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Défense européenne face à la Russie : les trois faiblesses clés

by Sara
Défense européenne face à la Russie : les trois faiblesses clés
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Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie et les menaces répétées de Vladimir Poutine à l’encontre de l’Europe, la question de la défense militaire européenne est redevenue une priorité majeure. Si l’augmentation des dépenses militaires est souvent mise en avant, le véritable enjeu réside dans le renforcement ciblé des capacités. Trois domaines, en particulier, révèlent aujourd’hui des failles majeures dans la défense européenne face à la Russie.

Soldats devant un char Leopard 2 de la Bundeswehr en Lituanie, avec la présence du chancelier Scholz

Alors que certains secteurs comme l’aviation européenne tiennent tête à la Russie, d’autres présentent de sérieuses lacunes, notamment en matière de drones, de munitions et de missiles. Voici un aperçu détaillé de ces trois faiblesses clés.

Drones : un enjeu stratégique sous-estimé

Au fil du conflit ukrainien, les drones sont devenus des outils cruciaux pour les deux camps. Mais ce ne sont pas forcément les drones haut de gamme qui font la différence sur le terrain, mais bien les drones jetables, peu coûteux et faciles à produire en masse.

Certains modèles peuvent parcourir des centaines de kilomètres avant de s’écraser sur des cibles fixes avec une charge explosive d’environ 50 kilogrammes. D’autres, appelés drones FPV (First Person View), sont pilotés en temps réel depuis la ligne de front pour attaquer des positions ou véhicules ennemis. La Russie et l’Ukraine utilisent ces deux types de drones jetables ainsi que des drones commerciaux modifiés, souvent équipés pour larguer des grenades.

Dans les attaques quasi-quotidiennes russes sur des villes ukrainiennes, les drones de type Shahed constituent l’essentiel des armes utilisées, avec en moyenne 150 à 200 drones impliqués par offensive. Bien que leurs charges explosives soient modestes comparées aux missiles balistiques, missiles de croisière ou à l’artillerie, leur masse peut saturer les systèmes de défense ukrainiens, créant ainsi des brèches pour des frappes plus dangereuses. Selon le renseignement militaire ukrainien (HUR), la Russie en produirait environ 10 000 par an.

Débris d’un drone Shahed ayant frappé une maison à Lviv en mars 2025

Une étude du Center for Strategic & International Studies souligne que les drones Shahed sont les armes longue portée russes les plus économiques par cible touchée. Moscou accroît massivement leur production et pourrait bientôt déployer jusqu’à 500 drones par jour. Du côté ukrainien, la fabrication locale de drones est également en expansion depuis 2023, avec des frappes régulières sur des infrastructures militaires russes depuis l’automne 2024.

En comparaison, l’Europe ne dispose pas encore de capacités industrielles comparables. L’UE envisage d’étudier l’organisation d’une production de masse de drones jetables, tandis que la France prévoit de mettre en service 2 000 drones de ce type cette année. La Bundeswehr, quant à elle, envisage des essais avec ces drones jetables.

Munitions : un défi de stocks et de production

La guerre en Ukraine a révélé le manque criant de stocks et de capacités de production de munitions en Europe, particulièrement pour un conflit terrestre dominé par l’artillerie. Cette situation commence toutefois à évoluer.

Cette année, la Commission européenne annonce la fabrication de 2 millions d’obus d’artillerie, une augmentation spectaculaire par rapport à 2022. Rheinmetall, seul, produit environ 700 000 obus annuellement contre 70 000 il y a peu. Néanmoins, la majorité de cette production est destinée à la fourniture à l’Ukraine plutôt qu’à reconstituer les arsenaux européens.

Par ailleurs, la Russie surpasse largement ces chiffres malgré les sanctions, avec une production estimée à environ 3 millions d’obus par an, soit 250 000 par mois selon le général américain Chris Cavoli. Cette supériorité en volume persiste malgré les coûts élevés de la politique européenne, qui consacre près d’un demi-milliard d’euros à ces efforts.

Concernant les missiles antiaériens, la situation est encore plus préoccupante. Le producteur allemand Diehl Defence a fabriqué seulement 500 missiles IRIS-T en 2024, un système efficace contre drones et certains missiles de croisière. Le système SAMP/T, alternative franco-italienne au Patriot, connaît des délais de production très longs, avec 42 mois actuellement, destinés à être réduits à 18 mois en 2025.

L’initiative European Sky Shield vise à établir un système intégré de défense aérienne et antimissile à plusieurs niveaux, mais dépend encore largement d’importations. Les systèmes américains Patriot devraient couvrir les longues distances, tandis que l’Israël Arrow-3 intercepterait des missiles balistiques jusqu’à 100 kilomètres d’altitude dans la haute atmosphère.

Missiles et missiles de croisière : un déséquilibre inquiétant

Selon le renseignement militaire ukrainien, la Russie produit annuellement environ 1 200 missiles de croisière à usage terrestre ainsi que 400 missiles balistiques de courte et moyenne portée. Ces armes permettent à Moscou d’atteindre presque toute l’Europe depuis son territoire, à l’exception de l’Espagne et du Portugal.

Un expert militaire de l’Université d’Oslo, Fabian Hoffmann, indique qu’une grande partie de cette production est mise en réserve pour reconstituer un stock considérablement réduit durant les premières années du conflit ukrainien. Ainsi, le Kremlin se prépare à un affrontement conventionnel avec l’OTAN, s’appuyant non seulement sur son arsenal nucléaire, mais aussi sur ses missiles classiques.

À ce jour, l’Europe ne dispose que de peu de moyens pour contrer efficacement ces missiles russes. La production européenne de missiles Taurus est arrêtée, bien qu’un redémarrage soit prévu grâce à une commande suédoise, avec une production estimée entre 40 et 60 unités par an. La version franco-britannique Scalp-EG est produite en quantités similaires, tandis que la fabrication de missiles balistiques reste nulle.

Les forces européennes dépendent ainsi de missiles américains comme les ATACMS et les JASSM. La plus puissante arme disponible est probablement le missile de croisière Tomahawk lancé depuis la marine britannique. En réponse, le projet ELSA (European Long-Range Strike Approach), regroupant l’Allemagne, la France, la Pologne et l’Italie, vise à développer des armes à longue portée, capables d’atteindre jusqu’à 2 000 kilomètres.

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source:https://www.welt.de/politik/ausland/article255942242/Aufruestung-Wo-Europas-Verteidigung-Russland-unterlegen-ist.html

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