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Israël envisage une attaque unilatérale contre l’Iran sans coordination avec Washington
Des responsables israéliens estiment que leur pays est capable de frapper de manière indépendante les installations nucléaires iraniennes, sans attendre le feu vert des États-Unis. Selon eux, la fenêtre d’opportunité pour agir se referme rapidement.
Le quotidien israélien Yedioth Ahronoth rapporte que des responsables sécuritaires à Tel-Aviv considèrent que la possibilité d’arrêter le programme nucléaire iranien se réduit à grande vitesse. Ils estiment que l’armée israélienne dispose désormais de la capacité opérationnelle pour mener une telle attaque, bien que la réussite complète nécessite une coordination avec Washington.
Objectifs et contexte stratégique
Dans les cercles politiques et sécuritaires israéliens, frapper les installations nucléaires iraniennes ne viserait pas uniquement à stopper le programme nucléaire, mais pourrait également provoquer l’effondrement du régime à Téhéran.
La sécurité israélienne observe que l’Iran traverse actuellement une de ses phases internes les plus fragiles. Cependant, le pays se rapproche dangereusement de la possession de l’arme nucléaire. Cette situation justifierait, selon les autorités israéliennes, une intervention militaire décisive dans les prochains mois.
Une planification militaire avancée
Selon Yedioth Ahronoth, Israël a élaboré un plan complet pour attaquer les sites nucléaires iraniens. Ce plan prévoit des frappes aériennes, une coordination avec le commandement central américain, ainsi qu’un soutien cybernétique et de renseignement.
Cependant, ce projet a été suspendu après que le président américain de l’époque, Donald Trump, a opposé son veto, préférant laisser une chance aux négociations en cours entre Washington et Téhéran, initiées à Mascate avec une médiation omanaise.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu aurait tenté de dissuader Trump lors de leur dernière rencontre à Washington, sans obtenir d’engagement clair. Plusieurs responsables israéliens ont exprimé leur déception face à l’absence d’une stratégie américaine claire, qui se limiterait à empêcher l’Iran de produire une bombe nucléaire, sans exiger le démantèlement total du programme.
Inquiétudes à Tel-Aviv et implications diplomatiques
À Tel-Aviv, la crainte grandit qu’un accord entre Trump et l’Iran ne se traduise par un gel temporaire du programme nucléaire en échange d’un assouplissement des sanctions. Israël considère cette option comme une concession dangereuse.
Les autorités israéliennes redoutent que cet accord soit présenté comme une réussite diplomatique, notamment avant une visite prévue de Trump au Moyen-Orient, ce qui pourrait affaiblir leur position.
Exigences israéliennes pour un accord
Les dirigeants israéliens insistent pour que tout accord comprenne :
- Le démantèlement complet des infrastructures nucléaires iraniennes, y compris les centrifugeuses.
- L’arrêt du développement du réacteur à eau lourde.
- L’interruption de la mise au point des ogives nucléaires.
- L’évacuation totale des stocks d’uranium enrichi hors d’Iran.
Face à l’immobilisme du volet militaire, Israël envisage des alternatives moins coûteuses, notamment des cyberattaques ciblant les infrastructures nucléaires iraniennes, similaires à l’opération « Stuxnet ».
Le directeur de la CIA a récemment discuté de cette option lors de sa visite en Israël, évoquant la préparation d’une cyberattaque conjointe.
Limites des alternatives et menace persistante
Des analystes estiment que ces opérations cybernétiques ne feraient que retarder le programme iranien sans l’anéantir. Cela renforce la conviction des services de sécurité israéliens que seule une frappe militaire globale reste une option efficace.
Les estimations du renseignement indiquent que l’Iran possède aujourd’hui suffisamment d’uranium enrichi à 60 % pour fabriquer plusieurs ogives nucléaires. Ce stock pourrait atteindre le seuil critique dans les prochaines semaines, rapprochant Téhéran du modèle nord-coréen et rendant une attaque ultérieure coûteuse et incertaine.
Ambitions américaines et scepticisme israélien
Alors que Donald Trump aspire à un double succès diplomatique — stopper la menace nucléaire iranienne et étendre les accords de normalisation — Israël doute de la viabilité de cette approche sans démantèlement complet des capacités nucléaires et balistiques iraniennes.
Militairement, Washington a déployé une force navale et aérienne majeure dans la région, comprenant des bombardiers furtifs B-2 capables de transporter des bombes pénétrantes. Ces capacités dépassent celles d’Israël et servent de levier de pression sur Téhéran.
Israël redoute cependant que ce déploiement soit progressivement réduit si les négociations se prolongent sans aboutir.
Objectifs stratégiques israéliens au-delà du nucléaire
Israël ne cache pas que son but stratégique dépasse la destruction du programme nucléaire iranien. Il vise également à renverser le régime iranien. Tout accord qui ne réalise pas cet objectif est perçu comme un simple report de la crise.
Perdre la fenêtre d’opportunité actuelle, alors que le régime iranien est à son point le plus faible, serait pour Tel-Aviv une erreur stratégique difficilement réversible.