Le ministre israélien de l’Économie et de l’Industrie, Nir Barkat, a appelé ce jeudi au démantèlement de l’autorité palestinienne, tandis que plusieurs ministres israéliens réclament l’annexion immédiate de la Cisjordanie et l’imposition de la souveraineté israélienne sur cette région.
Nir Barkat considère que l’Autorité palestinienne ainsi que le modèle défini par l’accord d’Oslo ne méritent pas de perdurer. Cette prise de position renforce les appels au sein de la coalition israélienne à une politique d’annexion audacieuse et définitive.
De leur côté, les responsables palestiniens ont fermement condamné ces projets. Le Conseil national palestinien a qualifié ces initiatives de tentatives agressives et flagrantes violations du droit international.
Dans une déclaration, le président du Conseil, Rouhi Fattouh, a dénoncé les appels lancés par des ministres et députés israéliens du parti Likoud visant à étendre la souveraineté de l’État hébreu sur la Cisjordanie. Il a qualifié ces actions de stratégie coloniale extrême de la droite israélienne et un tournant extrêmement dangereux des politiques gouvernementales.
Selon lui, ces démarches sont des tentatives évidentes d’exacerber le conflit et de détourner l’attention des crises politiques internes en imposant des faits accomplis par la force. Il a aussi affirmé que cette politique ne parviendrait ni à effacer la présence palestinienne ni à annihiler son identité nationale.
Fattouh a appelé la communauté internationale, notamment le Conseil de sécurité de l’ONU, l’Union européenne et la Ligue arabe, à adopter des positions claires et des mesures fermes contre cette orientation israélienne qui menace non seulement les terres palestiniennes mais aussi compromet toute perspective de relance du processus politique.
Pressions pour l’annexion de la Cisjordanie
Mercredi dernier, quatorze ministres israéliens ainsi que le président de la Knesset, Amir Ohana, ont signé une lettre adressée au Premier ministre Benjamin Netanyahu, chef du Likoud, dans laquelle ils exigent l’application immédiate de la souveraineté israélienne sur la Cisjordanie.
L’académique et analyste politique Imad Abu Al-Hassan a expliqué que cette exigence dépasse désormais le stade des simples menaces ou propositions médiatiques. Elle se rapproche d’une décision concrète et imminente.
Il souligne que le comportement de l’armée israélienne, qui reflète les orientations officielles du gouvernement, montre clairement que le processus d’annexion a déjà commencé, en particulier dans les zones dites « C », déjà sous administration israélienne.
Imad Abu Al-Hassan met en garde contre les conséquences d’une telle initiative, la considérant comme le début possible d’un conflit régional plus large. Pour lui, toute avancée vers l’annexion détruirait les espoirs palestiniens d’autodétermination et de création d’un État indépendant, ouvrant la voie à un affrontement existentiel entre les deux parties.
Il estime que les dirigeants israéliens et américains misent sur leur puissance pour imposer un « paix particulière » à la région, ce qui pourrait mener à une prise de contrôle totale du territoire, incluant potentiellement des parties de la Syrie et du Liban, risquant ainsi de provoquer une guerre généralisée ne se terminant qu’avec la défaite d’un des camps.
Colonisation et tensions croissantes
Depuis 2023, Israël a accéléré et intensifié la colonisation en Cisjordanie occupée, accompagnée d’une hausse des agressions des colons contre les Palestiniens. Selon des rapports palestiniens, à la fin de 2024, la population des colons en Cisjordanie atteignait environ 770 000, répartis sur 180 colonies et 257 avant-postes, dont 138 sont à vocation agricole ou pastorale.
Par ailleurs, l’armée israélienne a lancé une opération militaire dans le nord de la Cisjordanie, débutant dans les camps de réfugiés avant de s’étendre à d’autres régions. Cette action a provoqué la plus grande vague de déplacements forcés de Palestiniens depuis 1967, avec près de 40 000 habitants déplacés de leurs foyers.
Les Nations unies rappellent que la colonisation dans les territoires occupés est illégale et soulignent qu’elle compromet sérieusement toute solution fondée sur le principe de la création de deux États. Elles appellent Israël à mettre fin à cette politique sans succès depuis des décennies.