Table of Contents
La Cour internationale de Justice (CIJ) tiendra en janvier 2026 des audiences publiques dans une affaire historique visant l’accusation de génocide portée contre le Myanmar à propos de sa minorité rohingya. Ces débats, qui se dérouleront sur plusieurs jours, sont considérés comme une étape cruciale pour la justice internationale et pourraient établir des précédents pour d’autres dossiers pendants devant la Cour.
Calendrier et déroulé des audiences
La première semaine d’audiences sera consacrée à la présentation des arguments de la Gambie, pays à majorité musulmane qui a saisi la CIJ en 2019. La Gambie exposera ses conclusions du 12 au 15 janvier.
Ensuite, le Myanmar présentera sa défense du 16 au 20 janvier. Par ailleurs, la Cour a exceptionnellement prévu trois jours pour l’audition de témoins, séances qui seront tenues à huis clos et seront donc fermées au public et aux médias.
- 12–15 janvier : exposé des moyens de la Gambie
- 16–20 janvier : présentation de la défense du Myanmar
- Trois jours supplémentaires : auditions de témoins à huis clos
Les enjeux juridiques et la portée de l’affaire
La procédure portera sur le fond de l’accusation de génocide et constitue la première affaire de ce type examinée sur le fond par la CIJ depuis plus d’une décennie. Ainsi, le jugement à venir pourrait avoir une influence significative sur d’autres contentieux internationaux.
En effet, la décision pourrait servir de référence pour des affaires similaires devant la Cour, y compris des requêtes récentes liées à des conflits contemporains, renforçant ainsi l’importance de ces audiences pour le droit international des droits de l’homme.
Origine de la plainte et faits allégués
La Gambie, soutenue par l’Organisation de la coopération islamique, a saisi la CIJ en 2019 au nom des Rohingya, population à majorité musulmane confrontée à une violente campagne menée par l’armée et des milices bouddhistes en 2017.
Lors de cette opération, plus de 742 000 Rohingya ont fui vers le Bangladesh, tandis que des témoins ont rapporté des meurtres, des viols et l’incendie de villages entiers. En 2020, la CIJ avait déjà ordonné des mesures provisoires demandant au Myanmar de prendre toutes les mesures à sa disposition pour prévenir un génocide.
Réactions et perspectives politiques
À l’approche des audiences, le ministre gambien de la Justice, Dawda Jallow, a exprimé l’espoir d’une décision « bientôt après » ces débats publics, rappelant que la procédure avait été engagée en novembre 2019 et attend désormais son épilogue.
Par ailleurs, des acteurs de la société civile birmane, comme Wai Wai Nu, directrice d’une organisation de paix, ont souligné l’importance du soutien international apporté à la Gambie et estimé que la mobilisation des États pourrait contribuer à faire cesser les violences persistantes dans l’État de Rakhine. Elle a également appelé le Conseil de sécurité des Nations unies à agir sans attendre la décision de la Cour.
Situation des réfugiés et enjeux humanitaires
Avant 2017, environ un million de Rohingya vivaient au Myanmar, représentant une faible proportion d’une population nationale d’environ 55 millions d’habitants. Depuis la campagne militaire, une large part de cette communauté a fui vers le Bangladesh voisin.
Aujourd’hui, plus d’un million de Rohingya vivent dans le camp de réfugiés de Cox’s Bazar, le plus vaste au monde. Les conditions y restent précaires et de nombreux réfugiés subissent la pauvreté chronique, tandis que certains entreprennent des traversées périlleuses pour tenter de rejoindre d’autres pays.