Pour la première année, Donald Trump a bouleversé l’ordre international tant sur la forme que sur le fond, esquissant une doctrine inattendue et qui a surpris le reste du monde à son réveil. Sa présence quasi quotidienne a rythmé l’actualité et imposé un nouveau cadre d’interprétation. Cette stratégie de l’attention a été largement théorisée.
Sur le fond, l’administration Trump a bouleversé l’ordre établi après la Seconde Guerre mondiale: elle a remis en cause les cadres juridiques qui régissent les relations entre États, modifié les dynamiques de mondialisation par le recours à des droits de douane et fragilisé les alliances historiques des États‑Unis, notamment l’OTAN, ainsi que les organisations internationales comme l’ONU.
Le président affirme avoir résolu plusieurs conflits, mais dans les deux dossiers majeurs où les États‑Unis sont engagés—l’Ukraine et le dossier israélo-palestinien—aucun progrès tangible n’a été enregistré. L’année a été marquée par des images fortes, notamment la visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky au Bureau ovale et l’accueil spectaculaire réservé à Vladimir Poutine en Alaska en août. La guerre que Trump promettait de régler en 24 heures demeure active tant qu’un accord n’est pas accepté par toutes les parties.
Qu’en est‑il d’une véritable doctrine Trump ? Elle prend forme différemment de ce que l’on imaginait lors du premier mandat. Premièrement, Trump cherche à éviter les « guerres sans fin » comme celles menées en Afghanistan ou en Irak; mais il n’hésite pas à recourir à l’usage de l’armée, ce qui déplaît à l’aile isolationniste de ses soutiens. Il a par exemple mené des actions militaires au Yémen, en Iran, près du Venezuela et plus récemment en Syrie contre Daech, après les premiers soldats américains tués sous son mandat. L’armée, libérée de certaines contraintes juridiques, est présentée comme un instrument de puissance à la disposition de l’exécutif.
Deuxième axe, la référence à une politique rappelant la doctrine Monroe, remise au goût du jour dans le cadre des relations avec l’Amérique latine: les États‑Unis affirment une hégémonie dans leur hémisphère et exercent des pressions sur des voisins comme le Venezuela pour démontrer leur rôle. Ces choix reflètent une approche où la stabilité régionale est assurée par la puissance américaine, même si les voies choisies restent controversées.
Qu’attendre de 2026 ? Le défi est double: sur le plan international, définir la position vis‑à‑vis de la Chine, son rival numéro un au XXIe siècle, qui a montré en 2025 sa capacité à résister. Trump doit se rendre à Pékin en avril, une étape déterminante pour les relations sino‑américaines et pour l’équilibre mondial. En parallèle, le défi domestique demeure avec les élections de mi-mandat en novembre. Si l’objectif est de reconquérir le Congrès, les sondages indiquent une perte de popularité et des défaites électorales récentes dans plusieurs villes, dont New York et Miami. Les démocrates chercheront à exploiter ce mécontentement pour reprendre le contrôle du parlement.
Les difficultés de Trump se résument parfois à trois mots: Epstein, le nom du financier dont les affaires refont surface et alimentent les soupçons sur la connivence entre l’élite et les dirigeants; affordability, le coût de la vie, souvent décrié malgré les démentis présidentiels; et divisions, les fractures qui traversent le camp MAGA et minent sa cohérence. Avec dix mois devant lui, l’objectif de « rendre sa grandeur » à Trump demeure incertain.