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Ce mardi matin, tandis que la pendule noire avance, Christine, la gérante d’un salon de coiffure situé près de la rue Nicolas-Appert, se remémore le triste événement qui a marqué sa vie et celle de tout un quartier. « Dans une heure, quelque chose comme ça, ça fera dix ans », confie-t-elle, alors que le XIe arrondissement de Paris est bouclé, les rues sécurisées. Chaque année depuis le 7 janvier 2015, ce jour est empreint d’émotion et de souvenirs douloureux. Christine, bien que touchée, peine à évoquer ce qui s’est passé ce jour-là, les clients curieux lui demandant souvent : « C’était où Charlie ? »
Le souvenir des victimes
Le 7 janvier 2015, l’attaque a eu lieu dans un petit immeuble, au deuxième étage, dans une salle de conférence. Philippe Lançon, dans son livre *Le Lambeau*, décrit cet endroit comme « une toute petite salle dans un tout petit immeuble situé dans une toute petite rue qui ne ressemblait à rien sinon une impasse ». Ce matin-là, douze vies ont été tragiquement perdues. Aujourd’hui, la rue Nicolas-Appert réunit une centaine de visages : familles, élus, soutiens et forces de l’ordre, tous rassemblés pour rendre hommage. Une femme tient dans ses mains le *Charlie* du jour, alors que le soleil perce les nuages parisiens, dans une atmosphère de calme froid.
Les hommages
Avant le début de la cérémonie, Malika Bret, ancienne DRH de *Charlie Hebdo*, déclare que c’est un « moment où l’on rend hommage à ces gens magnifiques et où l’on se rappelle aussi pourquoi cela s’est produit ». Le silence s’installe lentement dans la petite rue, où des gerbes de fleurs ont été déposées. Des soldats prennent position, et un roulement de tambour se fait entendre. Une minute de silence est observée, suivie d’une *Marseillaise* enregistrée, sobre, comme souhaité par les familles.
Le président Emmanuel Macron, qui ne foule pas souvent les lieux d’hommage, fait une apparition tardive, rompant la sérénité ambiante.
Un hommage en mémoire de Simon Fieschi
La cérémonie se déroule dans le silence, ponctuée par la lecture des noms des victimes. Cette année, le nom de Simon Fieschi, webmaster de *Charlie Hebdo*, a été ajouté à la liste des victimes. Il est décédé le 17 octobre, après dix ans de lutte. Les autorités, militaires et policiers, déposent les gerbes de fleurs en hommage aux victimes, ainsi qu’aux familles et autorités religieuses présentes.
Au premier rang, aux côtés d’Emmanuel et Brigitte Macron, se tiennent de nombreux membres du gouvernement, ainsi que des figures politiques comme François Hollande et Bernard Cazeneuve. Les caméras sont instruits de ne pas filmer les familles des victimes, respectant ainsi leur douleur.
Le souvenir du lieutenant Ahmed Merabet
Comme un ballet orchestré depuis dix ans, la foule se déplace vers le boulevard Richard-Lenoir pour honorer la mémoire du lieutenant Ahmed Merabet, abattu alors qu’il tentait d’arrêter les frères Kouachi lors de leur fuite. Emmanuel Macron et la maire de Paris déposent ensemble une gerbe de fleurs devant le lieu où Merabet est tombé. Ils se dirigent ensuite vers le XIIe arrondissement pour rendre hommage aux victimes de l’Hyper Cacher, tuées par Amedy Coulibaly, deux jours plus tôt.
Des souvenirs vivaces
Nourdine, tenant un petit drapeau tricolore, se remémore les événements avec sa compagne Frédérique, qui exprime sa colère : « Ce drame m’a catastrophée ». Le couple, qui vivait à proximité des lieux de l’attaque, a assisté à la scène dévastatrice. Frédérique se souvient de l’unité ressentie lors de la marche du 11 janvier : « La liberté ! », crie-t-elle, avant que son compagnon ne lui demande de chuchoter. Ce moment de recueillement est ponctué par son désir de méditer pour évacuer ce choc émotionnel.