Identités et santé mentale : Débat au Forum bioéthique de Strasbourg

Le contexte du débat

Lors de sa campagne pour l’élection présidentielle, Donald Trump avait promis de « mettre fin au délire transgenre ». Il avait déclaré qu’à partir de son investiture le 20 janvier, il signerait des décrets pour exclure les transgenres de l’armée ainsi que des établissements scolaires. Sa position a pour but d’affirmer que « la politique officielle des États-Unis sera qu’il n’y a que deux genres : homme et femme ». Cela représente une attaque frontale contre la diversité des identités de genre. Parallèlement, certains cherchent à s’affranchir de toute identité, tandis que d’autres s’en réclament. La question sera abordée lors d’une table ronde le 31 janvier à Strasbourg.

Liens entre santé mentale et identité

Éric Binet, psychologue clinicien et maître de conférences à l’École de Psychologues Praticiens de Paris, interviendra lors de cette table ronde. Il explique que « si l’on considère l’identité comme un axe central de notre psychisme qui se développe à travers toute une série de crises développementales, depuis la petite enfance jusqu’au grand âge, notre santé mentale est indissociable de notre identité ». Il souligne que de nombreuses personnes en souffrance psychique se trouvent en quête d’identité, cherchant à donner une direction et une signification à leur existence.

Le praticien note également que « le besoin d’identité », qui peut parfois être exacerbé, découle d’une incertitude croissante et « d’une fragmentation de nos repères traditionnels ». Il y a une quête de stabilité et de cohérence dans un monde en constante mutation. L’identité, vivante et mouvante, évolue avec le temps.

Perspectives philosophiques

Anna Zielinska, maîtresse de conférences en philosophie à l’Université de Lorraine, aborde le « désir de résister au changement », une thématique présente dans la philosophie depuis Platon. Elle affirme que « en Occident, le point de départ est cette résistance au changement, comme le changement de sexe ». Elle évoque aussi la recherche d’une constance absolue dans l’identité, quelque chose que l’on ne pourrait pas enlever. « Le terrain de lutte principale en philosophie est celui-ci : “est-ce que le moi existe ou pas ?” », ajoute-t-elle.

Par ailleurs, Anna Zielinska souhaite évoquer l’histoire de la psychiatrisation de l’homosexualité durant la table ronde. Il est important de rappeler que ce n’est qu’en 1990 que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a retiré l’homosexualité de la liste des maladies mentales.