Le gouvernement israélien a annoncé la création de 22 colonies illégales supplémentaires sur des terres palestiniennes en Cisjordanie occupée. Cette décision inclut la légalisation de certains avant-postes déjà construits sans autorisation gouvernementale, une mesure vivement critiquée par les responsables palestiniens et les organisations de défense des droits humains.
Le ministre de la Défense, Israel Katz, et le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, ont dévoilé cette initiative jeudi. Katz a déclaré que cette action « renforce notre emprise sur la Judée et la Samarie », termes utilisés par Israël pour désigner la Cisjordanie occupée.
Il a également souligné que cette démarche est « stratégique », empêchant la création d’un État palestinien qui représenterait selon lui un danger pour Israël.
Bezalel Smotrich, qui réside lui-même dans une colonie construite illégalement sur des terres palestiniennes, défend ouvertement l’annexion israélienne de la Cisjordanie. Il a qualifié cette décision d’« historique ».
Le parti Likud, dirigé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, a décrit cette mesure comme une « décision unique en son genre » et a insisté sur sa valeur stratégique pour consolider la présence d’Israël le long de la frontière orientale avec la Jordanie.
Des colons israéliens construisent des structures pour une nouvelle école rabbinique dans l’avant-poste de Homesh, en Cisjordanie occupée, le 29 mai 2023. (Photo : Ronen Zvulun/Reuters)
À ce jour, Israël a déjà établi plus de 100 colonies illégales en Cisjordanie occupée, accueillant environ 500 000 colons. Ces colonies varient de petits avant-postes à des communautés plus importantes dotées d’infrastructures modernes.
La Cisjordanie compte plus de trois millions de Palestiniens qui vivent sous l’administration militaire israélienne, tandis que l’Autorité palestinienne exerce son contrôle limité sur certaines zones.
Les Palestiniens considèrent ce territoire, ainsi que Jérusalem-Est occupée et Gaza, comme des parties intégrantes d’un futur État palestinien.
Les Palestiniens dénoncent une « escalade dangereuse »
Les responsables palestiniens et les groupes de défense des droits humains ont vivement condamné la décision israélienne, avertissant que l’extension des colonies illégales compromettait davantage les perspectives d’un État palestinien futur.
Nabil Abu Rudeineh, porte-parole du président palestinien, a qualifié cette mesure « d’escalade dangereuse » ainsi que de « défi à la légitimité internationale ».
Il a accusé Israël d’alimenter l’instabilité dans la région et a souligné que cette décision viole le droit international, notamment la résolution 2334 du Conseil de sécurité des Nations unies. Il a insisté sur le fait que toutes les activités de colonisation restent illégales et illégitimes.
Sami Abu Zuhri, cadre du Hamas, a appelé les États-Unis et l’Union européenne à intervenir face à cette annonce.
« L’annonce de la construction de 22 nouvelles colonies en Cisjordanie s’inscrit dans la guerre menée par Netanyahu contre le peuple palestinien », a-t-il déclaré à l’agence Reuters.
L’ONG israélienne Peace Now a réagi en affirmant que cette décision « va profondément transformer la Cisjordanie et renforcer davantage l’occupation ».
Elle a ajouté : « Le gouvernement israélien ne fait plus semblant : l’annexion des territoires occupés et l’expansion des colonies constituent son objectif principal. »
Selon la correspondante d’Al Jazeera, Nida Ibrahim, depuis la Cisjordanie occupée, il s’agit de « la plus importante approbation de colonies israéliennes illégales prise en une seule décision ».
« Les colonies israéliennes étranglent les communautés palestiniennes à l’intérieur de la Cisjordanie », a-t-elle expliqué. « Ces nouvelles colonies comblent les espaces, rendant presque impossible la formation d’un État palestinien sur le terrain. Israël profite de ce moment, alors que l’attention internationale est tournée vers Gaza, pour renforcer son occupation. »
Cette annonce intervient à quelques semaines d’une conférence internationale de haut niveau, coorganisée par la France et l’Arabie Saoudite aux Nations unies, qui vise à relancer un processus longtemps suspendu en faveur d’une solution à deux États au conflit israélo-palestinien.