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Le président colombien Gustavo Petro affiche un soutien public et soutenu à la Palestine depuis le début de l’offensive israélienne sur Gaza après l’opération « طوفان الأقصى » du 7 octobre 2023 (voir https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2023/10/7/%D8%B7%D9%88%D9%81%D8%A7%D9%86-%D8%A7%D9%84%D8%A3%D9%82%D8%B5%D9%89-%D8%A3%D9%83%D8%A8%D8%B1-%D9%87%D8%AC%D9%88%D9%85-%D9%84%D9%84%D9%85%D9%82%D8%A7%D9%88%D9%85%D8%A9).
Ses gestes symboliques, ses décisions diplomatiques et ses initiatives juridiques ont transformé la politique étrangère de Bogota et suscité de vifs débats nationaux et internationaux.
Gestes publics et mobilisation internationale
Gustavo Petro a expliqué son attachement historique et culturel à la région en déclarant : « Nous, fils des Caraïbes, avons du sang arabe dans nos veines… l’un des fondateurs de notre pays est arabe ».
Ses positions contre les actions israéliennes à Gaza se sont traduites par des gestes très visibles, notamment le port de la kuffieh lors d’une manifestation au cœur de New York.
Lors d’un rassemblement à Times Square le 27 septembre, il a appelé à « libérer la Palestine » et proposé la création d’une armée internationale pour libérer la Cisjordanie et la bande de Gaza, alors que l’Assemblée générale des Nations unies siégeait à New York.
En réaction à cette présence et à ces déclarations, les États-Unis ont annulé son visa d’entrée le même jour, décision que Petro a dénoncée et dont il s’est moqué à son retour en affirmant qu’il n’en avait pas besoin.
Rupture diplomatique et mesures concrètes
Le 2 mai 2024, la Colombie a rompu ses relations diplomatiques avec Israël, dénonçant ce que Gustavo Petro qualifiait d’« extermination » à Gaza.
Malgré la rupture, Tel Aviv a maintenu une représentation consulaire réduite en Colombie constituée d’une quarantaine d’employés, dont quatre diplomates.
En octobre 2025, Petro a ordonné l’expulsion de l’ensemble des membres restants de la mission diplomatique israélienne, invoquant l’interception par les forces israéliennes d’un convoi humanitaire — l’« assaut » contre l’« أسطول الصمود » — et la détention de deux militantes colombiennes (voir https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2024/10/9/%D8%A7%D9%84%D8%AC%D9%8A%D8%B4-%D8%A7%D9%84%D8%A5%D8%B3%D8%B1%D8%A7%D8%A6%D9%8A%D9%84%D9%8A-%D9%85%D9%86-%D8%B9%D8%B5%D8%A7%D8%A8%D8%A7%D8%AA-%D8%B5%D9%87%D9%8A%D9%88%D9%86%D9%8A%D8%A9).
Parmi les autres mesures décidées par la présidence :
- Suspension immédiate de l’accord de libre-échange avec Israël.
- Arrêt des exportations de charbon vers Israël.
- Suspension des achats d’armement en provenance d’Israël.
Initiatives humanitaires et juridiques
Après la trêve à Gaza, Petro a annoncé le 16 octobre son intention de décerner la plus haute décoration nationale, l’ordre de Boyacá, au médecin palestinien Hussam Abu Sufia, emprisonné en Israël et présenté comme un héros ayant sauvé des vies sous les bombardements.
Sur le plan juridique, la Colombie a soutenu des actions internationales visant Israël :
- Soutien aux procédures devant la Cour internationale de Justice (CIJ) — voir https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2011/9/28/%D9%85%D8%AD%D9%83%D9%85%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D8%B9%D8%AF%D9%84-%D8%A7%D9%84%D8%AF%D9%88%D9%84%D9%8A%D8%A9.
- Reprise de la rhétorique en faveur d’arrestations fondées sur les mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2011/1/4/%D8%A7%D9%84%D9%85%D8%AD%D9%83%D9%85%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D8%AC%D9%86%D8%A7%D8%A6%D9%8A%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D8%AF%D9%88%D9%84%D9%8A%D8%A9).
Petro a même évoqué la possibilité d’arrêter des responsables israéliens visés par des mandats internationaux, citant notamment Benjamin Netanyahou et l’ancien ministre de la Défense Yoav Galant.
Politique d’État : intégration de la narration palestinienne
Un décret présidentiel publié en août 2025 a inscrit officiellement le soutien à la Palestine comme une orientation de la politique d’État.
Le texte ordonne notamment :
- Le renforcement de l’aide humanitaire aux Palestiniens.
- L’appui aux positions pro-palestiniennes dans les organismes multilatéraux.
- Le soutien aux procédures judiciaires contre Israël devant la CIJ.
- L’intégration du récit palestinien dans la formation des diplomates colombiens, depuis la Nakba de 1948 jusqu’aux politiques de colonisation (https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2015/12/18/%D8%A7%D9%84%D8%A7%D8%B3%D8%AA%D9%8A%D8%B7%D8%A7%D9%86).
Réactions nationales : division et mobilisation
À l’intérieur, les positions de Petro ont polarisé la Colombie à l’approche des élections législatives et présidentielles prévues en 2026.
La gauche, les mouvements sociaux et une partie de la diaspora palestinienne (estimée à plus de 100 000 personnes) soutiennent ses initiatives.
En revanche, la droite, des milieux d’affaires et des groupes influents — qualifiés par Petro de « lobby bancaire » — critiquent ces choix et estiment que l’accent mis sur la Palestine détourne l’attention des difficultés économiques nationales.
Petro a également fait face à des accusations d’antisémitisme de la part d’adversaires intérieurs et d’instances israéliennes, accusations qu’il a réfutées en rappelant les racines sémitiques partagées et en rejetant ces étiquettes.
Impact régional et perspectives
Les actions de la Colombie s’inscrivent dans un mouvement régional où plusieurs gouvernements latino-américains se sont rapprochés d’une critique plus affirmée d’Israël.
Le Brésil, sous la présidence de Luiz Inácio Lula da Silva, a rejoint l’initiative sud-africaine devant la CIJ, accentuant la pression diplomatique sur Tel Aviv.
Les réactions des autres pays ont été contrastées :
- Des gouvernements de sensibilité progressiste ont rappelé leurs ambassadeurs, suspendu des coopérations et renforcé les actions juridiques.
- D’autres pays, comme l’Argentine et le Paraguay, ont maintenu ou renforcé leurs liens avec Israël.
Les observateurs estiment que la durabilité du « Gustavo Petro soutien Palestine » dépendra du calendrier électoral colombien : les élections législatives de mars 2026 et la présidentielle de mai 2026 constitueront un test majeur pour la politique extérieure actuelle.




