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Une nouvelle formation gouvernementale intérimaire a été nommée au Népal le 12 septembre, sous la présidence de Sushila Karki. La décision suit la démission du Premier ministre K.P. Sharma Oli et la dissolution du parlement par le président Ram Chandra Poudel, provoquant réactions publiques et débats sur les enquêtes anticorruption à venir.
Réactions de la société civile et des partis
Mohna Ansari, ancienne membre de la Commission des droits de l’homme du Népal, a décrit des réactions contrastées face au gouvernement intérimaire.
- La « génération Z » se dit satisfaite et espère que l’exécutif intérimaire mènera des enquêtes sur les affaires de corruption impliquant des responsables politiques.
- Les partis politiques, en revanche, se trouvent « en état de choc » en l’absence d’un gouvernement élu au Parlement.
Selon Ansari, cette différence de perception illustre l’écart croissant entre la mobilisation populaire et les forces politiques traditionnelles.
Contexte des manifestations et violences
Les événements récents ont été déclenchés après qu’instances gouvernementales ont bloqué des pages sur les réseaux sociaux, poussant les jeunes à organiser une vaste mobilisation le 8 septembre.
Les manifestations réclamaient la démission du gouvernement et des enquêtes sur la corruption. Elles ont entraîné:
- Des dizaines de morts et de blessés parmi les manifestants;
- Des incidents de vandalisme visant le bâtiment du Parlement et d’autres sièges gouvernementaux;
- La démission du Premier ministre K.P. Sharma Oli le 9 septembre, puis la nomination d’un gouvernement intérimaire.
Capacités d’enquête et politisation des organes
Mohna Ansari estime que le Népal dispose des mécanismes juridiques et administratifs nécessaires pour enquêter sur la corruption, notamment une commission d’enquête sur les abus de pouvoir.
Toutefois, elle met en garde contre la politisation de ces organes:
- Les commissions seraient dirigées par d’anciens bureaucrates ayant des liens avec des partis et des responsables politiques.
- Les lois et bureaux existent, mais la mise en œuvre reste, selon elle, trop influencée par des intérêts politiques.
Priorité aux élections de mars 2026
Interrogée sur la passation des enquêtes à un futur gouvernement élu, Ansari se montre confiante dans la capacité de l’intérim à lancer des procédures d’investigation.
Elle souligne que la priorité du gouvernement intérimaire sera d’organiser les élections prévues en mars 2026. La cheffe du gouvernement par intérim, Sushila Karki, a affirmé qu’elle ne souhaite pas demeurer en fonction au-delà de son mandat.
Enjeux géopolitiques et équilibre extérieur
Ansari attire l’attention sur la nécessité pour Katmandou d’équilibrer ses relations extérieures face aux intérêts régionaux et mondiaux.
- La proximité du Népal avec l’Inde et la Chine l’oblige à ménager ses relations avec ces deux puissances voisines.
- Par ailleurs, les États-Unis suivent de près la stabilité du pays en raison de projets majeurs sous l’égide du Millennium Challenge Corporation, ce qui motive Washington à garantir le bon déroulement de ces initiatives.
Ce jeu d’équilibre conditionne en partie les marges de manœuvre du gouvernement intérimaire sur les dossiers internes et les enquêtes sensibles.
Rôle de la minorité musulmane et paysage politique
Ansari a souligné la participation active de la minorité musulmane dans les transformations politiques du Népal. Elle affirme que cette communauté a contribué aux récents changements, tout en déplorant son sous‑représentation politique après des périodes de transition.
Sur la question des forces favorables à un retour au système monarchique, Ansari rappelle que ces acteurs disposent de partis légalement enregistrés. Pour revenir en arrière, ils devront convaincre l’opinion publique — une démarche qu’elle juge difficile.
Participation de la « génération Z » à la vie politique
Concernant la mobilisation populaire non structurée de la « génération Z », Ansari estime qu’une participation durable à la vie politique nécessite des structures formelles.
- Pour peser sur les réformes, ces jeunes doivent créer des partis ou rejoindre ceux existants.
- La formation d’organisations politiques permettrait d’influer concrètement sur les décisions et d’assurer un suivi des promesses de réforme.
Cette voie offrirait, selon elle, le meilleur moyen d’intégrer l’énergie citoyenne aux institutions et d’assurer des changements pérennes.