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Victoire probable de Rodrigo Duterte à Davao et percée de sa famille au Sénat
L’ancien président philippin Rodrigo Duterte, actuellement détenu à la Cour pénale internationale (CPI), est en passe de remporter l’élection municipale dans sa ville natale de Davao. Parallèlement, cinq candidats soutenus par sa famille dominent la course au Sénat lors des élections de mi-mandat, témoignant de la pérennité de la dynastie politique Duterte.
Ces résultats constituent un soutien majeur pour la vice-présidente Sara Duterte, la fille de Rodrigo Duterte, confrontée à une procédure de destitution devant le Sénat en juillet. Pour la destituer et l’empêcher de se présenter aux prochaines élections, dont la présidentielle de 2028, une majorité des deux tiers est nécessaire.
Un scrutin d’envergure
Au total, 12 des 24 sièges du Sénat et les 317 sièges de la Chambre des représentants étaient en jeu parmi les 18 320 postes électifs proposés. Près de 69 millions de Philippins étaient inscrits sur les listes électorales dans ce pays d’Asie-Pacifique.
Résultats provisoires et tendances
- Avec 97 % des votes comptabilisés, les candidats soutenus par le président Marcos Jr sont en voie de remporter six des 12 sièges sénatoriaux.
- Les partisans de Duterte, dont l’allié fidèle Christopher “Bong” Go, devraient obtenir cinq sièges.
- Un candidat en passe de remporter un siège a des liens avec les deux familles politiques.
- Rodrigo Duterte est en bonne position pour récupérer le poste de maire de Davao, avec plus de 65 % des suffrages.
Rodrigo Duterte a déjà exercé la fonction de maire de cette ville du sud à trois reprises, totalisant 22 années au poste. En cas de victoire, il est probable que le rôle soit repris par le vice-maire actuel, Sebastian Duterte, son fils.
Aux Philippines, les candidats accusés de crimes, même détenus, peuvent se présenter aux élections tant qu’ils ne sont pas condamnés.
Enjeux politiques majeurs
Bien que le président Marcos Jr et la vice-présidente Sara Duterte ne se soient pas présentés à ces élections, leurs alliés briguaient des postes allant du Sénat aux administrations municipales.
Sara Duterte est une candidate sérieuse pour la présidentielle de 2028. Son avenir politique dépend largement du Sénat, composé de 24 membres. Elle doit obtenir le soutien d’au moins neuf sénateurs pour éviter une condamnation.
Les 12 sénateurs élus constitueront la moitié du jury chargé de son procès en destitution, prévu en juillet. En cas de culpabilité, elle sera déchue de ses fonctions et empêchée de se présenter à de futures élections.
La vice-présidente a été mise en accusation en février par la Chambre des représentants, accusée notamment de détournement de fonds publics et de complot visant l’assassinat du président Marcos.
Sara Duterte considère cette procédure comme une vendetta politique dans le cadre de la lutte pour le pouvoir entre les deux familles.
Cette élection a également déterminé le sort de centaines de gouverneurs, ainsi que de milliers de maires de villes et de municipalités. Les résultats officiels seront annoncés dans la semaine.
Rivalité politique entre les familles Marcos et Duterte
Sara Duterte est la fille de l’ancien président Rodrigo Duterte, arrêté et transféré à la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye le 11 mars par l’administration Marcos Jr.
Rodrigo Duterte est poursuivi pour « crimes contre l’humanité » en lien avec la mort estimée de 30 000 personnes durant ses mandats de maire et de président.
Les opérations antidrogue menées pendant son pouvoir entre 2016 et 2022 ont causé la mort de plus de 7 000 personnes selon les chiffres officiels de la police, un bilan que les défenseurs des droits humains estiment sous-évalué.
Marcos Jr, allié initial de la famille Duterte lors de sa campagne victorieuse en 2022, s’est rapidement distancé en raison de divergences politiques, notamment sur la guerre antidrogue initiée par Rodrigo Duterte.
L’alliance a définitivement éclaté après l’arrestation d’Apollo Quiboloy, conseiller spirituel de l’ancien président et figure influente, inculpé pour trafic sexuel.
L’arrestation de Rodrigo Duterte sur mandat de la CPI a exacerbé les tensions entre les deux dynasties politiques.
Jusqu’à cette arrestation, Marcos Jr rejetait la compétence de la CPI sur son pays, qualifiant la Cour de menace à la souveraineté philippine et refusant d’aider à l’arrestation de Duterte.
En 2019, Duterte avait retiré les Philippines de la CPI, privant la Cour de la compétence pour faire exécuter ses mandats dans le pays.
Les tensions politiques ont culminé avec la mise en accusation de Sara Duterte en février, qui demeure vice-présidente mais sous la menace d’un procès au Sénat.