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Au petit matin, la file s’étendait sur le parking de la bibliothèque, dans le brouillard. Deux heures plus tard, elle s’est réduite, le soleil a percé, et le flot d’électeurs est continu. Bucks County, en Pennsylvanie, est un comté clé dans l’élection présidentielle. Les électeurs ici pourraient décider du prochain occupant de la Maison-Blanche. Levittown, à une demi-heure de Philadelphie, a voté à 51 % pour Hillary Clinton en 2016 et à 45 % pour Donald Trump, puis à 52 % pour Joe Biden en 2020. Les électeurs inscrits sont majoritairement démocrates à 47 %, contre 35 % pour les républicains, avec 17 % d’indépendants. Les panneaux de soutien à Trump sont omniprésents dans la région.
Les enjeux économiques et sociaux
« Je pense que c’est très important de voter pour cette élection, à cause de notre économie et de tout ce qui se passe », déclare Rachel Hitchen, qui s’apprête à voter pour Donald Trump. Son entreprise, spécialisée dans la vente de meubles et l’organisation de mariages, a vu son chiffre d’affaires chuter de 35 à 40 %. Elle souligne que les budgets pour les mariages, qui étaient autrefois de 25 000 à 40 000 euros, sont désormais considérés à la baisse. « On essaie d’être accommodants, mais on voit vraiment des gens qui souffrent », ajoute-t-elle.
La question de l’avortement
Malgré son soutien à Trump, Rachel Hitchen exprime des réserves concernant sa position sur l’avortement. « Je n’aime pas sa position sur ce sujet. Les femmes devraient pouvoir choisir ce qu’elles font de leur corps. Mais les gens doivent nourrir leur famille et malheureusement, il n’y aura jamais un politicien avec lequel je serai totalement d’accord », confie-t-elle.
Bannière étoilée et droits reproductifs
Dans un contexte électoral divisé par le genre, les hommes soutiennent majoritairement Donald Trump tandis que les femmes se tournent vers Kamala Harris, notamment en raison de la question de l’avortement. Sarah Jenner, 29 ans, est venue voter avec ses filles et porte un tee-shirt affichant « bannière étoilée et droits reproductifs ».
Des tensions sur le droit de vote
La semaine dernière, de nombreux électeurs ont fait la queue pour voter « à la demande », une forme de vote anticipé en vertu de la loi de Pennsylvanie. À un moment donné, la police a tenté de disperser les électeurs, affirmant qu’ils ne pourraient pas voter avant la fermeture des bureaux. Cela a été perçu comme une tentative de limiter le droit de vote, ce qui a conduit Donald Trump à menacer de porter plainte contre Bucks County. Heureusement, la possibilité de voter « à la demande » a été prolongée, ce qui a permis de calmer les tensions.
Doutes sur la transparence électorale
Parmi les républicains, des doutes subsistent sur la transparence du processus électoral. Curtis Moyers, un électeur de la région, déclare avoir confiance dans le système local : « On a une trace physique en papier et les femmes qui tiennent le registre, on les connaît. » Cependant, il craint que la fraude ne se produise « plus tard, dans les zones obscures de Philadelphie ».
Mesures de sécurité renforcées
Dans certains bureaux de vote, comme dans le comté de Luzerne, des mesures de sécurité ont été renforcées pour prévenir d’éventuelles perturbations par des groupes armés. Larry Krasner, le procureur général, a averti les membres de milices que des arrestations seraient effectuées en cas d’intimidation des électeurs.
Un climat d’attente
Peter, envoyé par le parti démocrate pour répondre aux questions des électeurs, confie qu’il était inquiet avant de venir, mais se sent mieux après avoir constaté un comportement civilisé parmi les électeurs. Toutefois, Sarah Jenner reste la seule électrice démocrate à s’exprimer dans la queue. « J’aurais plein de choses à vous dire mais dans une salle privée, là tout le monde va entendre », déclare-t-elle, visiblement anxieuse à l’idée de partager ses opinions dans un environnement potentiellement hostile.