeantes et le peuple a été un facteur clé dans le déclenchement de la Révolution française. Le chercheur politique Francis Fukuyama affirme dans son ouvrage « Identity: The Demand for Dignity and the Politics of Resentment » que la construction de sociétés plus justes et plus stables nécessite de combler le fossé entre les élites et les citoyens ordinaires.

Étudier ces cas historiques nous offre des leçons précieuses sur l’importance d’une communication efficace entre les dirigeants et les peuples, ainsi que sur la nécessité de maintenir un sens de l’humanité dans l’exercice du pouvoir.

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