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Élections cantonales du Jura : Moutier change la donne politique

by Sara
Élections cantonales du Jura : Moutier change la donne politique
Suisse

Le Jura s’apprête à vivre le scrutin le plus palpitant de son histoire politique, marqué par l’arrivée de la ville de Moutier qui bouleverse l’équilibre des forces en présence. Ce changement promet des élections cantonales sous haute tension cet automne, avec des enjeux renouvelés et de nouvelles ambitions au sein des partis.

Un scrutin historique avec l’intégration de Moutier

Après deux votes décisifs en 2017 et 2021, Moutier rejoindra officiellement le canton du Jura au 1er janvier 2026. Toutefois, ses habitants participeront dès octobre prochain à l’élection cantonale, apportant ainsi un vivier électoral supplémentaire représentant environ 10 % des votants.

Cette arrivée est appelée à modifier les équilibres politiques traditionnels. En effet, Moutier est dominé par deux partis majeurs : le Parti socialiste (PS) et l’Union démocratique du centre (UDC), qui ont recueilli respectivement 34,2 % et 28,9 % des suffrages en 2023. Ces nouveaux électeurs pourraient influencer significativement la composition du gouvernement jurassien, actuellement composé de deux ministres PS, deux Centristes et un représentant du Parti chrétien social indépendant (PCSI).

Foule célébrant avec des drapeaux et fumée rouge lors de l’annonce des résultats du vote sur l’appartenance cantonale de Moutier.

Traditionnellement, les trois districts du Jura – Delémont, Porrentruy et les Franches-Montagnes – ont toujours eu au moins un ministre. La question se pose désormais : Moutier bénéficiera-t-elle de cette représentation ?

Des luttes internes exacerbées dans les partis

Face à ces bouleversements, les partis politiques soignent leurs stratégies pour conquérir ou conserver des sièges gouvernementaux. La compétition s’annonce féroce et pourrait engendrer des tensions internes importantes.

Le Parti socialiste : entre maintien et rivalités

Premier parti du canton avec 29,6 % des voix aux élections fédérales de 2023, le PS mise sur sa force à Moutier pour conserver ses deux sièges au gouvernement jurassien. Si Rosalie Beuret (46 ans) se représente, la vacance laissée par Nathalie Barthoulot attire deux prétendants : Valentin Zuber (35 ans), conseiller municipal de Moutier, et Raphaël Ciocchi (41 ans), président du parti cantonal.

Ce duel promet d’être intense, rappelant un épisode similaire en 2006 où des rivalités internes avaient conduit à la perte d’un siège pour le PS.

Le Centre : une offensive à double tranchant

Avec une surreprésentation actuelle de deux ministres sur cinq, le Centre (26,5 % des voix en 2023) cherche à défendre ses postes en présentant cinq candidats. Cette stratégie vise à capter un maximum de voix, notamment grâce à une candidature issue de Moutier, où le parti ne rassemble que 6,5 % des suffrages, ainsi que dans les Franches-Montagnes.

Cette multiplication des candidatures pourrait cependant fragiliser les ministres sortants Martial Courtet (48 ans), en lice pour un troisième mandat, et Stéphane Theurillat (45 ans), en poste depuis seulement un an.

Le PCSI : un ministre sortant se retire

Le Parti chrétien social indépendant (PCSI) connaît déjà sa première victime de la campagne. David Eray (52 ans), ministre sortant, a annoncé son retrait, officiellement pour relever de nouveaux défis, mais probablement pour éviter un affrontement avec Damien Chappuis (46 ans), maire de Delémont et candidat déclaré.

Damien Chappuis devra défendre ce siège important, bien que jamais un maire de Delémont n’ait jusqu’à présent réussi à intégrer le Conseil d’État jurassien. David Eray, contesté notamment à cause d’un projet controversé de géothermie profonde, représentait les Franches-Montagnes, un avantage que ne détient pas son successeur potentiel.

L’UDC : un duel décisif pour une entrée historique

Troisième force du canton en 2023 avec 19 % des voix, l’UDC vise une première entrée au gouvernement. Le rattachement de Moutier enrichit son électorat, mais le parti doit choisir son candidat unique entre Fred-Henri Schnegg (60 ans), haut fonctionnaire et ancien maire dans le Jura bernois, et Romain Schaer (56 ans), député-maire de La Baroche.

Cette sélection se jouera lors d’un congrès crucial le 22 mai, après quoi le parti aura cinq mois pour apaiser les tensions éventuelles entre les camps.

Les autres partis face à des défis majeurs

Le Parti libéral-radical (PLR), en recul constant, entend présenter un candidat, dont le nom sera dévoilé le 11 juin, pour tenter de regagner une représentation gouvernementale après le départ de Jacques Gerber.

Les Verts et le CS-Pop (gauche alternative) doivent décider s’ils concourront seuls, ensemble ou en alliance avec le PS. Bien qu’il soit difficile pour eux d’obtenir un siège, une candidature ancrée dans les Franches-Montagnes, telle que celle de Pauline Godat, coprésidente des Verts jurassiens, pourrait augmenter leurs chances.

Portrait de Florent Quiquerez, journaliste spécialisé en politique suisse.

Florent Quiquerez est journaliste spécialisé en politique suisse depuis 2015, couvrant principalement l’actualité fédérale.

source:https://www.24heures.ch/jura-lelection-la-plus-excitante-de-lhistoire-du-canton-969402839061

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