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Fantasmes de viol en sexologie : comprendre les enjeux et perceptions

by Sara
France

Le fantasme de viol, en sexologie, soulève des questions sur le sens des désirs et la place du consentement non consensuel dans les pratiques sexuelles ; il est au cœur de débats clairs entre désir, sécurité et limites.

Fantasma de viol, sexologie, consentement non consensuel : comprendre les enjeux

Quentin (le prénom a été modifié), 38 ans, installé depuis plus de dix ans à Londres et impliqué dans la scène kink depuis trois ans, raconte une première expérience où il a été confronté à des jeux de rôle de type « non consensuel ». Il décrit une soirée organisée pour l’anniversaire du mari d’une de ses partenaires :

« Sur le moment, je n’étais pas super à l’aise. Je ne savais pas si j’allais y participer physiquement ou pas. Puis, quand la soirée a été sur le point de commencer, je me suis dit que j’allais me lancer et que ce serait une belle opportunité. »

Avant la session, poursuit Quentin, les participants ont été informés des limites imposées par l’hôte et par la personne concernée, appelée ici Charlotte. Les gestes violents autorisés et interdits ont été explicités :

« Les relations sans préservatifs, la dégradation, l’humiliation, les termes péjoratifs et négatifs étaient proscrits tandis que les violences physiques comme les claques, les coups de pied, la contrainte physique (attacher les mains, les pieds) ou l’induction d’un sentiment d’être forcée étaient de leurs côtés autorisés. »

Quentin insiste sur le cadre collectif et sécurisant : « On s’assurait qu’on était là pour satisfaire un besoin et une envie plutôt que de faire subir quelque chose à quelqu’un qui n’en a pas envie. »

Séance de sexologie illustrant fantasme et consentement
« Avoir un fantasme de viol ne veut pas dire vouloir être violé et ne veut pas dire qu’on approuve les violences sexistes et sexuelles, ni que l’on a envie d’en vivre », précise Manon Despres, sexologue.

Sur la fréquence du fantasme de subir un viol, une étude canadienne de 2014 menée à l’université de Montréal auprès de 1 516 personnes (799 femmes et 717 hommes) rapporte que 30 % des participants et 29 % des participantes évoquent ce fantasme. En consultation, la question revient régulièrement, selon des praticien·ne·s.

Ce que disent les spécialistes

La sexologue Manon Despres met en garde contre toute confusion entre fantasme et désir réel d’être agressé :

« Avoir un fantasme de viol ne veut pas dire vouloir être violé et ne veut pas dire qu’on approuve les violences sexistes et sexuelles, ni que l’on a envie d’en vivre. Il faut s’intéresser à ce qu’il y a derrière : la perte de contrôle, l’abandon, l’idée d’être tellement désirable que l’autre ne peut se contrôler, et enfin, un pan très important que je retrouve de plus en plus : vouloir s’approprier des violences vécues ou racontées. »

aXelle de Sade, autrice de Kink : manuel de sexualités créatives et directrice de l’École des arts sadiens à Paris, rappelle la dimension de mise en scène et de sécurité :

« Il s’agit d’une construction mentale que l’on peut aborder selon cette option : celle de rejouer une scène traumatique, de l’ordre du viol, et de l’érotiser pour la jouer dans un cadre sécurisé. Le choix de la personne, le contrôle de chaque étape et la maîtrise de la scène permettent de sublimer ce traumatisme, d’autant plus que la majorité des agressions s’opèrent dans un cadre familier. Mais attention, il faut que la demande vienne de la personne qui a subi ce traumatisme et que l’on se sente capable d’orchestrer cette scène. Enfin, toutes les victimes de traumatisme n’ont pas envie de se replonger et revivre cette scène, même de manière ludique et contrôlée. »

Pour la sexologue Gwen Ecalle, le fantasme peut aussi jouer une fonction cathartique :

« Cette ‘fonction catharsis’ du fantasme … peut aider à surmonter la peur ou pourrait avoir pour fonction une reprise de pouvoir ».

Elle insiste sur la distinction fondamentale entre viol et consentement non consensuel :

« Il y a une très grande différence entre un viol et le consentement non consensuel car, dans ce dernier, les personnes jouent à ne plus consentir. Leur but premier étant le plaisir et l’excitation, la situation est un jeu puisqu’il est possible de l’arrêter à tout moment. Contrairement au viol, où il y a de la violence, l’absence de choix et une fonction d’arrêt impossible. »

Risques et limites pratiques

Les récits montrent aussi les zones de malaise lorsque les cadres sont flous. Hugo, 36 ans, évoque une expérience où une partenaire a envoyé un message sans clarifier de règles : « J’ai essayé de jouer le jeu sans trop savoir quoi faire. Ce n’est pas très facile à comprendre pour moi, étant passé par une déconstruction des stéréotypes de genre et des scripts s’appuyant sur eux. J’ai l’impression que cela a évaporé les kinks que j’aurais pu avoir dans le registre de la domination ou l’humiliation. »

De manière générale, les intervenant·e·s cité·e·s rappellent que fantasme ne signifie pas obligation d’agir : « cela reste avant tout une représentation mentale, une illusion ou un rêve éveillé concernant une situation imaginée ou vécue qui peut rester de l’ordre de l’imaginaire », souligne Gwen Ecalle.

Les professionnel·le·s insistent enfin sur la nécessité d’un cadre explicite, de consentements clairs et de dispositifs de sécurité pour toute mise en scène impliquant une simulation de non-consentement, afin de préserver la distinction entre jeu érotique consenti et violence réelle.

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source:https://www.lepoint.fr/societe/pourquoi-le-fantasme-de-viol-est-si-souvent-aborde-chez-le-sexologue-15-08-2025-2596407_23.php

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