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Gaza : le calvaire du blocus et la politique de la faim systématique

by Sara
Gaza : le calvaire du blocus et la politique de la faim systématique
Palestine, Israël

Les explosions de projectiles tuent instantanément, tandis que la famine s’abat lentement sur toute une population, arrachant la vie au fil du temps, à la manière de bourreaux amateurs dans les films d’horreur.

Les corps affamés s’amaigrissent progressivement, avec des enfants et nourrissons qui se fanent chaque jour davantage, leurs côtes et os saillant sous une peau sèche et craquelée. Bientôt, ces fragiles têtes se penchent dans un dernier souffle, sous les yeux d’un monde consterné par des scènes qu’on croyait reléguées aux atrocités des guerres mondiales anciennes.

Ces scènes, désormais diffusées en couleurs et en continu sur les écrans du monde entier, proviennent d’une bande de terre bordée par la Méditerranée, appelée la bande de Gaza. Située à seulement quelques heures de navigation des côtes européennes, cette région offre un témoignage saisissant que la modernité n’a pas guéri la barbarie, mais la perpétue sous des formes anciennes et nouvelles.

Dans cette enclave, la population préfère-elle être tuée par des bombardements soudains plutôt que de mourir lentement de faim ? La réponse, malheureusement, n’est pas rare. Ces deux fléaux s’abattent souvent conjointement sur des Palestiniens de tous âges, écrasant des enfants endormis sur des estomacs vides. La douleur est alors immense pour leurs parents, qui voient leurs proches disparaitre sous la double menace du guerre et de la famine.

Bien que la famine organisée par l’occupation israélienne rappelle d’autres situations tragiques dans le monde, comme les crises humanitaires de Darfour, elle se distingue par sa nature méthodique et planifiée. Soutenue directement ou indirectement par les États-Unis et certains pays occidentaux, elle repose sur un contrôle strict et minutieux, poursuivant des objectifs précis et détaillés.

Jamais auparavant dans l’histoire récente une famine n’avait été imposée si près de convois alimentaires, parfois à quelques pas à peine, et avec une telle transparence sur la volonté délibérée d’empêcher la population d’accéder à l’eau, à la nourriture, aux médicaments et même au lait infantile.

Une brutalité moderne et un discours fallacieux

Les politiques brutales d’aujourd’hui s’accompagnent toujours d’un discours justificatif, notamment quand elles sont soutenues par des régimes occidentaux contemporains. En effet, la famine imposée à Gaza s’accompagne d’une rhétorique qui blâme les victimes et absout les responsables de leurs atrocités.

Les dirigeants israéliens et américains, y compris l’ex-président Trump, répètent inlassablement que « le Hamas vole l’aide », justifiant ainsi le refus d’acheminer l’essentiel vers Gaza. Cette communication joue un rôle central dans la validation des crimes de guerre et des violations des droits humains commis sur place.

Cette répétition sans cesse martelée vise à détourner l’attention des consciences morales du monde, les obligeant à adopter une posture défensive plutôt qu’à condamner fermement ces exactions.

Des atrocités dépassant celles du passé

Il serait erroné de considérer ces politiques comme moins odieuses que les crimes monstrueux du passé. Depuis la Seconde Guerre mondiale, de nombreux traités internationaux encadrent le droit humanitaire, apportant des mécanismes de suivi et de sanction.

La technologie moderne permet de documenter et de diffuser les atrocités en temps réel, rendant toute dissimulation impossible. Paradoxalement, cela limite la possibilité pour les régimes d’occultation de perpétrer leurs crimes dans l’ombre, comme ce fut le cas dans les massacres coloniaux du début du XXe siècle ou même pendant l’Holocauste, dont certains aspects sont restés ignorés jusqu’en 1945.

La mécanique de la famine

La guerre de la faim orchestrée à Gaza ne se limite pas à priver les populations de nourriture. Elle consiste à faire mourir lentement des enfants et des nourrissons au sein même de leurs familles impuissantes. Les malades en état critique, dépendants de nutriments et de solutions médicales, sont abandonnés à une mort inévitable faute d’approvisionnement.

Cette famine forcée pousse aussi les habitants à consommer des aliments douteux, parfois périmés voire dangereux, tandis que les rares produits disponibles, comme le lait infantile, sont souvent impropres à la consommation.

Les enfants sont arrachés à l’école, aux terrains de jeux et aux foyers pour passer des journées entières sous le soleil ou la pluie à quémander une maigre ration sans valeur nutritive. Ce quotidien harassant se conclut souvent sans aucune nourriture emportée.

Une destruction sociale et morale

Au-delà de ses effets physiques, cette famine programmée est également une arme sociale. Elle fracture la solidarité communautaire palestinienne en attisant l’égoïsme et les luttes pour survivre, détruisant ainsi les valeurs de soutien mutuel qui caractérisent ce peuple.

Les forces d’occupation traquent et assassinent les représentants des forces de l’ordre et les membres des comités communautaires chargés de sécuriser les convois d’aide, tandis qu’elles encouragent délibérément le pillage et le chaos interne.

Les populations sont traitées comme des « animaux humains », privées de dignité, forcées à des déplacements quotidiens pénibles sous une chaleur accablante pour obtenir une ration insuffisante. Cette humiliation soigneusement orchestrée révèle une vision coloniale radicalisée niant la légitimité des Palestiniens à vivre dignement.

Une politique systématique qui ne date pas d’hier

Le blocus de Gaza, imposé depuis 2006, a fait l’objet d’une planification rigoureuse. Chaque étape du siège est minutieusement calibrée en termes de quantités autorisées d’approvisionnement et de catégories de produits admises. Dès cette époque, un conseiller influent israélien expliquait que l’objectif était d’imposer une « diète » aux Palestiniens, sans nécessairement les faire mourir de faim.

Depuis le lancement de l’offensive d’octobre 2023, l’officiel israélien Yoav Galant a confirmé l’interruption totale de toute forme d’alimentation, eau, électricité et carburant vers Gaza, conformément à une politique désormais publique visant à étouffer la population.

Une politique de famine intégrée à une stratégie d’épuration ethnique

Cette stratégie ne vise pas seulement à affamer, mais à modifier la démographie et le tissu social palestiniens par des déplacements forcés, orchestrés par des plans conçus pour pousser la population à quitter leurs foyers sous la pression de l’insupportable.

Les efforts minutieux pour diaboliser les agences humanitaires internationales et harceler leurs équipes, y compris par des bombardements ciblés de centres de distribution à l’ONU, s’inscrivent dans cette même logique d’exclusion méthodique.

Un visage visible de l’extermination

La famine organisée symbolise l’ultime phase d’un génocide moderne, combinant la privation des ressources vitales à l’expulsion sociale et géographique des Palestiniens. Elle révèle le caractère intentionnel et systématique de la politique de destruction mise en œuvre.

Les images d’enfants décharnés et de familles épuisées parcourant des kilomètres chaque jour à la recherche d’une ration alimentaire insuffisante sont désormais le témoin le plus frappant de cette réalité.

Chaque jour, le monde est confronté à ces scènes de souffrance et de déshumanisation, témoignant d’une guerre qui ne se limite pas aux bombardements, mais s’étend à une guerre contre l’existence même du peuple palestinien à Gaza.

source:https://www.aljazeera.net/opinions/2025/8/4/%d8%a7%d9%84%d8%aa%d8%ac%d9%88%d9%8a%d8%b9-%d8%a7%d9%84%d9%85%d9%86%d9%87%d8%ac%d9%8a-%d8%b0%d8%b1%d9%88%d8%a9-%d8%a7%d9%84%d8%b3%d9%8a%d8%a7%d8%b3%d8%a7%d8%aa

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