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Les ministres des Affaires étrangères de la France, de l’Allemagne et du Royaume‑Uni ont informé l’ONU qu’ils sont prêts à rétablir des sanctions contre l’Iran si Téhéran ne trouve pas d’accord diplomatique d’ici la fin août 2025, selon une lettre conjointe adressée au secrétaire général António Guterres et au Conseil de sécurité. (Voir le texte publié par Al Jazeera : https://www.aljazeera.com/news/2025/8/11/iran-says-iaea-talks-will-be-complicated-ahead-of-agencys-planned-visit)
Menace de « snapback » : rappel de la position des E3
Dans leur lettre, les trois puissances européennes — souvent désignées comme les E3 — affirment être « engagées à utiliser tous les outils diplomatiques à notre disposition pour s’assurer que l’Iran ne se dote pas d’une arme nucléaire ».
Les ministres précisent que :
- si l’Iran refuse une solution diplomatique avant la fin août 2025,
- ou s’il ne saisit pas l’opportunité d’une prolongation des discussions,
- les E3 sont prêts à activer le mécanisme de rétablissement automatique des sanctions, dit « snapback ».
Contexte : suspension de la coopération avec l’AIEA et escalade régionale
Cette mise en garde intervient alors que l’Iran a suspendu sa coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), après un conflit de 12 jours en juin entre Israël et l’Iran. Selon les déclarations citées, les frappes israéliennes auraient visé des responsables militaires, des scientifiques et des installations nucléaires iraniennes.
À la même période, les États‑Unis ont mené une opération de bombardement visant des sites nucléaires iraniens, alors que des discussions entre Washington et Téhéran étaient en cours sur le programme nucléaire iranien.
Négociations récentes et calendrier fixé par les Européens
Les chefs de la diplomatie française, allemande et britannique évoquent des entretiens « sérieux, francs et détaillés » tenus à Istanbul le mois dernier. Ce furent les premières rencontres en personne depuis les frappes israéliennes et américaines ciblant des sites nucléaires iraniens.
Les E3 donnent ainsi un ultimatum implicite : obtenir une solution diplomatique ou envisager le recours au mécanisme prévu par l’accord de 2015.
Le mécanisme « snapback » et le cadre du JCPOA
Le « snapback » est une disposition du Plan d’action global conjoint (JCPOA) de 2015 qui avait allégué la levée de certaines sanctions du Conseil de sécurité contre l’Iran en échange de limitations de son programme nucléaire.
Principales caractéristiques :
- le JCPOA imposait des plafonds d’enrichissement d’uranium et des contrôles par l’AIEA ;
- tout signataire pouvait, selon l’accord, demander le rétablissement des sanctions s’il estimait que l’Iran violait ses engagements ;
- l’accord court jusqu’en octobre (selon le texte cité) et la période imminente d’août 2025 est présentée comme un délai critique.
Accusations de non‑respect et situation réelle des capacités nucléaires iraniennes
Les puissances européennes accusent l’Iran d’avoir violé certains termes du JCPOA, notamment en constituant des stocks d’uranium supérieurs aux limites fixées en 2015 — à hauteur, selon elles, de plus de quarante fois la limite prévue.
Cependant, les inspections effectuées par l’AIEA n’ont, jusqu’à présent, pas apporté de preuve que l’Iran ait enrichi de l’uranium jusqu’à des niveaux de qualité militaire (90 %) après ces visites.
Développements diplomatiques : vers une reprise du dialogue avec l’AIEA ?
Malgré la suspension antérieure de sa coopération, l’Iran a accepté de reprendre les discussions avec l’AIEA et se prépare à accueillir une visite de l’agence. Il s’agirait de la première visite depuis la rupture des relations survenue le mois suivant le conflit de juin.
Ce réengagement technique pourrait influer sur l’échéance fixée par les E3 et sur la décision éventuelle de recourir au mécanisme de rétablissement des sanctions.
Enjeux et perspectives
La démarche des E3 illustre la tension entre la volonté de préserver une issue diplomatique et la détermination à maintenir des leviers contraignants face à ce qu’ils estiment être des violations.
Les prochains développements à suivre :
- les résultats des entretiens entre l’Iran et l’AIEA ;
- l’évolution des discussions diplomatiques entre Téhéran et les puissances européennes ;
- la décision des E3 à l’issue du délai fixé fin août 2025.