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La récente analyse des coûts de la politique nucléaire de la Coalition par Frontier Economics a suscité de vives réactions, soulignant un tournant potentiel dans la direction énergétique de l’Australie. Cette situation évoque un carrefour où il faut choisir entre l’énergie nucléaire et les énergies renouvelables.
Un passé énergétique marqué par des choix contestés
En 1969, le gouvernement libéral de John Gorton a opté pour la voie nucléaire avec le projet de construction de la centrale nucléaire de Jervis Bay. Comme Gorton l’a exprimé plus tard, cette technologie pouvait fournir de l’électricité à tous et éventuellement être utilisée pour produire une arme atomique.
Cependant, en 1971, le gouvernement de Billy McMahon a annulé le projet, le jugeant trop coûteux. Le site a été transformé en un immense parking à Murray’s Beach. Aucun réacteur nucléaire n’a été construit au cours des 27 années suivantes, jusqu’à ce que John Howard impose une interdiction fédérale de l’énergie nucléaire, qui n’a jamais été remise en question durant les 18 années suivantes de gouvernement libéral.
Un virage vers les énergies renouvelables
Au début des années 1970, l’Australie se trouvait à un véritable carrefour énergétique. Malheureusement, le choix s’est porté sur le charbon, et beaucoup, souhaitant léguer un climat sûr aux générations futures, regrettent que nous n’ayons pas pris la route de l’énergie nucléaire, ce qui aurait considérablement réduit nos émissions de carbone.
En 1997, juste avant d’interdire le nucléaire, Howard a annoncé un objectif d’énergie renouvelable obligatoire. Ce plan visait à intégrer une petite part d’énergie renouvelable à notre faible production d’hydroélectricité. En 2009, une collaboration entre partis a permis d’augmenter cet objectif à 20 % d’énergies renouvelables d’ici 2020. Aujourd’hui, nous sommes presque à 40 %, avec un objectif de doubler ce chiffre d’ici la fin de la décennie.
Les faiblesses de la politique énergétique de la Coalition
Voici quatre raisons pour lesquelles, à mon avis, les estimations préparées par Frontier Economics sapent complètement le 23ème plan énergétique de la Coalition :
1. Impact négatif sur les revenus des ménages et l’industrie
La Coalition a choisi un scénario de changement progressif, tandis que le scénario préféré de l’Aemo, connu sous le nom de « changement d’étape », a été attribué au Parti travailliste. Dans le scénario de la Coalition, une forte baisse de la demande industrielle est prévue d’ici 2030, menant à la fermeture de fonderies et de centres de données. D’ici 2050, la demande industrielle pourrait chuter de 62 %.
2. Sous-évaluation des coûts nucléaires
Frontier semble avoir confondu le terme de l’industrie nucléaire « nth of a kind » (Noak) avec « next of a kind ». Le coût Noak n’est pas ce que nous paierions pour le prochain réacteur construit, mais un objectif de coût que nous atteindrions théoriquement si nous devenons très compétents dans leur construction.
3. Un calendrier irréaliste
Il n’y a pas de chance qu’Australie puisse mettre en service son premier réacteur nucléaire avant 2040. Même avec des hypothèses optimistes, tels qu’un contrôle de la Coalition sur les deux chambres du Parlement et un renversement rapide des interdictions par les États, il semble presque impossible d’atteindre ce premier kilowatt-heure avant 2044.
4. Une grille électrique inadéquate
Le modèle de Frontier suppose que l’Australie construira 13,3 GW de nucléaire, correspondant à 12 réacteurs AP-1000. Cependant, la demande d’électricité en Australie diminue, et la façon dont la Coalition prévoit de faire fonctionner ces réacteurs pourrait entraîner des excédents d’énergie et nécessiter l’arrêt de quantités importantes d’énergies renouvelables.
Une réaction à la controverse
Ce débat révèle les tensions existantes autour des choix énergétiques en Australie, où des implications financières et environnementales sont en jeu. Les critiques à l’encontre de la modélisation de la Coalition mettent en lumière la nécessité d’une discussion rationnelle plutôt que d’accusations sur les intérêts financiers des opposants.