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Hari Singh fut le dernier souverain indépendant du Jammu-et-Cachemire avant son intégration à l’Inde en 1947. Né en 1895 dans une période de bouleversements majeurs en Inde et au Cachemire, il a joué un rôle central dans l’histoire de cette région complexe. Son règne s’est déroulé dans un contexte culturel et religieux délicat, marquant profondément le destin du Jammu-et-Cachemire jusqu’à son décès en 1961.
Naissance et Origines
Hari Singh est né le 23 septembre 1895 dans le Jammu-et-Cachemire. Il appartenait à la famille royale hindoue des Dogra, une lignée rajpoute qui gouverna la région de 1846 à 1947. Il monta sur le trône en 1925 après la mort de son oncle, Hari Singh évoluant dans un État à majorité musulmane tout en étant lui-même hindou, ce qui compliqua son exercice du pouvoir.
Formation et Parcours Éducatif
Hari Singh a appris l’anglais, le persan et l’ourdou avant d’intégrer le corps des cadets impériaux dirigé par l’armée britannique à Dehradun. Il poursuivit ses études au Mayo College d’Ajmer, au Rajasthan, une école prestigieuse fondée en 1875 pour les enfants des familles royales et nobles indiennes, où il reçut une formation militaire et diplomatique.
Il perfectionna ensuite sa formation militaire à l’académie de Sandhurst en Grande-Bretagne, acquérant rigueur militaire et méthodes administratives occidentales, qui nourriraient ses futures réformes. De retour en Inde, il fut progressivement associé à la gestion politique et administrative du Jammu-et-Cachemire avant de devenir souverain en 1925.
Réformes Entre 1925 et 1947
Au cours de son règne, Hari Singh entreprit de moderniser son État à travers plusieurs réformes administratives, éducatives et sociales. Il fonda de nouvelles écoles, encouragea l’éducation des filles et introduisit un enseignement partiellement gratuit et obligatoire, mettant l’accent sur les langues locales et l’anglais.
Sur le plan administratif, il sépara certains pouvoirs judiciaires de l’exécutif, modernisa le système légal et créa un conseil d’État en 1934. Il développa aussi les infrastructures sanitaires et routières, bâtit des hôpitaux, et promut des lois améliorant les droits des femmes tout en limitant l’influence des classes dominantes.
Malgré ses efforts pour lutter contre la corruption et instaurer le mérite dans les recrutements, il ne parvint pas à éliminer la discrimination envers la majorité musulmane, particulièrement dans la fonction publique.
Le Règne et les Tensions Politiques
Hari Singh gouvernait en monarchie absolue, s’opposant aux demandes d’autonomie politique populaire, ce qui le plaça en conflit avec le mouvement du Congrès national du Cachemire, dirigé par son rival politique Sheikh Mohammad Abdullah. À l’approche de la fin de la domination britannique en 1947, il fut confronté à un choix crucial : rejoindre l’Inde ou le Pakistan, ou rester indépendant.
Il choisit d’abord l’indépendance, mais des attaques menées par des tribus des frontières entre le Pakistan et l’Afghanistan sur le Cachemire le poussèrent à solliciter l’aide militaire de l’Inde. En échange, il accepta l’intégration du Jammu-et-Cachemire à l’Inde, déclenchant ainsi la guerre indo-pakistanaise de 1947-1948. Ce conflit s’acheva par un cessez-le-feu sous l’égide de l’ONU, divisant la région entre contrôle indien et pakistanais.
Engagement dans le Mouvement pour l’Indépendance de l’Inde
Peu connu est le rôle de Hari Singh dans le mouvement national indien. En 1931, il fit partie des dirigeants indiens représentant les États princiers lors des conférences de Londres sur les réformes constitutionnelles. Bien qu’étroitement lié à la Grande-Bretagne, il défendit fermement l’indépendance complète de l’Inde tout en maintenant la neutralité de son État pour éviter des pressions extérieures.
L’Accession au Dominion de l’Inde
Le 26 octobre 1947, après plusieurs hésitations et tensions, Hari Singh signa l’acte d’accession de Jammu-et-Cachemire à l’Inde. Après le départ des Britanniques le 14 août 1947, la principauté avait conservé son indépendance pendant soixante-treize jours, période durant laquelle des soulèvements populaires contre la dynastie Dogra secouèrent la région.
Sheikh Mohammad Abdullah, leader du Congrès national du Cachemire, émergea comme principal opposant politique, appuyé par la Ligue musulmane, qui militait pour les droits des musulmans. Le traité d’accession signé par Hari Singh déclencha la guerre indo-pakistanaise de 1947-1948 ; bien que l’accord fût approuvé par le gouverneur général indien et le Premier ministre Jawaharlal Nehru, il restait conditionné à un référendum populaire qui ne fut jamais organisé, alimentant ainsi un conflit durable entre les deux pays.
Fonctions et Perte de Pouvoir
Hari Singh occupa le poste de vice-gouverneur du Jammu-et-Cachemire de 1922 à 1925, puis devint souverain jusqu’en 1947. Après l’accession à l’Inde, il conserva un rôle symbolique de 1947 à 1952, tandis que New Delhi assumait les responsabilités de défense, affaires étrangères et communications.
Sheikh Mohammad Abdullah fut nommé Premier ministre par les autorités indiennes, et le pouvoir de Hari Singh diminua progressivement. En 1952, Jawaharlal Nehru mit fin au système princier, marquant la fin effective du règne de Hari Singh, remplacé à titre honorifique par son fils Karan Singh.
Dernières Années et Décès
Après son abdication, Hari Singh vécut en résidence surveillée à Mumbai, exclu de la vie politique et empêché de retourner au Jammu-et-Cachemire. Il décéda le 26 avril 1961 dans des circonstances jugées mystérieuses par la presse indienne. Son corps fut finalement transféré et inhumé dans le Jammu-et-Cachemire, en hommage à son rôle historique.