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Donald Trump ouvre l’extraction minière en haute mer, défi international

by Sara
Donald Trump ouvre l’extraction minière en haute mer, défi international
États-Unis

Donald Trump dans le bureau Ovale de la Maison Blanche, à Washington, jeudi 24 avril 2025.

Donald Trump a signé le jeudi 24 avril un décret majeur visant à ouvrir l’extraction minière à grande échelle dans les grands fonds océaniques, y compris en haute mer au-delà des eaux territoriales. Cette initiative remet en question l’autorité de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), chargée de réguler l’exploitation minière dans les eaux internationales, bien que les États-Unis n’aient jamais ratifié les accords régissant cette organisation.

Un décret pour accélérer l’exploitation minière en haute mer

Le décret demande au secrétaire au commerce, Howard Lutnick, d’« accélérer l’examen » des candidatures ainsi que la délivrance de permis d’exploration et d’extraction de minéraux au-delà des juridictions américaines. Parallèlement, le ministre de l’Intérieur, Doug Burgum, est également saisi pour faciliter l’octroi de permis dans les eaux territoriales. Cette volonté gouvernementale s’accompagne d’un objectif ambitieux : extraire un milliard de tonnes de matériaux en dix ans.

Le texte prévoit aussi que le secrétaire au commerce prépare un rapport sur la « faisabilité d’un mécanisme de partage » des ressources issues des fonds marins, une mesure qui pourrait influencer la gouvernance internationale de ces richesses.

Jeff Watters, vice-président de l’ONG Ocean Conservancy, a critiqué cette décision : « En se lançant dans l’extraction minière en eaux internationales, à contrepied du reste du monde, le gouvernement ouvre la voie à d’autres pays pour en faire de même. Et cela aura des conséquences négatives pour nous tous et pour les océans dont nous dépendons. »

Une course contre la Chine pour les ressources stratégiques

Bien qu’aucune extraction commerciale n’ait encore débuté dans les fonds marins, plusieurs pays comme le Japon ou les îles Cook ont déjà délivré des permis d’exploration dans leurs zones économiques exclusives. Le gouvernement Trump estime que le développement de cette activité pourrait créer jusqu’à 100 000 emplois et accroître le produit intérieur brut (PIB) des États-Unis de 264 milliards d’euros sur dix ans.

« Nous voulons que les États-Unis devancent la Chine dans ce domaine », a indiqué un responsable américain. L’enjeu stratégique est de taille : les nodules polymétalliques, ces galets riches en manganèse, nickel, cobalt, cuivre et terres rares, sont essentiels pour la fabrication de technologies vertes comme les véhicules électriques, les panneaux solaires, ainsi que pour l’électronique grand public.

Si les États-Unis sont actuellement le deuxième producteur mondial de terres rares, leurs réserves sont limitées comparées à celles de la Chine, du Brésil, de l’Australie ou de l’Inde. Le décret souligne que le pays fait face à un défi économique et sécuritaire majeur, celui d’assurer un approvisionnement en minéraux critiques sans dépendre d’adversaires étrangers.

Oppositions et enjeux environnementaux

En 2023, trente et un élus républicains du Congrès avaient déjà adressé une lettre au ministre de la Défense Lloyd Austin, exhortant l’administration Biden à autoriser l’extraction minière sous-marine, craignant que la Chine ne monopolise ces ressources. Cette demande était restée sans réponse officielle à ce jour.

Le projet suscite une vive opposition de la part des défenseurs de l’environnement. L’entreprise canadienne The Metals Company (TMC) a annoncé son intention de contourner l’AIFM en sollicitant directement les États-Unis pour obtenir le feu vert à l’exploitation en haute mer.

Katie Matthews, de l’association Oceana, dénonce « un exemple clair de la priorisation des compagnies minières au détriment du bon sens ». Par ailleurs, le gouverneur d’Hawaï, Josh Green, a adopté en juillet 2024 une législation interdisant l’extraction minière dans les eaux territoriales de cet État insulaire.

Emily Jeffers, avocate du Centre pour la diversité biologique, alerte sur les risques écologiques : « Trump est en train d’exposer l’un des écosystèmes les plus fragiles et méconnus à l’exploitation industrielle incontrôlée ». Elle rappelle que plus de trente pays soutiennent un moratoire international, soulignant que « la haute mer nous appartient à tous et la protéger est un devoir pour l’humanité ».

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source:https://www.lemonde.fr/international/article/2025/04/25/donald-trump-ouvre-la-voie-a-l-extraction-miniere-en-haute-mer-defiant-l-autorite-internationale_6599791_3210.html

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