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Escalade politique en Libye met en péril l’accord de Genève

by Chia
Escalade politique en Libye met en péril l'accord de Genève

Escalade politique en Libye met en péril l’accord de Genève

La Libye traverse une nouvelle phase d’escalade politique entre les factions rivales de l’Est et l’Ouest du pays, une situation qui jette une ombre sur l’avenir de l’accord politique établi à Genève en 2021 sous l’égide des Nations Unies, selon des experts.

D’après des analystes et des politiciens, l’accord politique semble toucher à sa fin, et il est impératif de reprendre le dialogue afin d’éviter un nouveau conflit armé en Libye.

Incidents récents à Tripoli

Le 9 août dernier, des affrontements dont les causes restent floues ont éclaté entre deux factions armées liées au Gouvernement d’unité nationale basé à Tripoli, menant à la mort de neuf personnes et à des dizaines de blessés près de la capitale libyenne.

Le 11 août, un groupe de personnes, dont certains étaient armés, a encerclé un bâtiment du Banque centrale de Libye à Tripoli dans le but de forcer le gouverneur de la banque à quitter son poste, rapportent des médias locaux, avant que les manifestants ne soient dispersés.

Le gouverneur de la Banque centrale, Seddik Kebir, fait l’objet de vives critiques pour sa gestion du budget et des ressources pétrolières dans ce pays riche en hydrocarbures.

Ces incidents ont amené l’ambassadeur américain en Libye, Richard Norland, à déclarer sur X que « la survenance de nouveaux affrontements entre des groupes armés ces derniers jours souligne les risques persistants liés au blocage politique en Libye ». Il a également ajouté qu’il est « inacceptable » d’éjecter le gouverneur de la Banque centrale de force, ce qui pourrait priver la Libye d’accès aux marchés financiers mondiaux.

M مقر المصرف المركزي الليبي في طرابلس (رويترز)

Profondeurs des divisions

La Libye souffre de profondes divisions depuis la chute du régime de Muammar Kadhafi en 2011. Le pays est administré par deux gouvernements : le premier, reconnu internationalement, à Tripoli sous la direction de Abdul Hamid Dbeibah, et le second à l’Est, soutenu par le parlement et Khalifa Haftar.

Le Conseil de la chambre des représentants, réuni à Benghazi (Est), a décidé lors d’une réunion récente de mettre fin aux fonctions de l’autorité exécutive à Tripoli et de considérer le gouvernement d’Osama Hamad à l’Est comme « légitime » jusqu’à ce qu’un gouvernement unifié soit choisi.

Le Conseil a également voté pour retirer le titre de « commandant suprême de l’armée » du conseil présidentiel, qui découle de l’accord de 2021, et pour le transférer au président du Conseil de la chambre des représentants.

Réactions et impacts

En réponse, le Gouvernement d’unité nationale, qui reçoit une reconnaissance internationale, a affirmé que sa légitimité découle de l’accord politique libyen, « s’engageant à respecter les résultats de celui-ci », qui stipule que le gouvernement doit mettre fin à ses missions en organisant les élections présidentielles et législatives, mettant ainsi fin à la transition politique.

Des violences antérieures avaient vu l’armée de Haftar tenter de prendre le contrôle de Tripoli entre avril 2019 et juin 2020, échouant après de violents combats. Le cessez-le-feu subséquent a conduit à la signature d’un accord à Genève en 2021 visant à établir des institutions temporaires. Cet accord stipule que la période exécutive devait préparer des élections en décembre 2021, mais celles-ci ont été reportées indéfiniment en raison du renouvellement des tensions politiques et de l’insécurité.

Le professeur en relations internationales, Khaled Al-Montasser, estime que la décision du parlement libyen envoie un « message à l’étranger et non à l’intérieur, indiquant que le moment est venu d’établir de nouveaux accords et conditions pour la négociation ». Il ajoute que « plus de trois ans après l’accord de Genève, nous avons atteint un point de faillite politique totale imputable à toutes les parties impliquées, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays ».

Risques de conflit armé

La mission des Nations Unies en Libye a exprimé, la semaine dernière, sa préoccupation face aux développements unilatéraux récents de la part des acteurs politiques et des institutions libyennes dans l’Est, l’Ouest et le Sud du pays, considérant qu’ils conduisent à une escalade des tensions et à une érosion de la confiance entre les libyens.

Elle a souligné la nécessité de poursuivre les consultations avec les dirigeants libyens et les parties régionales pour parvenir à un « consensus » et relancer les efforts visant à mettre fin au « blocus politique » actuel.

Ce climat de tensions s’accompagne d’une inquiétude croissante concernant le risque de reprise des hostilités armées. Le Ouest libyen a été le théâtre de mouvements militaires suite à des déclarations inattendues des forces de Haftar, déclenchant un état de « mobilisation militaire » de la part du gouvernement de Tripoli.

Ces mouvements ont rencontré un refus international large, ce qui a incité les forces de Haftar à démentir toute intention d’attaque militaire, affirmant viser uniquement à « sécuriser les frontières sud du pays ».

Selon l’analyste politique Abdullah Al-Rais, ces mouvements constituent un « test » pour évaluer les positions internationales et la préparation militaire du gouvernement de Tripoli. Il conclut que si le dialogue échoue, une offensive militaire pourrait devenir inévitable. « Cette fois-ci, ce sera une guerre ouverte », prévient-il.

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