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Une incursion de drones russes dans l’espace aérien polonais, survenue lors d’une attaque russe contre l’Ukraine, a déclenché une série de mesures et de réactions diplomatiques en Europe et au sein de l’OTAN. Selon le centre de commandement de l’armée polonaise, l’espace aérien a été violé à plusieurs reprises et au moins trois drones russes ont été abattus; l’aéroport international Frédéric Chopin de Varsovie a été temporairement fermé, et trois autres aéroports situés dans la région de Varsovie et à l’est du pays ont été paralysés. L’espace aérien au-dessus du principal aéroport de Varsovie a pu rouvrir vers 7h30, peu après la fermeture.
« Au cours d’une attaque menée par la Fédération de Russie contre des cibles situées sur le territoire ukrainien, notre espace aérien a été violé à plusieurs reprises par des drones », a indiqué sur X le commandement opérationnel de l’armée polonaise. Cette incursion « sans précédent » a été qualifiée par Varsovie d’« acte d’agression ».
Incursion et premières réactions internationales
Dans la nuit du 9 au 10 septembre, les faits ont été qualifiés par Varsovie comme une intrusion inédite. Selon Donald Tusk, premier ministre polonais, « Nous n’avons aucune information suggérant que quelqu’un ait été blessé ou soit décédé à la suite de l’action russe ». Il a décrit l’incursion comme une « provocation à grande échelle » et a évoqué des mesures de sécurité renforcées, en lien avec les manœuvres Zapad-2025 prévues du 12 au 16 septembre.
La réaction internationale a été immédiate. La chef de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, a fustigé « la violation la plus grave de l’espace aérien européen par la Russie depuis le début de la guerre ». L’ambassadeur américain à l’OTAN, Matthew Whitaker, a assuré que les États-Unis soutiennent leurs alliés et « défendrons chaque centimètre du territoire » de l’Alliance. Le président français, Emmanuel Macron, a condamné « la fuite en avant » et a affirmé « Nous ne transigerons pas avec la sécurité des Alliés ». De son côté, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a décrit le ciblage comme « un ciblage délibéré » et a appelé à des sanctions plus sévères contre Moscou. Andriï Sybiga, chef de la diplomatie ukrainienne, a déclaré sur X qu’une « réponse faible aujourd’hui ne fera que provoquer davantage la Russie ».
Activation de l’article 4 et cadre de la réponse OTAN
Le gouvernement polonais a demandé l’activation de l’article 4 du traité de l’Atlantique Nord, qui prévoit des consultations entre alliés en cas de menace sur l’un d’eux. « Les entretiens prennent à ce moment précis la forme d’une demande formelle d’activation de l’article quatre du traité de l’Atlantique Nord », a déclaré Donald Tusk devant le parlement.
Le Conseil de l’Atlantique nord s’est réuni mercredi matin au niveau des ambassadeurs, et les Alliés ont décidé que cette réunion se tiendrait « dans le cadre de l’article 4 du traité de l’Alliance », selon des diplomates. Cet article prévoit essentiellement une « consultation » au niveau des alliés, et non une réponse militaire automatique.
Selon le Premier ministre néerlandais et secrétaire général par intérim Mark Rutte, « la violation de la nuit dernière n’était pas un événement isolé » et il a dénoncé le « comportement dangereux » de la Russie. « Mon message à Poutine est clair : mettez fin à la guerre en Ukraine (…) cessez de violer notre espace aérien et sachez que nous sommes vigilants et que nous défendrons chaque centimètre du territoire de l’Otan », a-t-il ajouté. La présidente de la Commisssion européenne, Ursula von der Leyen, a elle dénoncé une « violation dangereuse » et « sans précédent » de l’espace aérien polonais et européen et a assuré que « l’Europe est pleinement solidaire de la Pologne ». Le président ukrainien Zelensky a parlé d’un « ciblage délibéré » et a plaidé pour des sanctions plus fortes contre Moscou. « Pas nécessairement d’action militaire à venir » a aussi signalé M. Rutte, soulignant que l’objectif est d’évaluer et de coordonner les réponses possibles sans préjuger de la suite.
Enjeux et perspectives pour l’Europe
À l’issue d’une consultation inédite, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a proposé à ses alliés européens un « système commun de défense aérienne », appelant à une réponse coordonnée après ce qu’il a qualifié de « ciblage délibéré » par la Russie. Cette perspective de défense commune intervient dans un contexte où les autorités polonaises veulent durcir les mesures de sécurité et où les alliés cherchent à clarifier les mécanismes de riposte sans nécessairement engager une escalade militaire directe.
La Pologne, qui a convoqué l’activation de l’article 4 et qui prépare des exercices militaires, rappelle que ces événements interviennent dans le cadre des tensions accrues entre l’OTAN et la Russie depuis l’invasion de l’Ukraine. L’OTAN insiste sur le fait que l’article 4 vise des consultations et non nécessairement une action militaire; les débats et les mesures communes se poursuivent pour évaluer les risques et les réponses adaptées. En attendant, les dirigeants européens réaffirment leur solidarité et leur détermination à sécuriser l’Europe face à des provocations qui, selon eux, ne doivent pas rester sans réponse.