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Élections présidentielles au Cameroun : enjeux et défis du scrutin 2024

by Sara
Cameroun

Dans une atmosphère électorale tendue, le président camerounais Paul Biya se présente pour un huitième mandat lors du scrutin prévu le 12 octobre 2024. Les partisans du président affichent une confiance totale quant à sa victoire, tandis qu’une opposition fragmentée tente, tant bien que mal, de convaincre les électeurs d’opérer un changement politique.

Environ 7,8 millions d’électeurs sont attendus aux urnes pour décider si Biya restera au pouvoir ou si l’un de ses concurrents parviendra à renverser la donne. La campagne arrive à son terme dans un contexte marqué par des rumeurs, des informations contradictoires et des mouvements politiques imprévus.

Quel type de campagne Paul Biya a-t-il menée ?

À 92 ans, Paul Biya suscite des questions sur sa capacité à conduire une campagne de terrain active. Avant même l’annonce officielle de sa candidature le 13 juillet, des doutes planaient sur ses apparitions publiques et sa présence médiatique.

Au cours de la campagne, les apparitions directes de Biya ont été très limitées : son staff avait promis plusieurs événements publics, mais la réalité a réduit ces engagements à une représentation essentiellement indirecte via ses délégués.

Le seul grand rassemblement public notable a eu lieu à Maroua le mardi 7 octobre, la même ville où il avait tenu le seul meeting de sa campagne en 2018. Le choix de Maroua reflète l’attention portée par le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) au Nord, région sensible sur le plan électoral.

Supporters de Paul Biya lors d'un meeting de campagne à Maroua

Les tensions au sein du parti au pouvoir affectent-elles la mobilisation ?

Depuis plusieurs années, des rivalités internes animent les couloirs du pouvoir à Yaoundé. Avec l’annonce de la candidature de Biya, ces luttes de pouvoir semblaient s’apaiser temporairement, au moins en apparence.

Le conflit semi-public entre le secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, et le ministre de la Justice, Laurent Esso, a perdu de son intensité. De même, les tensions entre Ngoh Ngoh et le chef du cabinet civil, Samuel Mvondo Ayolo, sont pour l’instant maîtrisées.

Le rapprochement de personnalités influentes, dont l’ancien footballeur Samuel Eto’o qui a rejoint la campagne au titre de l’un de ses députés dans le Littoral, témoigne d’un rassemblement des soutiens autour du président dans cette phase sensible.

Arrivée de Paul Biya à Beijing pour le Forum Chine-Afrique

Pourquoi Maurice Kamto a-t-il choisi de ne soutenir aucun candidat ?

Maurice Kamto, considéré comme le principal rival potentiel de Paul Biya, a été écarté de la course après son inscription jugée invalide. L’autorité électorale l’a disqualifié le 26 juillet pour « pluralité de candidatures », suite au dépôt d’une autre candidature au nom de son parti.

Le 5 août, le Conseil constitutionnel a confirmé la décision, plaçant Kamto au centre de l’attraction politique de l’opposition. Plusieurs ténors de l’opposition ont tenté en vain d’obtenir son soutien.

Après des consultations et des spéculations sur un éventuel ralliement à Issa Tchiroma Bakary, Kamto a finalement annoncé le 26 septembre qu’il n’appuierait aucun candidat, laissant l’opposition plus dispersée que jamais.

Partisans d'Issa Tchiroma Bakary entourant son véhicule lors d'un meeting à Yaoundé

Pourquoi l’opposition n’a-t-elle pas su s’unifier ?

Les principaux opposants, Issa Tchiroma Bakary et Bello Bouba Maigari — tous deux anciens ministres sous Biya — n’ont pas réussi à trouver un candidat unique malgré des semaines de discussions. Leurs rivalités historiques et ambitions personnelles ont miné les tentatives d’unification.

Au lieu de rallier un nom consensuel pour contrer efficacement le président dans un scrutin à un seul tour, l’opposition a présenté plusieurs candidatures, diluant ainsi ses chances de l’emporter.

Outre Tchiroma et Maigari, la course comprend d’autres prétendants indépendants, parmi lesquels Patricia Ndam Njoya, Cabral Libii, Joshua Osih, Serge Matomba, Samuel Eyoum, et Jacques Bogué Hajabi, ce qui complexifie encore davantage le paysage politique.

  • Fragmentation des soutiens
  • Conflits de leadership historiques
  • Difficulté à constituer une coalition crédible

Meeting électoral des partisans d'Issa Tchiroma Bakary à Yaoundé

Peut-on s’attendre à une surprise le 12 octobre ?

La division au sein de l’opposition jette une ombre sur la crédibilité et la lisibilité du scrutin, organisé en un seul tour. Si l’écart entre le premier et le second est faible, le résultat risque d’être contesté et scruté de près.

Les partisans de Paul Biya se montrent convaincus d’une victoire, tandis que les afficionados des principaux candidats de l’opposition clament, eux aussi, la possibilité d’un renversement. Les déclarations de Tchiroma à Douala, le 3 octobre, mettent en garde contre toute tentative de falsification des résultats.

Ses propos — adressés notamment au ministère de l’Intérieur, au Conseil constitutionnel et à la commission électorale — laissent entendre que des manifestations pourraient éclater en cas de proclamation d’un résultat perçu comme frauduleux.

Carte du Cameroun

Points clés à retenir

  • Enjeu principal : maintien ou renouvellement du pouvoir après des décennies de règne de Paul Biya.
  • Mobilisation : environ 7,8 millions d’électeurs appelés aux urnes le 12 octobre 2024.
  • Campagne : présence publique limitée de Paul Biya, campagne largement déléguée à son entourage.
  • Opposition : absence d’un candidat unique, échec des négociations pour un front commun.
  • Risque post-électoral : menaces de contestation et de manifestations en cas de résultats controversés.
source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/10/11/%d8%ae%d9%85%d8%b3-%d8%a3%d8%b3%d8%a6%d9%84%d8%a9-%d9%84%d9%81%d9%87%d9%85-%d8%a7%d9%84%d8%a7%d9%86%d8%aa%d8%ae%d8%a7%d8%a8%d8%a7%d8%aa-%d8%a7%d9%84%d8%b1%d8%a6%d8%a7%d8%b3%d9%8a%d8%a9-%d9%81%d9%8a

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