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Le Myanmar a ouvert les bureaux de vote pour ses premières élections législatives depuis le coup d’État militaire de février 2021. Ce scrutin controversé, organisé dans un contexte de guerre civile sanglante et boycotté par l’opposition démocratique, est largement perçu par la communauté internationale comme une tentative de légitimation du régime de la junte.
Des élections au Myanmar sous le signe de la violence

Le processus électoral, qui doit se poursuivre lors de deux autres tours les 11 et 25 janvier prochains, se déroule dans un climat d’insécurité extrême. Depuis le renversement du gouvernement d’Aung San Suu Kyi, le pays a sombré dans un conflit armé ayant entraîné de lourdes pertes et déplacé plus de 3,5 millions de personnes. En raison de l’instabilité, le vote a été purement et simplement annulé dans 65 des 330 cantons du pays.
Les Nations Unies ont vivement condamné ces élections. Volker Türk, le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, a déclaré que ce scrutin se tenait « dans un environnement de violence et de répression », ne réunissant aucune des conditions nécessaires à la liberté d’expression ou de réunion pacifique.
Une façade démocratique pour consolider le pouvoir militaire
Le général Min Aung Hlaing, chef de la junte, présente ce vote comme une étape vers la réconciliation nationale pour les 55 millions d’habitants. Cependant, cette vision est rejetée par les chancelleries occidentales et les organisations de défense des droits humains, qui qualifient l’élection de non crédible.
La réalité politique du pays rend tout exercice démocratique illusoire : Aung San Suu Kyi est toujours en détention et son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), a été dissous. En l’absence d’opposition réelle, le Parti de l’Union, de la Solidarité et du Développement (USDP), vitrine politique de l’armée, est assuré de remporter une victoire écrasante.
Sécurité renforcée et vote électronique
À Yangon, la capitale économique, les bureaux de vote ont été placés sous haute protection, avec des périmètres de sécurité gardés par des hommes en armes. Pour la première fois, des machines à voter électroniques sont utilisées, un système qui empêche techniquement les votes nuls ou les candidatures non inscrites, verrouillant davantage le résultat.
Sur place, les réactions oscillent entre l’indifférence et la résignation. Si certains habitants jugent le processus insignifiant, d’autres estiment qu’il est impossible d’organiser un scrutin libre sous le joug militaire.
L’analyse : la continuité du régime en ligne de mire
Selon les experts, ce scrutin ne résoudra rien à la crise profonde que traverse le pays. Richard Horsey, de l’International Crisis Group, prévient qu’une victoire de l’USDP ne fera que perpétuer le régime militaire sous un vernis civil, sans affaiblir la résistance armée.
La nouvelle administration issue de ces élections devrait entrer en fonction en avril 2026. Toutefois, les perspectives d’une sortie de crise positive semblent minces, laissant présager la poursuite de l’instabilité politique et des affrontements pour la démocratie au Myanmar.