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Les cardinaux venus de plus de 70 pays se réunissent au Vatican pour élire un nouveau chef de l’Église catholique après le décès du pape François. Cette élection cruciale mobilise les princes de l’Église, engagés dans des discussions intenses à la recherche d’un médiateur capable d’unir une institution profondément divisée.
Un conclave inédit et une diversité mondiale
Depuis plusieurs jours, les cardinaux de l’Église catholique romaine échappent discrètement aux murs du Vatican, se retrouvant pour des dîners discrets et des réunions privées à Rome. Leur mission est de choisir le successeur idéal au pape François, décédé le mois dernier, qui guidait 1,4 milliard de fidèles.
Mercredi à 16h30 (14h30 GMT), les 133 cardinaux âgés de moins de 80 ans défileront en procession solennelle jusqu’à la chapelle Sixtine pour entamer le conclave. Marco Politi, expert du Vatican, souligne une évolution notable : « Le Sud du monde fait entendre sa voix, il ne suffit plus que les problèmes soient abordés depuis le centre ou l’hémisphère Nord. »
Ce conclave illustre cette diversité, rassemblant des représentants de plus de 70 pays. Cette ampleur est l’héritage du pape François, qui a nommé 80 % des électeurs afin d’élargir la portée mondiale de l’Église. La plupart des cardinaux ne s’étaient jamais rencontrés auparavant, et leur tâche s’annonce complexe.
Les attentes : un médiateur et un pasteur charismatique
Alors que les débats préliminaires ont mis en lumière plusieurs thèmes majeurs, le défi principal reste de déterminer si le futur pape suivra la voie tracée par François, un pontife novateur mais prudent. Marco Politi le résume ainsi : « Ils cherchent un réparateur, un médiateur et aussi un pasteur charismatique proche des fidèles. »
Parmi les priorités évoquées, la nécessité de trouver une figure unificatrice capable de réparer les fractures internes de l’Église et de gérer sa place dans les affaires internationales. Des tensions subsistent notamment autour de l’accord controversé de 2018 entre le Saint-Siège et la Chine qui a conféré à Pékin un rôle dans la nomination des évêques catholiques, alors que les croyants y subissent des persécutions.
Certains cardinaux appellent à la prudence quant à l’ouverture aux autres religions, caractéristique de la papauté de François, de peur que l’identité catholique ne soit diluée. La crise des vocations sacerdotales, les scandales d’abus sexuels et financiers ainsi que l’ouverture de l’Église aux laïcs restent aussi des sujets sensibles.
Des profils variés pour un choix incertain
Le Vatican a précisé les qualités recherchées chez les candidats, appelés papabili : « Une figure présente, proche, capable de faire le pont et de guider, facilitant l’accès à la communion pour une humanité désorientée. Un berger proche de la vie réelle des gens. »
Parmi les noms souvent cités figure le secrétaire d’État du Vatican, le cardinal Pietro Parolin. Diplomate expérimenté, il est considéré comme un modéré susceptible de rassembler conservateurs et progressistes. Malgré des rumeurs infondées sur sa santé, le Vatican a rapidement démenti toute inquiétude.
Le cardinal Luis Antonio Tagle, des Philippines, surnommé « le François asiatique » pour son approche pastorale, est un autre candidat potentiel. Il a toutefois été la cible de critiques conservatrices après la diffusion d’une vidéo où il chante « Imagine » de John Lennon, chanson aux paroles contestées par certains.
Le cardinal Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem, est également évoqué pour son expérience au Moyen-Orient, bien que certains le jugent trop jeune. Le conservateur cardinal Peter Erdő, archevêque de Budapest, pourrait rassembler les voix traditionnelles en raison de ses positions strictes sur la communion des divorcés et l’immigration.
Cependant, la coutume romaine dit souvent : « Celui qui entre au conclave en pape en ressort cardinal », soulignant l’imprévisibilité de cette élection.
Le moment décisif : habemus papam ?
Mercredi, lorsque les cardinaux entreront dans la chapelle Sixtine, toutes spéculations et informations extérieures seront bannies. Les fenêtres seront occultées, téléphones confisqués, et aucun contact avec l’extérieur ne sera autorisé.
Pour être élu, le nouveau pape devra obtenir au moins 89 voix. En cas d’échec, plusieurs tours de vote seront organisés quotidiennement sans limite de durée, bien que l’expérience suggère une procédure ne dépassant pas cinq jours.
Le monde entier attendra le signal visible de la fumée : noire si aucun pape n’a été choisi, blanche si un nouveau souverain pontife est élu. À ce moment-là, un cardinal apparaîtra sur le balcon de la basilique Saint-Pierre pour lancer l’annonce solennelle « Habemus papam ! » avant que le pape ne se montre aux fidèles.