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Une enquête révèle l’identité du tueur de Sharreen Abu Aqla en Cisjordanie
Après trois années durant lesquelles les gouvernements israélien et américain ont tenté de dissimuler l’identité du soldat responsable de la mort de la journaliste de la chaîne Al Jazeera en Palestine, Sharreen Abu Aqla, une enquête audiovisuelle approfondie a finalement identifié ce soldat. Il s’agit d’Alon Skagyo, membre de l’unité d’élite « Duvdevan », tué l’année dernière au même endroit où la journaliste a perdu la vie.
Sharreen couvrait une incursion menée par les forces israéliennes dans le camp de réfugiés de Jénine, en Cisjordanie, lorsqu’elle a été touchée mortellement par une balle israélienne le 11 mai 2022. Cet incident a suscité une vive émotion et une large couverture médiatique à travers le monde.
Le mystère autour de la mort de Sharreen Abu Aqla
Pendant toutes ces années, l’identité du tireur restait inconnue du grand public. Les images montrent Sharreen recroquevillée, le visage couvert, en plein jour, tandis que des coups de feu sont tirés vers quiconque tente de s’approcher d’elle.
Le journaliste d’investigation Dion Nissenbaum, ancien correspondant au Wall Street Journal, a dirigé une équipe qui a travaillé plusieurs mois sur ce dossier. Ils ont confirmé que le soldat Alon Skagyo était l’auteur du tir. Un collègue de Skagyo a par ailleurs indiqué que ce dernier a été tué par des résistants palestiniens à Jénine le 27 juin 2024.
Un secret bien gardé entre Israël et les États-Unis
Israël a refusé de révéler l’identité du soldat et n’a jamais admis sa responsabilité directe dans la mort de Sharreen. Cette position a été soutenue par l’administration Biden, qui a empêché ses enquêteurs d’interroger le soldat impliqué.
L’enquête montre que Washington et Tel-Aviv ont tenté de cacher des informations liées aux circonstances de l’assassinat et ont bloqué l’accès au tueur. La journaliste Arif Lanzreich, membre de l’équipe basée à Jérusalem, a réussi à interviewer un des compagnons du soldat. Son témoignage révèle que Skagyo n’était ni heureux d’avoir tué Sharreen, ni rongé par le remords.
Les révélations du témoin et les conséquences
- Le témoin, occulté pour sa sécurité, portait son uniforme et son arme lors de l’entretien.
- Il affirme que Skagyo est bien le tireur et qu’il a été tué suite à une explosion d’une bombe artisanale posée par des résistants palestiniens.
- Skagyo n’a jamais été puni pour avoir tué la journaliste, mais il a été transféré de l’unité Duvdevan à une unité de snipers appelée « Kharouf ».
- Un haut responsable de l’administration Biden a admis que les États-Unis ont laissé tomber Sharreen, citoyenne américaine, pour ne pas contrarier Israël, qualifiant ce meurtre d’« accident tragique ».
Pressions et dissimulation au plus haut niveau
Après la mort de Sharreen, l’ancien Premier ministre israélien Naftali Bennett a rapidement imputé la responsabilité aux « militants palestiniens ». Cependant, l’enquête révèle qu’un général israélien a informé les Américains, quelques heures après l’incident, que c’est un soldat israélien qui avait tiré.
Dion Nissenbaum souligne qu’il a reçu des confirmations de plusieurs Israéliens affirmant que Skagyo était bien le coupable. Il dénonce également la tentative de Tel-Aviv de cacher la vérité.
Un comportement controversé au sein de l’armée israélienne
Après le drame, la photo de Sharreen a été utilisée comme cible lors d’exercices de tir, ce qui a provoqué la colère des collègues de Skagyo dans son unité. Ce geste a été perçu comme une déformation et un déshonneur à la mémoire de la journaliste.
Le journaliste affirme que la négligence de l’administration Biden a contribué à la mort de nombreux journalistes et citoyens américains par la suite, en laissant impunis ces actes.
Un documentaire dévoile la vérité
La ville de New York a récemment accueilli la projection du documentaire « Qui a tué Sharreen ? », produit par la plateforme ZETIO. Ce film révèle des informations inédites sur l’identité du soldat responsable, trois ans après le drame.
Bien que Skagyo soit désormais décédé, l’enquête pourrait ouvrir la voie à des poursuites judiciaires contre des hauts responsables militaires, accusés d’avoir dissimulé ces crimes commis par leurs soldats contre des civils.