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Haïti prolonge l’état d’urgence face à l’escalade de violence et déplacements
Les Haïtiens ont été plongés dans une crise profonde, alors que la violence des gangs contraint des milliers de personnes à fuir leurs foyers, leurs entreprises et leurs écoles à fermer.
Jeudi, le gouvernement haïtien a prolongé l’état d’urgence jusqu’au 3 avril dans le département de l’Ouest, où se trouve la capitale, Port-au-Prince. Cette mesure avait été initialement imposée le dimanche. Elle comprend des couvre-feux nocturnes et des interdictions de manifestations, bien que des groupes de défense des droits aient affirmé qu’elles ont peu fait pour endiguer la violence.
Une nouvelle station de police incendiée
Une nouvelle station de police a été incendiée mercredi soir dans le quartier de Bas-Peu-de-Chose à Port-au-Prince, selon une déclaration du leader du syndicat de police SYNAPOHA à l’Agence France-Presse.
La flambée de violence a débuté pendant le week-end lorsque des groupes armés ont lancé une série d’attaques dans la capitale, y compris des raids sur deux prisons ayant entraîné l’évasion de milliers de détenus.
D’après un décompte de SYNAPOHA, au moins 10 bâtiments de police ont été détruits depuis le début des troubles.
Violence prolongée en Haïti
Haïti est en proie à une violence des gangs généralisée depuis plus de deux ans, en particulier après l’assassinat en juillet 2021 du président Jovenel Moise. Cet assassinat a créé un vide de pouvoir et a aggravé l’instabilité politique dans la nation caribéenne.
Le Premier ministre haïtien de facto, Ariel Henry, fait face à une crise de légitimité et à des appels continus à la démission. Moise avait choisi Henry pour le poste quelques jours seulement avant d’être tué.
Cette semaine, le chef de l’alliance de gangs haïtiens G9, Jimmy « Barbecue » Cherizier, a averti: « Si Ariel Henry ne démissionne pas, si la communauté internationale continue à le soutenir, nous nous dirigeons droit vers une guerre civile qui conduira au génocide. »
Préoccupations humanitaires et internationales
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) s’est dite profondément préoccupée pour le peuple haïtien. Les attaques de gangs, les enlèvements et la violence basée sur le genre ont déjà poussé des milliers de personnes à fuir leurs foyers. Dans les derniers jours, on a constaté de nouveaux déplacements, et la situation se détériore rapidement.
Les Nations unies ont déclaré cette semaine qu’au moins 15 000 personnes à Port-au-Prince, où les gangs contrôlent environ 80 % du territoire, ont été contraintes de fuir leur domicile en raison de la violence croissante.
L’organisation internationale a également averti jeudi que le système de santé du pays était au bord de l’effondrement.
Incitations à un changement politique
Le Réseau national de défense des droits humains, un groupe chargé de la responsabilité gouvernementale, a déclaré qu’il y a peu d’espoir d’endiguer la violence dans les circonstances actuelles.
Dans un document de position publié mercredi, le réseau a affirmé que les troubles ont été alimentés par une collusion entre la « hiérarchie de la police nationale haïtienne » et les gangs criminels, qui continuent de bénéficier de la « protection des autorités judiciaires et politiques d’Haïti ».
L’organisation a appelé les « secteurs vitaux » d’Haïti à « fournir au pays un gouvernement non prédateur des droits de l’homme, composé d’hommes et de femmes intègres » – un gouvernement engagé à construire des institutions fonctionnelles, à démanteler les gangs et à éradiquer la corruption.