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Israël au bord de l’effondrement économique face aux missiles et à la guerre
Depuis sa création il y a environ 77 ans, Israël a été engagé dans des guerres et des conflits avec ses voisins arabes, à l’intérieur de la Palestine et au-delà. Ce qui a caractérisé les guerres des cinq premières décennies, c’est qu’elles se déroulaient majoritairement en dehors des frontières palestiniennes, avec un coût humain et économique limité aux dépenses militaires, souvent compensées par les butins de guerre.
Ces conflits, à l’exception de la guerre de 1948, étaient courts et limités dans le temps, sans laisser de lourdes séquelles économiques ou sociales, contrairement aux guerres récentes.
Une évolution des conflits et leurs impacts
Après la guerre de 1973, les conflits sont survenus suite à la signature d’accords de paix successifs avec l’Égypte, la Jordanie puis les Accords d’Abraham. Ces guerres, bien que limitées et non générales avec le monde arabe, se sont prolongées et sont devenues plus dévastatrices, atteignant le cœur même d’Israël et non plus seulement les lignes de front.
Ce nouveau type de guerre, de la première guerre du Liban à la deuxième, puis les intifadas et les hostilités à Gaza jusqu’à la récente offensive baptisée « Déluge d’Al-Aqsa », a transformé l’arrière-pays israélien en véritable champ de bataille. Cette situation a naturellement des répercussions économiques et sociales exceptionnelles sur une économie israélienne qui s’était entièrement occidentalisée.
Coût économique exorbitant
Le passage du conflit à l’intérieur même d’Israël a fait grimper le coût quotidien de la guerre bien au-delà des seuls frais militaires. Des experts israéliens estiment depuis des années, même en temps de paix relative, que chaque jour de combat coûte au moins un demi-milliard de shekels à l’économie.
En pratique, cela représente environ quatre fois le coût militaire direct, avec des usines fermées, des employés contraints de rester chez eux, et d’autres conséquences économiques graves.
Selon le journal économique Calcalist, la plus grosse dépense de la guerre jusqu’à la trêve de janvier dernier concernait le personnel militaire et les réservistes, mobilisés pour un total de 49 millions de jours de service.
Mobilisation et pertes humaines
- Environ 840 soldats ont été tués depuis le début des hostilités du 7 octobre, avec près de 14 000 blessés.
- Près de 220 000 réservistes ont été appelés, souvent plusieurs fois, cumulant des millions de jours de service.
- Cette mobilisation massive entraîne des coûts économiques colossaux et des impacts sociaux profonds.
Budget militaire et dépenses stratégiques
Le budget de la défense israélienne pour 2024 s’élevait à environ 152 milliards de shekels (40 milliards de dollars), avec des dépenses militaires effectives proches de 138 milliards de shekels (35 milliards de dollars).
Si le conflit s’étend, ces coûts pourraient dépasser 160 milliards de shekels, soit une hausse de plus de 2 milliards de dollars par rapport à 2024.
Le missile le plus coûteux utilisé jusqu’à présent est le « Hets 3 », fabriqué par l’industrie aéronautique israélienne, dont chaque unité coûte entre 2 et 3 millions de dollars. Ce missile est largement utilisé pour intercepter les missiles balistiques iraniens et les projectiles lancés par les Houthis du Yémen.
Extension du conflit et ses conséquences économiques
Avec l’ordre d’appel de dizaines de milliers de soldats supplémentaires pour étendre la guerre à Gaza, le débat s’intensifie sur les coûts économiques et sociaux.
Selon un calcul préliminaire du journal The Marker, l’extension de l’opération à Gaza sur trois mois pourrait coûter environ 25 milliards de shekels (7 milliards de dollars), soit plus de 2 milliards par mois uniquement pour financer les réservistes et les munitions.
Cette situation contraint le gouvernement à rouvrir et à augmenter un budget qu’il avait difficilement adopté quelques semaines auparavant, impliquant la nécessité probable de nouvelles taxes et une pression accrue sur les citoyens.
La poursuite de l’occupation et la gestion de Gaza feraient également peser un fardeau économique supplémentaire estimé à plusieurs dizaines de milliards de shekels.
Impacts économiques plus larges
Le recrutement massif des réservistes nuit au marché du travail, réduit l’offre de main-d’œuvre et ralentit l’activité économique globale.
La prolongation du conflit accroît le risque pour les investisseurs étrangers, déstabilise la monnaie nationale et freine les investissements publics dans les infrastructures civiles.
Le prix des réservistes : un témoignage économique
Méhran Borozinfar, ancien conseiller économique du chef d’état-major, a décrit pour la radio 103FM le coût élevé des mobilisations récentes :
- Le coût direct d’un soldat réserviste est estimé à environ 1 000 shekels par jour.
- Avec 60 000 réservistes mobilisés, la dépense quotidienne atteint 60 millions de shekels.
- En ajoutant les frais logistiques et le coût économique du travail perdu, la somme peut facilement atteindre 100 millions de shekels par jour, voire 300 à 400 millions en un mois.
Il a souligné l’impact dévastateur sur les travailleurs indépendants et les petites entreprises, qui risquent la faillite en cas d’absences prolongées.
Selon lui, la guerre prolongée est insoutenable, avec des conséquences psychologiques et économiques lourdes, et il appelle à une résolution rapide du conflit.
Perspectives économiques sombres
La Banque d’Israël a récemment émis des prévisions pessimistes pour l’économie nationale sur les deux prochaines années, avec une croissance ralentie et une chute des investissements étrangers liée à l’instabilité sécuritaire.
Le quotidien Globes considère que la guerre pourrait coûter à Israël une décennie entière de développement économique.