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Le Pakistan traverse l’une des pires catastrophes d’inondation des dernières décennies : plus de 1 000 personnes ont perdu la vie et des millions ont été affectées, provoquant un déplacement massif de populations et une destruction étendue des récoltes et des infrastructures.
Bilan humain et matériel
Les Nations unies estiment que plus de six millions de personnes ont été touchées par les inondations après que des responsables locaux ont attribué la catastrophe à des averses intenses et à une mousson plus forte que d’habitude depuis le 26 juin.
Selon l’Autorité nationale de gestion des catastrophes (NDMA), plus de 12 500 maisons ont été endommagées et 6 500 têtes de bétail ont péri, en plus de la destruction généralisée des cultures à travers le pays.
Le ministre pakistanais du changement climatique a dénoncé une « crise de justice » liée à la répartition inéquitable des financements internationaux pour lutter contre les effets du changement climatique.
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Le rôle du changement climatique
Le changement climatique est considéré comme l’un des facteurs majeurs du déluge. Le Pakistan figure parmi les dix pays les plus vulnérables au climat, tout en contribuant à moins de 1 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Musadik Malik, le ministre pakistanais du changement climatique, a souligné l’impact disproportionné subi par le pays et s’est interrogé sur l’allocation déséquilibrée des financements reçus de la communauté internationale.
Importance de l’agriculture et menace des glaciers
Interrogé sur la dépendance du Pakistan à l’agriculture, Malik a rappelé que 50 à 55 % de la population vit de ce secteur. Le système agricole repose principalement sur des canaux et des rivières, avec une certaine dépendance aux précipitations.
Le Pakistan compte environ 13 000 glaciers. Si, en raison du réchauffement climatique et de l’augmentation des émissions de carbone — principalement issues des économies développées — ces glaciers fondent de manière erratique et plus rapide, l’impact sur les rivières, les barrages et le réseau de canaux serait catastrophique pour l’économie agricole et l’emploi.
La fonte accélérée des glaciers menace la stabilité des systèmes hydrauliques et la sécurité alimentaire de millions de personnes.
Conséquences au-delà de l’agriculture
Selon Malik, les dégâts dépassent largement l’impact agricole et les moyens de subsistance. La perte de vies humaines demeure la préoccupation la plus urgente.
Les inondations récentes montrent une augmentation inquiétante du nombre, du schéma et de la nature erratique des crues au cours des 10 à 15 dernières années. Ces phénomènes provoquent mortalité, morbidité et déplacement massif des populations.
Des régions entières, comme au Sindh il y a quelques années, ont vu des millénaires de civilisation emportés : mosquées, temples, écoles, hôpitaux, bâtiments anciens et monuments ont été détruits.
- Perte d’éducation et interruption des apprentissages ;
- Accès limité aux soins de santé et à l’eau potable ;
- Augmentation des maladies hydriques et de la mortalité infantile.
Autres enjeux environnementaux
Le ministre a identifié plusieurs autres problèmes environnementaux majeurs :
- Pollution de l’air : ce qui était autrefois brume ou brouillard est devenu du smog persistant plusieurs mois par an dans de nombreuses villes du Pendjab, réduisant la visibilité et augmentant les accidents.
- Pollution de l’eau : de nombreux cours d’eau autrefois considérés comme purs sont désormais contaminés, rendant l’eau non potable même dans des zones urbaines aisées.
- Gestion des déchets solides : les décharges génèrent de l’ammoniaque et d’autres polluants qui contribuent à la hausse des températures et aggravent la fonte des glaciers.
Ces problèmes entraînent une variabilité climatique accrue et réduisent la prévisibilité nécessaire à l’agriculture.
Inégalités dans le financement climatique
Malik a dénoncé l’injustice dans la répartition des financements verts mondiaux. Il rappelle que deux pays produisent à eux seuls 45 % des émissions mondiales, et que les dix premiers pays émetteurs représentent plus de 70 % du fardeau carbone mondial.
Pourtant, 85 % des financements mondiaux destinés à la résilience climatique et à l’adaptation profitent à ces mêmes dix pays. Les 180 autres pays, parmi lesquels le Pakistan, reçoivent seulement 10 à 15 % de ces fonds.
Le ministre a qualifié ce déséquilibre de « problème moral » plutôt que d’un simple déficit financier, insistant sur la nécessité d’une distribution équitable pour financer la résilience, l’adaptation et la reforestation à toutes les échelles.
Stratégie nationale face au changement climatique
Malgré le manque de financements suffisants, le Pakistan entend agir. Malik affirme que le pays assumera ses responsabilités envers les générations futures et adoptera progressivement des mesures d’adaptation.
La stratégie vise à renforcer la résilience locale, même si la capacité à réduire l’augmentation des températures globales reste limitée au niveau national. L’accent est mis sur des projets concrets, de la micro-échelle à la macro-échelle, visant à protéger les populations vulnérables.
Maisons partiellement submergées après de fortes pluies à Lahore, le 30 août 2025 (photo par Aamir Qureshi/AFP).
Différence de langage et de priorités
Le ministre a souligné un décalage fondamental dans la manière dont les pays développés et les pays vulnérables appréhendent la crise climatique. Pour le Pakistan, les priorités sont l’accès, l’abordabilité et la durabilité.
Il a appelé les pays riches à mieux comprendre les réalités du terrain et à adapter leurs modèles et théories à des contextes où fournir un accès à l’énergie propre, à l’eau potable et à l’assainissement reste un enjeu quotidien pour des populations pauvres.
L’entretien a été édité pour plus de clarté et de concision. Cette enquête a été produite en partenariat avec le Pulitzer Center.
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