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Un ancien gérant d’une société chargée de la sécurité du chantier de l’autoroute Toulouse-Castres est soupçonné d’avoir commandité en 2024 des actes de violence contre des opposants au projet A69, a annoncé le procureur de Toulouse. Cet homme de 51 ans doit être présenté vendredi à un juge pour une mise en examen, a précisé le procureur David Charmatz, qui a requis un mandat de dépôt. Le gérant « a reconnu sa responsabilité, son implication dans l’organisation de ce qu’on peut appeler des commandos », a ajouté le magistrat. Neuf personnes ont été interpellées dans les agglomérations de Marseille, Lyon et Albi et placées en garde à vue, selon le parquet. Le dossier, nourri par les enquêtes menées dans la région, évoque des faits graves tels que des dégradations de biens par incendie et des violences volontaires, susceptibles d’entraîner des peines lourdes. L’enquête s’inscrit dans un contexte de tensions autour de la construction de l’A69, qui fait émerger des zones à défendre et des mobilisations d’opposants et d’élus pro ou anti-projet.
Faits et contexte à Toulouse et Verfeil
Le 1er septembre 2024, des hommes cagoulés ont mis le feu à une voiture devant une maison occupée par des opposants à l’A69 à Verfeil, en Haute-Garonne, une habitation finalement rasée pour laisser place au chantier. Deux militants anti-A69 ayant tenté de les arrêter ont été « aspergés d’essence et de gaz lacrymogènes et ont été blessés », permettant aux suspects de s’enfuir, a détaillé le procureur.
Outre cette intervention, deux autres tentatives d’incendie en août 2024, une sur cette même propriété et l’autre sur une autre Zone à défendre (ZAD) à Saïx (Tarn), ont conduit à ces poursuites. Neuf personnes ont été interpellées mardi dans les agglomérations de Marseille, Lyon et Albi et placées en garde à vue; trois d’entre elles ont été mises hors de cause, et selon le parquet, « cinq exécutants » âgés de 22 à 33 ans « admettent leur participation moyennant rémunération » et expliquent que ces incendies ont été organisés et planifiés à la demande du gérant de la société à qui l’entreprise NGE confiait la responsabilité de la sécurité du chantier.
« Parmi les six suspects, nous avons cinq exécutants », a résumé le procureur lors d’une conférence de presse, ajoutant que les faits constituent des infractions graves exposant leurs auteurs à des peines de prison jusqu’à 20 ans pour des dégradations par incendie en bande organisée, des violences volontaires avec armes et en réunion, et une association de malfaiteurs. Des éléments sur le rôle du gérant et sur la chaîne de responsabilité restent au cœur de l’enquête, selon le magistrat.
Procédures et peines envisagées
Le procureur a insisté sur le caractère lourd des faits et sur les conséquences potentielles pour les auteurs, qui pourraient être condamnés à des peines importantes compte tenu de la gravité des infractions invoquées et du contexte d’un acte organisé autour d’un chantier stratégique. Les autorités ont précisé que le dossier s’articule autour d’un système où le gérant était à la tête d’un dispositif sécuritaire confié à une société sous-traitante pour le compte du constructeur.
Parallèlement, Atosca et le groupement constructeur de l’A69 ont publié des communiqués rappelant qu’ils ne sont pas mis en cause dans la procédure et qu’ils condamnent toute action violente dans le cadre de la construction du projet. Cette précision vise à distinguer les responsabilités au sein d’un secteur où les tensions entre professionnels du BTP et associations locales alimentent les débats autour du chantier.
Réactions et enjeux pour le territoire
Pour le collectif d’opposants La Voie est libre, l’affaire « révèle au grand jour la nébuleuse mafieuse qui tente d’imposer un projet d’intérêt privé contre tout un territoire » et « reflète la position de toute-puissance accordée à NGE-Atosca ». Ces propos témoignent d’un sentiment d’impunité et d’un ordre établi perçu par les opposants, nourrissant un climat de défiance vis-à-vis des procédures et des acteurs du chantier.
Du côté des soutiens au projet, les autorités et les élus poursuivent leur argumentaire sur le désenclavement et les bénéfices économiques, tout en réaffirmant leur engagement à respecter les cadres juridiques et environnementaux. Le dossier met en lumière les tensions entre sécurité des infrastructures et droits des citoyens, notamment dans des territoires où les enjeux écologiques, agricoles et hydrologiques restent au cœur des débats. La suite judiciaire et les enquêtes en cours détermineront les responsabilités exactes et les répercussions sur la conduite du chantier.