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Un bouleversement politique notable a marqué le Bundestag ce mardi 6 mai au matin, lors de l’élection du nouveau chancelier allemand. Friedrich Merz, désigné pour diriger l’Allemagne, s’est retrouvé confronté à un obstacle inédit dans l’histoire politique moderne du pays : il a échoué au premier tour du vote à bulletin secret, ne parvenant pas à réunir la majorité qualifiée nécessaire pour sa confirmation.
Un échec historique au premier tour
Pour être intronisé chancelier, Friedrich Merz devait obtenir une majorité des voix des députés issus des trois partis de la coalition : les chrétiens-démocrates (CDU), les chrétiens sociaux bavarois (CSU) et les sociodémocrates (SPD). Malgré des calculs arithmétiques favorables, il a manqué d’une demi-douzaine de voix pour être confirmé lors du premier scrutin, un fait exceptionnel pour un candidat à la chancellerie allemande.
Il a fallu attendre l’après-midi et un second tour de vote pour que Merz obtienne enfin la majorité requise, donnant ainsi le feu vert au Parlement pour sa nomination officielle.
Une investiture sous tension
Malgré sa victoire, Friedrich Merz commence son mandat affaibli. Un responsable de la CDU s’est élevé contre cette division, dénonçant le vote contre Merz comme une irresponsabilité qui nuit non pas au politicien lui-même, mais à l’Allemagne en pleine crise. Jens Spahn, chef de la CDU au Bundestag et ancien ministre de la Santé, a rappelé que l’Europe entière observe l’Allemagne et que chaque député doit mesurer sa responsabilité.
Le désaccord semble venir principalement du SPD, particulièrement de sa jeunesse, les Jusos, qui rejettent le style et certains projets du nouveau chancelier. Le fait que Merz ait fait adopter en décembre dernier une motion controversée sur l’immigration avec le soutien de l’extrême droite de l’AfD a choqué une partie de la sphère politique.
Un député conservateur souligne combien Merz, bien que compétent et nostalgique de l’ère Merkel, ne suscite pas un grand enthousiasme, reflétant ainsi le climat mitigé autour de sa nomination.
Friedrich Merz, un homme politique contesté
Économiste aguerri et capable, selon ses partisans, de relancer une économie en difficulté, Friedrich Merz souffre pourtant d’un déficit de popularité. Selon le classement Insa du 3 mai, il est passé de la 12e à la 13e place des personnalités politiques préférées des Allemands, derrière son futur ministre de la Défense, le social-démocrate Boris Pistorius, en tête depuis près de deux ans.
Un sondage de l’an dernier montrait que son ton parfois cassant, notamment dans les débats télévisés où il a tenu des propos jugés populistes sur les migrants, déplaît particulièrement aux femmes. Parmi les moins de 35 ans, seulement 7 % d’entre elles disent apprécier Merz.
La CDU, malgré sa victoire aux législatives du 23 février, voit son score en baisse selon un sondage Forsa publié le 5 mai : elle recueille désormais 24 % des intentions de vote, juste derrière l’AfD qui atteint 26 %. Par ailleurs, 63 % des Allemands expriment peu ou pas de confiance envers Merz dans ses nouvelles fonctions.
Un début de mandat sous pression
Critique virulent de son prédécesseur Olaf Scholz, qu’il accuse d’avoir manqué de discipline au sein de sa coalition, Friedrich Merz s’est engagé à travailler rapidement, avec rigueur et détermination. Le contrat de coalition qu’il a signé le 5 mai porte le titre « Verantwortung für Deutschland » (Responsabilité pour l’Allemagne), un défi majeur au moment où il prend ses fonctions.
Ce 6 mai au soir, le dixième chancelier de la République fédérale d’Allemagne est ainsi confronté à des attentes élevées, mais aussi à un contexte politique complexe et à une popularité fragilisée dès le début de son mandat.