Accueil ActualitéInternationalCrise politique à Trinidad et Tobago : démission historique du Premier ministre

Crise politique à Trinidad et Tobago : démission historique du Premier ministre

par Marie
Trinidad et Tobago

L’année 2025 a débuté par un véritable séisme politique dans les Caraïbes. Alors que l’archipel vivait sous le régime de l’état d’urgence, le Premier ministre Keith Rowley a annoncé son intention de quitter ses fonctions, plongeant le parti au pouvoir dans une course à la succession sous haute tension.

Une démission historique pour l’archipel

C’est une annonce qui a éclipsé la crise sécuritaire que traverse le pays. Le 3 janvier, lors d’une conférence de presse à Tobago, le Dr Keith Rowley a pris tout le monde de court. « Avant la fin des limites légales de ce mandat, je démissionnerai de ce poste et je retournerai auprès de ma famille », a-t-il déclaré, confirmant une promesse faite lors de sa victoire électorale en 2020.

Cette décision est sans précédent : c’est la première démission du Premier ministre à Trinidad et Tobago effectuée de manière volontaire par un chef de gouvernement en exercice. Ce retrait a immédiatement déclenché une série de manœuvres au sein du Mouvement National du Peuple (PNM), révélant des fractures internes profondes.

Guerre de succession et tensions internes

Si la transition semblait officiellement fluide, les coulisses racontent une autre histoire. Lors d’une retraite du parti organisée dans une villa de Tobago début janvier, Stuart Young a été désigné comme successeur. Le Dr Rowley a présenté ce choix comme évident, louant l’expérience de Young au gouvernement depuis près de dix ans et affirmant qu’il bénéficiait du soutien de la majorité.

Cependant, des sources internes ont révélé que l’unité affichée était de façade. Le vote interne aurait été serré, se soldant par un résultat de 11 voix contre 9 en faveur de Young face à Pennelope Beckles. Des critiques se sont également élevées concernant le processus, certains cadres du parti, comme Jennifer Baptiste-Primus, estimant que la base militante aurait dû être consultée via une convention plutôt que de laisser la décision au seul caucus parlementaire.

L’état d’urgence face à la flambée de violence

Pendant que se jouait l’avenir politique du pays, la rue continuait de s’embraser. Le Parlement a dû prolonger l’état d’urgence pour trois mois le 13 janvier. Keith Rowley a justifié cette mesure drastique par une situation sécuritaire critique, évoquant des policiers contraints de se barricader dans leurs commissariats la nuit par peur des représailles criminelles.

L’opposition, menée par Kamla Persad-Bissessar, a fustigé la gestion tardive de la crise, alors que le pays avait déjà enregistré plus de 600 meurtres l’année précédente. L’état d’urgence a néanmoins permis l’arrestation de figures du grand banditisme, dont Calvin Lee, alias « Tyson », chef présumé du gang « Sixx », accusé de planifier des représailles violentes.

La violence aveugle n’a pourtant pas cessé, marquée par le drame du 23 janvier à Arouca : la mort tragique du petit Jareem George, trois ans, péri dans l’incendie criminel de sa maison, un acte attribué à un ex-compagnon de sa mère qui se serait ensuite suicidé en détention.

La police décapitée par un scandale

Le mois de janvier s’est achevé sur un coup de théâtre institutionnel. La commissaire de police, Erla Harewood-Christopher, a été placée en garde à vue et interrogée par ses propres services. Une situation inédite provoquée par une enquête sur l’importation suspecte de fusils de précision destinés aux services de renseignement.

Bien qu’elle ait été relâchée sans inculpation le 1er février, cet épisode a fragilisé davantage les institutions chargées de la sécurité, au moment même où l’archipel tente de juguler une criminalité galopante et de gérer une transition politique délicate.

Source: https://trinidadtribune.com/power-shift-shakes-ruling-pnm-to-the-core/

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