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C’est son dernier mandat ! Après quarante ans de carrière politique marquée par son engagement pour sa ville, le maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier, a annoncé qu’il ne se représentera pas. Figure incontournable de la vie politique locale, il a été élu pour la première fois au conseil municipal en 1983. Maire depuis 2001 et sénateur du Gard entre 2008 et 2017, il a profondément transformé sa ville. Dans un supplément consacré à l’art de vivre à la nîmoise, Jean-Paul Fournier défend avec force la tauromachie, qu’il considère comme un pilier identitaire et économique de Nîmes, attirant chaque année un million de visiteurs lors de la Feria.
Réalisations et projets futurs
Fier de ses réalisations, comme le musée de la Romanité ou le classement de la Maison carrée au patrimoine mondial de l’Unesco, il évoque aussi des projets d’avenir, tels que le palais des congrès, mais reconnaît des échecs, comme l’abandon du parc Jacques-Chirac. Entre la rénovation des halles, les défis sécuritaires à Pissevin et la préparation de sa succession, Jean-Paul Fournier livre une interview qui met en lumière à la fois les enjeux de sa ville mais aussi son point de vue sur le gouvernement.
L’art de vivre à la nîmoise
Le Point : Existe-t-il un art de vivre à la nîmoise ?
Jean-Paul Fournier : Tout à fait. C’est une ville où nous avons une grande qualité de vie, où nous aimons faire la fête, fréquenter les arènes. Nous avons rénové beaucoup de choses dans le centre-ville. Et nous continuons avec les halles, qui vont recevoir les Galeries Lafayette.
Inquiétudes des commerçants
Aux halles, les étaliers s’inquiètent-ils de leur devenir durant les travaux de rénovation ?
Une centaine de commerçants souhaitent rester sur place et qu’on leur signe un bail, mais je ne le peux pas et je ne le veux pas. On est un peu en bisbille, mais ça se tassera.
Défense de la tauromachie
La tauromachie fait partie de l’art de vivre à la nîmoise. Une proposition de loi pour l’interdire aux mineurs a été rejetée au Sénat. Êtes-vous rassuré ?
Tant qu’une loi n’autorisera pas la corrida, on pourra toujours craindre qu’elle soit supprimée. Vouloir l’interdire aux moins de 16 ans, ce n’était pas sérieux. C’est une tradition bien enracinée à Nîmes, elle amène chaque année un million de personnes à la Feria. Je continuerai à me battre pour la corrida.
Les projets culturels
Parmi les projets culturels de cette mandature, lequel vous tient à cœur ?
Le palais des congrès, qui sera inauguré en 2025. Avec sa salle de 700 places, il va apporter un flux important de visiteurs dans le centre-ville.
Fiertés et échecs
Vous êtes maire depuis vingt-trois ans, de quoi êtes-vous le plus fier ?
Du musée de la Romanité, et aussi du classement de la Maison carrée au patrimoine mondial de l’Unesco.
Et votre plus grand échec ?
Je regrette de ne pas pouvoir lancer le parc Jacques-Chirac. Tout était prêt pour réaliser ce jardin de presque 15 hectares en centre-ville. Mais on est bloqué par un problème environnemental, à cause d’un oiseau, le moineau friquet.
Problèmes dans le quartier Pissevin
L’État et la ville ont-ils encore un rôle à jouer dans le quartier Pissevin ou les dealers ont-ils définitivement gagné ?
Dans le cadre du projet de l’ANRU, la démolition des tours du Crous, le 6 avril, va éclaircir le paysage. Il y a toujours des problèmes de drogue et d’économie souterraine, mais ça s’est un peu calmé. Je milite toujours pour un poste de police commun entre l’État et la ville. Je compte sur le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.
Opinions politiques
Que pensez-vous de la nomination de François Bayrou en tant que Premier ministre ?
J’aurais préféré que Michel Barnier reste. Je n’ai pas tellement confiance en François Bayrou. Comme ministre, il n’avait pas fait grand-chose.
Soutenez-vous toujours Nicolas Sarkozy, qui comparaît en ce moment pour l’affaire du financement illicite présumé de sa campagne par Kadhafi ?
Je trouve ce qui lui arrive scandaleux. Les juges font une fixation sur lui. Je ne crois pas à cette affaire de financement libyen. Je pense qu’il n’est pas aussi machiavélique que ça.
Succession à la mairie
Le maire d’Alès, Max Roustan, élu et réélu depuis 1995, a annoncé qu’il allait démissionner pour laisser la place à son dauphin, Christophe Rivenq. Allez-vous faire comme lui ?
C’est plus facile pour lui. Il n’a qu’une personne sur les rangs pour lui succéder. Moi, j’en ai deux, et je n’ai pas pris ma décision.
Pourquoi ne tranchez-vous pas entre vos successeurs, le premier adjoint Julien Plantier, et le président de l’agglomération, Franck Proust ?
Parce qu’ils ont tous les deux des qualités. J’espère qu’ils se seront arrangés entre eux d’ici aux élections municipales. Sinon, on perdra.
Les futurs défis politiques
Quel adversaire sera le plus dangereux aux prochaines municipales : le communiste Vincent Bouget, la centriste Valérie Rouverand ou le RN Yoann Gillet ?
Yoann Gillet, je ne sais pas s’il le veut. Mais il a plus de chances que le communiste Vincent Bouget. Les socialistes ne s’allieront pas avec lui pour prendre la mairie. Mon inquiétude, c’est de voir cette ville partir à hue et à dia. Avec le boulot que j’ai fait, ça m’embêterait un peu.