Home ActualitéDes familles libanaises retournent dans leurs villages détruits par la guerre

Des familles libanaises retournent dans leurs villages détruits par la guerre

by Sara
Liban, Israël

Abou Chach, village situé à quelques kilomètres de la frontière israélienne, ressemble à tant d’autres localités du sud du Liban : des maisons en ruines, des rues désertes et un quotidien façonné par la guerre. Quelques familles, parmi lesquelles la famille Shabbi, ont choisi de revenir occuper des lieux qui restent marqués par le conflit.

Un retour dans un paysage dévasté

La vie est « primitive », dit Kawthar, qui explique que sa famille dort désormais dans l’ancien hangar à bétail. Le village est largement détruit et l’école, elle, est hors d’usage, privant les enfants d’éducation sur place.

Après des mois d’affrontements intermittents, Israël a lancé en septembre 2024 une offensive majeure visant, selon ses déclarations, à affaiblir le Hezbollah. Deux mois plus tard, un accord de cessation des hostilités est entré en vigueur, mais la situation sur le terrain reste incertaine.

  • De nombreuses habitations ont été touchées par des frappes israéliennes.
  • La présence de l’armée israélienne sur certaines portions du territoire empêche le retour d’environ 100 000 personnes.
  • Les déplacements et l’accès aux services de base demeurent difficiles.

Vie quotidienne et solidarités locales

La famille Shabbi se replie sur ses terres pour subsister, faute de pouvoir continuer à payer un loyer en exil. Kawthar affirme : « Nous ne pouvions plus payer le loyer. Nous avons été déplacés plus d’un an. Nous vivions de notre terre, c’est pourquoi nous sommes revenus. »

Leur seul appui régulier provient des casques bleus de l’ONU, présents sur place. Ces soldats de la paix sont devenus des visiteurs habituels et un soutien précieux pour une communauté qui accueille toute aide offerte.

« Vivre ici est difficile : l’épicerie la plus proche est à une demi-heure de route », ajoute Kawthar. Le manque d’infrastructures rend chaque déplacement complexe et coûteux.

Témoignages et nostalgie d’avant-guerre

La fille de Kawthar, Zahra, décrit le contraste entre le village d’avant et celui d’aujourd’hui. Autrefois, il y avait des boutiques, des enfants dans les rues et une école fréquentée par les jeunes du village.

« Avant, nos amis étaient ici. Il y avait des magasins et de la vie dans les rues. Nous allions à l’école… Ce n’est plus le cas, mais nous sommes heureux d’être revenus », confie-t-elle.

Cependant, beaucoup d’habitants n’osent ou ne peuvent pas regagner leurs villages en raison des dangers persistants. Certaines routes frontalières sont impraticables et l’armée israélienne a érigé des positions qui bloquent la circulation dans certains secteurs.

Appels à enquêtes et bilan des destructions

Des organisations pour les droits humains, notamment Amnesty International, réclament une enquête sur la vaste destruction de biens civils dans le sud du Liban. Elles estiment que ces actes doivent être examinés au regard du droit international et pourraient relever de crimes de guerre.

Erika Guevara Rosas, directrice principale chez Amnesty, a déclaré que la destruction « a rendu entières des zones inhabitables et ruiné d’innombrables vies ». Entre le début de l’offensive terrestre israélienne le 1er octobre et janvier suivant, plus de 10 000 structures ont été « fortement endommagées ou détruites », selon l’ONG.

« Au vu de l’ampleur des destructions menées par l’armée israélienne, de nombreux résidents du sud du Liban n’ont plus rien à quoi retourner », a ajouté Rosas.

Bâtiment détruit dans le village d'Abou Chach, sud du Liban
Un bâtiment détruit à Abou Chach, dans le sud du Liban. (Al Jazeera)

Enjeux politiques et refus d’en débattre

Le Liban insiste pour que l’armée israélienne se retire des positions qu’elle occupe sur le territoire libanais et cesse ses attaques, afin que l’armée libanaise puisse être déployée et appliquer les termes de la trêve.

Israël, de son côté, conditionne toute avancée à un désarmement préalable du Hezbollah. Ce point reste l’un des principaux blocages politiques et sécuritaires dans la région.

La famille Shaabi a choisi de ne pas commenter ces questions politiques délicates — cessez-le-feu fragile, occupation de territoires libanais ou débat sur le désarmement du Hezbollah —, affirmant : « Nous voulons juste pouvoir vivre en paix. » Leur réticence à évoquer la politique se comprend : ils vivent isolés, dans une zone où l’État est quasiment absent.

Perspectives et défis pour la reconstruction

Le retour de quelques familles dans des villages détruits illustre la volonté de s’accrocher à leurs terres malgré les risques et les privations. Mais la reconstruction reste conditionnée à des décisions politiques et à la sécurité sur le terrain.

  • Retours limités tant que des positions militaires étrangères demeurent sur le sol libanais.
  • Besoin urgent de reconstruction des infrastructures essentielles : écoles, commerces, routes.
  • Appels répétés à des enquêtes internationales sur les destructions civiles afin d’établir des responsabilités.

Pour la famille Shabbi, comme pour d’autres familles libanaises, le village reste malgré tout un foyer auquel elles tiennent et où elles espèrent reconstruire leur vie.

Lectures recommandées

  • Security camera video shows Israeli strike in southern Lebanon
  • Will Lebanon disarm Hezbollah?
  • Lebanon’s cabinet welcomes army plan to disarm Hezbollah, gives no timeline
  • Texte de l’accord de cessation des hostilités
  • Débat sur le désarmement du Hezbollah
source:https://www.aljazeera.com/news/2025/9/17/few-lebanese-families-return-to-villages-in-south-destroyed-by-israel-war

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