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La Chine a confirmé son engagement à signer le traité d’interdiction des armes nucléaires en Asie du Sud-Est, ont déclaré les ministres des Affaires étrangères de la Malaisie et de la Chine. Cette initiative vise à protéger la région des tensions croissantes liées à la sécurité mondiale, sur fond de menaces imminentes de tarifs douaniers américains.
Cette annonce a été saluée lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), où le secrétaire d’État américain Marco Rubio devait également rencontrer ses homologues régionaux ainsi que le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov.
Un engagement clair de la Chine pour le traité SEANWFZ
Mohamad Hasan, ministre malaisien des Affaires étrangères, a révélé que la Chine avait confirmé sa volonté de signer le traité sur la Zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est (SEANWFZ). Ce traité, en vigueur depuis 1997, limite les activités nucléaires dans la région à des usages pacifiques, notamment la production d’énergie.
« La Chine s’est engagée à signer ce traité sans réserve », a souligné Hasan, précisant que la signature officielle interviendrait dès la finalisation de tous les documents nécessaires.
L’ASEAN a longtemps exhorté les cinq puissances nucléaires reconnues – Chine, États-Unis, Russie, France et Royaume-Uni – à ratifier ce pacte et à respecter le statut non nucléaire de la région, y compris dans ses zones économiques exclusives et sur ses plateaux continentaux.
Contexte régional marqué par les tensions commerciales américaines
La visite de Marco Rubio à Kuala Lumpur intervient dans un climat d’incertitude, alimentée par la stratégie agressive de tarifs douaniers appliquée par l’administration Trump. Ces sanctions tarifaires touchent notamment six pays membres de l’ASEAN ainsi que des alliés traditionnels tels que le Japon et la Corée du Sud.
- Les tarifs entreront en vigueur le 1er août.
- Ils comprennent des droits de douane de 25 % pour la Malaisie, 32 % pour l’Indonésie, 36 % pour le Cambodge et la Thaïlande, et 40 % pour le Laos et le Myanmar.
- Le Japon et la Corée du Sud sont frappés par des droits de 25 % également.
- L’Australie, autre allié clé dans la région Asie-Pacifique, a réagi avec fermeté face à la menace d’un tarif de 200 % sur ses exportations pharmaceutiques vers les États-Unis.
Dans ce contexte, seul le Vietnam, nation membre de l’ASEAN, et le Royaume-Uni ont signé des accords commerciaux distincts avec les États-Unis.
Trump a annoncé un tarif réduit de 20 % sur de nombreux produits vietnamiens, tout en imposant un droit de 40 % sur les réexportations via le Vietnam. Le Vietnam acceptera les produits américains sans droits de douane.
Une compétition diplomatique intense entre grandes puissances
Selon Rob McBride, correspondant d’Al Jazeera à Kuala Lumpur, les nations de l’ASEAN sont désormais au cœur d’une compétition diplomatique accrue, les grandes puissances cherchant à renforcer leur influence dans la région.
Les tensions commerciales ont poussé ces pays à rechercher de nouveaux partenaires commerciaux, en particulier la Chine, qui a renforcé son engagement régional par la présence de son ministre des Affaires étrangères Wang Yi.
Parallèlement, le chef de la diplomatie russe Sergey Lavrov a tenu des réunions en Malaisie, promouvant la vision d’un « ordre mondial multipolaire », soutenue par la Chine, et qui remet en question le système global dominé par l’Occident et les États-Unis.
« Bien que Lavrov soit isolé ailleurs, il est ici en Malaisie, en dialogue avec les membres de l’ASEAN, promouvant cette alternative globale », a noté McBride.
Rubio s’efforce quant à lui de contrebalancer cette dynamique en apaisant les inquiétudes des alliés traditionnels de Washington dans la région. Il souhaite rassurer sur la solidité des relations transpacifiques malgré les tensions commerciales.
Les États-Unis cherchent à restaurer la confiance en ASEAN
La visite de Rubio à Kuala Lumpur illustre la volonté des États-Unis de revitaliser leur engagement en Asie-Pacifique, après plusieurs années de priorisation des conflits en Europe et au Moyen-Orient.
Le dernier entretien entre Rubio et les hauts diplomates russes avait eu lieu en Arabie saoudite en février, dans le cadre des démarches américaines visant à restaurer les relations bilatérales et à contribuer à la fin de la guerre en Ukraine.
Les analystes soulignent la difficulté pour Rubio de regagner la confiance des pays d’Asie du Sud-Est, déstabilisés par les politiques commerciales américaines. Malgré tout, il entend promouvoir les États-Unis comme une alternative fiable à la Chine, tant sur les plans sécuritaire que des investissements à long terme.
Selon un projet de communiqué obtenu par Reuters, les ministres des Affaires étrangères de l’ASEAN exprimeront « leur inquiétude face à l’augmentation des tensions commerciales mondiales et aux incertitudes grandissantes dans le paysage économique international, en particulier les actions unilatérales liées aux tarifs douaniers ».
Enfin, une rencontre impliquant des diplomates de haut niveau d’Asie du Sud-Est, de Chine, de Russie et des États-Unis condamnera les violences contre les civils dans le Myanmar déchiré par la guerre civile déclenchée suite au coup d’État militaire de 2021.