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Joseph S. Nye, éminent politologue américain et théoricien du concept de « soft power », est décédé à l’âge de 88 ans, a annoncé l’université Harvard où il a enseigné pendant de nombreuses années. Sa réflexion a profondément marqué le domaine des relations internationales, notamment grâce à sa définition d’une diplomatie fondée sur l’influence et l’attraction plutôt que sur la coercition.
Un parcours prestigieux au service des relations internationales
Joseph S. Nye a occupé plusieurs fonctions importantes, dont celle au ministère de la Défense des États-Unis sous la présidence de Bill Clinton. Il a également dirigé la Kennedy School of Government à Harvard de 1995 à 2004, institution phare dans la formation des décideurs politiques. Auteur de quatorze ouvrages et de nombreux articles, il a largement contribué à la théorie politique et diplomatique contemporaine.
Le concept de soft power : une diplomatie par l’attraction
Dans les années 1980, Joseph S. Nye a introduit le concept de « soft power », qui désigne la capacité d’un pays à attirer et influencer les autres par ses valeurs, sa culture et ses politiques, plutôt que par la force ou la contrainte. Il expliquait ainsi dans un ouvrage publié en 2004 :
« Le “soft power”, c’est-à-dire le fait d’amener les autres à vouloir les résultats que l’on souhaite, permet de coopter les gens plutôt que de les contraindre. »
Cette idée a renouvelé la réflexion sur la diplomatie américaine et la manière dont les États-Unis exercent leur influence globale, au-delà des moyens militaires ou économiques.
Un regard critique sur la politique américaine récente
Interrogé récemment par l’Agence France-Presse, Joseph S. Nye avait exprimé une critique sévère à l’encontre de l’administration de Donald Trump. Selon lui, ce dernier a fragilisé le « soft power » américain notamment par la mise en place de droits de douane protectionnistes et le démantèlement d’organismes clés comme l’agence américaine pour le développement international (Usaid).
Il déclarait ainsi en février :
« Trump ne comprend pas vraiment le pouvoir. Il ne pense qu’en termes de coercition et de paiement. Notre succès au cours des huit dernières décennies a également été basé sur l’attractivité. »
Joseph S. Nye rappelait également que le pouvoir d’attraction des États-Unis avait connu des hauts et des bas, citant notamment l’impopularité du pays pendant la guerre du Vietnam. Il restait cependant confiant sur la capacité des États-Unis à restaurer leur influence après cette période difficile :
« Nous nous en remettrons probablement après Trump, mais il a endommagé la confiance dans les États-Unis. »