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Gestion opaque des lieux pieux français à Rome épinglée
Cinq églises et 13 immeubles au cœur de la capitale italienne sont administrés par les « Pieux établissements de la France à Rome et à Lorette ». La Cour des comptes livre un bilan accablant de leur gestion sur la période 2015-2022.
Une institution mal gérée
Les « Pieux établissements de la France à Rome et à Lorette » sont chargés de la gestion du patrimoine religieux et immobilier français dans la ville du pape. Cela inclut cinq églises emblématiques comme la Trinité-des-Monts et Saint-Louis-des-Français, ainsi que 13 bâtiments situés en plein centre de Rome, générant des revenus dépassant les 5 millions d’euros par an. Toutefois, un rapport récemment publié par la Cour des comptes dénonce les manquements significatifs dans cette gestion.
Un rapport accablant
La Cour dépeint une réalité marquée par une gestion défaillante et un manque de contrôle de l’ambassade de France au Vatican. Le rapport souligne un « monde laxiste, opaque et fait d’arrangements ». Parmi les exemples cités figure le cas d’un résident d’un vaste appartement qui a occupé les lieux depuis 1985, sans bail pendant 22 ans, s’acquittant d’un loyer presque deux fois en dessous des tarifs du marché, entraînant une perte évaluée à près de 3 millions d’euros au fil des ans.
Des pratiques douteuses
Concernant l’immobilier, les constatations de la Cour des comptes mettent en lumière une « politique opaque d’attribution et de fixation des loyers ». Parmi les 148 appartements et 31 magasins, les loyers pratiqués sont en moyenne en dessous de la fourchette basse, avec des « avantages peu justifiés » accordés à de nombreux locataires. Cette situation entraîne une perte potentielle de près de 50% des revenus.
Manque de transparence et sécurité compromise
La transparence fait également défaut, comme l’indiquent les magistrats : l’absence d’inventaire précis du patrimoine, le manque d’appels d’offres publics pour les travaux d’entretien, et la monopolisation des contrats par quelques entreprises, augmentant le « risque de surfacturations importantes ». Une fraction de la comptabilité est tenue hors bilan. Le rapport évoque également une « coopération défaillante avec le ministère de la Culture », notamment en ce qui concerne les consignes anti-incendies, ce qui représente un « risque avéré pour la sécurité des biens et des personnes. »
Une responsabilité partagée
La situation s’est dégradée sous le regard passif de l’ambassade de France au Vatican, qui porte la responsabilité ultime. La Cour des comptes note que le ministère des Affaires étrangères, informé de ces dérives, n’a pas pris les mesures requises pour corriger le tir. Elle appelle à « mettre un terme sans délai aux errements constatés » et souligne la nécessité d’une évolution impérative du cadre juridique.
Une administration en mutation
Concentré sur la période 2015-2022, le rapport a été analysé par l’actuel administrateur, arrivé en 2023, qui assure que les recommandations de la Cour des comptes sont mises en œuvre progressivement. Cependant, un important chantier reste à traiter : l’inventaire des biens mobiliers, qui recèle des trésors, tels que trois célèbres tableaux du Caravage à l’église Saint-Louis-des-Français, évalués à plusieurs centaines de millions d’euros.