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Les syndicats agricoles se sont réunis ce lundi pour un débat décisif en vue des élections aux chambres d’agriculture, organisé en partenariat avec le groupe EBRA et Ouest-France. Ce moment a permis de confronter leurs ambitions pour l’agriculture française, dans une ambiance à la fois ferme et courtoise.
Rencontre avec François Bayrou : entre déception et attentisme
Les leaders syndicaux ont partagé une analyse contrastée de leur rencontre avec le Premier ministre, François Bayrou. La FNSEA et les Jeunes agriculteurs ont décrit un « Premier ministre à l’écoute », insistant sur l’urgence d’adopter rapidement un budget agricole de 450 millions d’euros, établi avant la censure du précédent gouvernement. Arnaud Rousseau a souligné cette nécessité.
A contrario, Laurence Marandola de la Confédération paysanne a exprimé des regrets quant au manque de réponses concrètes aux difficultés du secteur agricole. Elle a noté que seule la création d’un fonds de soutien pour les agriculteurs de Mayotte a été évoquée. Véronique Le Floc’h, représentant la Coordination rurale, a rebondi en affirmant que le Premier ministre semblait éloigné de la réalité du terrain, tout en se réjouissant d’une promesse d’alignement de la réglementation française sur celle de l’Union européenne.
Front commun contre le Mercosur
L’accord commercial signé le 6 décembre entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay) suscite une ferme opposition parmi les quatre syndicats. La Confédération paysanne se montre particulièrement radicale, demandant la fin de tous les accords de libre-échange. Laurence Marandola a affirmé que « l’agriculture ne doit pas rester dans l’Organisation mondiale du commerce », tandis que la FNSEA et les JA plaident pour un commerce respectant les règles françaises.
Le traité prévoit d’éliminer 90 % des droits de douane sur certains produits, ce que les agriculteurs français perçoivent comme une menace de « concurrence déloyale ».
Écologie : « À la fois victimes et acteurs pour trouver une solution »
Sur le sujet de l’environnement, tous les syndicats s’accordent à dire que le changement climatique les affecte profondément tout en offrant des solutions. Laurence Marandola a souligné qu’ils sont « à la fois victimes et acteurs pour trouver des solutions ». Pierrick Horel a mentionné que les agriculteurs ont déjà commencé à s’adapter. Les approches divergent cependant sur les solutions à adopter. Véronique Le Floc’h préconise de reconstruire des retenues collinaires, tandis que la Confédération paysanne appelle à interdire les produits phytosanitaires les plus dangereux.
Pour la FNSEA, l’écologie ne doit pas entraver la production agricole.
Transmission : pour attirer les jeunes, priorité aux revenus et à l’accès aux terres
Avec près de 50 % des 400 000 agriculteurs français s’apprêtant à prendre leur retraite dans les dix prochaines années, attirer de nouveaux agriculteurs est crucial. Pierrick Horel insiste sur la nécessité d’un bon accompagnement des projets et d’une meilleure rémunération. Il a noté que « sans revenu, on ne donnera envie à personne de s’installer ».
La Coordination rurale a mis en lumière les difficultés d’accès au foncier, une problématique aggravée par la tendance des fermes voisines à s’agrandir, privant les jeunes agriculteurs d’opportunités.
Revenus : d’accord sur le problème, divisés sur la solution
Concernant l’augmentation des revenus des agriculteurs, la Confédération paysanne propose d’instaurer un « prix minimum garanti » pour assurer une rémunération au moins équivalente au Smic. Cette démarche devrait être accompagnée d’une nouvelle répartition des aides de la PAC. Arnaud Rousseau, représentant la FNSEA, a exprimé des réserves sur l’efficacité des prix planchers dans l’économie européenne, tout en reconnaissant que la loi Egalim a amorcé des changements positifs.
De son côté, la Coordination rurale appelle à des réductions de charges par le biais d’un « bouclier énergétique » et d’une exonération de la taxe foncière sur le non-bâti, financée par une surtaxe carbone sur le fret des produits importés.