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L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est dite « profondément choquée » par la mort de plus de 460 personnes à l’hôpital saoudien de maternité d’El-Fasher, dans l’ouest du Soudan, après des attaques récentes et des enlèvements de personnels de santé.
OMS
et hôpital évoqués par l’alerte institutionnelle.
Attaque contre l’hôpital d’El-Fasher
Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré que l’organisation était « attristée et profondément choquée » par les informations faisant état de la mort de plus de 460 patients et accompagnants à l’hôpital saoudien de maternité d’El-Fasher.
Selon l’OMS, l’établissement est le seul hôpital partiellement opérationnel de la ville et a été attaqué dimanche pour la quatrième fois en un mois. L’attaque a entraîné la mort d’un infirmier et blessé trois autres membres du personnel de santé.
- Plus de 460 personnes tuées par balles dans l’enceinte de l’hôpital (selon les rapports reçus par l’OMS).
- Six membres du personnel soignant enlevés, dont quatre médecins, une infirmière et un pharmacien.
- L’hôpital, déjà fragilisé, subit des attaques répétées qui paralysent les soins.
Pour plus de contexte sur El-Fasher, voir la fiche dédiée : El-Fasher (Al Jazeera).
Une crise humanitaire aiguë à El-Fasher et dans le Darfour
Après avoir pris le contrôle d’El-Fasher, les forces de soutien rapide et leurs alliés contrôlent désormais l’ensemble du Darfour, une vaste région de l’ouest du Soudan qui couvre un tiers du pays.
Darfour.
La situation humanitaire se détériore rapidement : violences accrues, enclavement, faim et propagation des maladies. L’OMS alerte sur une hausse inquiétante de la malnutrition, qui affaiblit les défenses immunitaires et favorise des épidémies de choléra, de paludisme et d’autres maladies infectieuses.
- 177 000 personnes toujours assiégées à El-Fasher, selon le Syndicat des médecins soudanais.
- Rapports faisant état de milliers de morts, avec des communications difficiles et un manque de sécurité.
- Des signes d’épuration ethnique et d’exactions massives signalés par des médecins et témoins.
Allégations d’extermination et d’épuration
Le Syndicat des médecins du Soudan a qualifié les événements d’El-Fasher d’« extermination de masse » et d’« épuration ethnique planifiée », dénonçant des crimes de guerre caractérisés.
Selon les équipes médicales sur le terrain, plusieurs pratiques atroces ont été documentées malgré l’absence d’accès sécurisé pour confirmer l’ampleur exacte des victimes.
- Exécutions sommaires et rafles maison par maison.
- Violences sexuelles et humiliations commises sur des civils.
- Forçage de victimes à creuser leurs propres tombes et à s’enterrer vivantes.
La coordination des déplacés et des réfugiés plaide pour une trêve humanitaire et l’ouverture de couloirs sous l’égide des Nations unies et de la communauté internationale : coordination des déplacés (Al Jazeera).
Violences signalées ailleurs au Soudan
Outre El-Fasher, des violences ont été rapportées dans d’autres régions du pays. Le réseau des médecins du Soudan a fait état de la mort de 38 personnes tuées par les forces de soutien rapide à Umm Dam, dans le nord du Kordofan.
De son côté, l’armée soudanaise a indiqué avoir mené des frappes sur des positions des forces de soutien rapide dans l’ouest du Kordofan.
Appels au gouvernement américain pour classer le RSF
À Washington, des sénateurs républicains et démocrates ont demandé une réaction ferme de l’administration du président en exercice.
Des voix du Sénat américain appellent à classer officiellement les forces de soutien rapide comme « organisation terroriste » étrangère.
Le sénateur républicain Jim Risch, président de la commission des affaires étrangères du Sénat, a exigé ce classement, estimant que les atrocités d’El-Fasher relèvent d’une politique délibérée des forces de soutien rapide.
La sénatrice démocrate Jeanne Shaheen (New Hampshire) a indiqué qu’elle soutiendrait probablement une telle démarche de Washington.
Rappel : en janvier, l’administration du président précédent a conclu que des membres des forces de soutien rapide et de groupes alliés avaient commis des actes de génocide au Soudan, et a imposé des sanctions contre le chef des forces, Mohamed Hamdan Dagalo, dit « Hemedti ».
Conclusions et sanctions antérieures (Al Jazeera).
Reconnaissance partielle des abus et promesses de Hemedti
Face aux accusations répétées, Mohamed Hamdan Dagalo (Hemedti) a admis qu’il y avait eu des « excès » de la part de ses forces à El-Fasher. Il a annoncé la création d’une commission d’enquête et a ordonné le retrait de ses combattants de la ville pour laisser la police assurer la sécurité.
Hemedti a également déclaré que les civils d’El-Fasher pourraient revenir « dans quelques jours » et a autorisé la libre circulation des habitants, appelant les organisations humanitaires à apporter de l’aide dans le Darfour et le Kordofan.
Chiffres de la guerre et conséquences
Depuis le déclenchement du conflit entre l’armée soudanaise et les forces de soutien rapide en avril 2023, environ 20 000 personnes auraient été tuées.
Plus de 15 millions de personnes ont été déplacées, selon des rapports onusiens et locaux, soulignant l’ampleur de la catastrophe humanitaire qui frappe le Soudan.