Éthiopie accuse l’Érythrée de préparer une guerre avec le TPLF

L’Éthiopie accuse le gouvernement érythréen de s’être associé au Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) pour préparer une offensive militaire, ravivant les craintes d’un nouveau conflit dans la Corne de l’Afrique. Dans une lettre adressée au secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, citée mercredi par l’agence AFP et par les médias éthiopiens, le ministre éthiopien des Affaires étrangères, Gedion Timothewos, affirme l’existence d’une collusion claire entre Asmara et des éléments du TPLF.

Accusations et contenu de la lettre

Selon la lettre, « la collusion entre le gouvernement érythréen et le TPLF est devenue plus évidente au cours des derniers mois ». Les autorités éthiopiennes mettent en garde contre une faction dure du TPLF qui, d’après elles, se coordonne avec Asmara pour « se préparer activement à faire la guerre contre l’Éthiopie ».

La missive, citée par l’AFP, appelle la communauté internationale et le secrétaire général de l’ONU à prendre la situation au sérieux, en soulignant le risque d’une escalade militaire qui pourrait déstabiliser davantage la région.

Allégations concernant la région d’Amhara

Addis-Abeba accuse également l’Érythrée et le TPLF de « financer, mobiliser et diriger des groupes armés » dans la région septentrionale d’Amhara. Cette région connaît depuis plusieurs années des affrontements entre l’armée fédérale et divers groupes rebelles.

Les autorités éthiopiennes affirment que ces actions aggravent les tensions internes et menacent la sécurité nationale, tandis que la population civile d’Amhara subit déjà les conséquences d’un conflit prolongé.

Contexte historique et tensions récentes

Les relations entre l’Éthiopie et l’Érythrée ont une histoire longue et sanglante. Après l’indépendance de l’Érythrée en 1993, un conflit frontalier majeur a opposé les deux pays de 1998 à 2000, faisant des dizaines de milliers de morts.

Les relations se sont apaisées en 2018 après l’arrivée au pouvoir du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed. Toutefois, pendant la guerre du Tigré (2020-2022), l’armée érythréenne a soutenu les forces fédérales éthiopiennes, et depuis la fin du conflit, les rapports entre Addis-Abeba et Asmara sont redevenus belliqueux.

L’Érythrée accuse notamment son voisin sans accès à la mer de lorgner le port d’Assab, sur la mer Rouge, dans le sud-est érythréen — un enjeu diplomatique lié au souhait réitéré par Abiy Ahmed de retrouver un accès maritime perdu après l’indépendance de l’Érythrée.

Appel à la négociation et position d’Addis-Abeba

Dans sa lettre à Antonio Guterres, Gedion Timothewos affirme qu’Addis-Abeba souhaite « s’engager de bonne foi dans des négociations avec le gouvernement érythréen ». Le ministre évoque une vision d’« prospérité partagée par l’intégration », tout en préservant l’intégrité territoriale et la souveraineté des deux États.

Timothewos accuse Asmara de chercher à « justifier ses machinations sinistres contre l’Éthiopie » en prétendant être menacé par la quête éthiopienne d’un accès à la mer.

Alliances régionales et implications

L’Érythrée, petit État isolé d’environ 3,5 millions d’habitants, a renforcé ces derniers mois ses liens avec l’Égypte, un autre pays en tension avec l’Éthiopie au sujet des ressources en eau et du barrage de la Renaissance sur le Nil.

Ce réalignement régional complique davantage les perspectives de désescalade et augmente le risque d’une conflagration impliquant plusieurs acteurs de la région.

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Ressources et analyses

Pour mieux comprendre le conflit du Tigré et ses conséquences, plusieurs reportages et analyses approfondies sont disponibles :

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