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La Corée du Sud annonce la fin d’une pratique instaurée depuis des décennies : la délégation des adoptions à des agences privées. Cette décision intervient après une enquête révélant que le programme d’adoption internationale, soutenu par le gouvernement, a violé les droits fondamentaux des enfants adoptés.
À partir de samedi, un système public entièrement restructuré prendra le relais. L’État et les gouvernements locaux seront désormais responsables de l’intégralité du processus d’adoption, a précisé le ministère sud-coréen de la Santé et du Bien-être.
Un système public pour une adoption plus sûre
Depuis la guerre de Corée (1950-1953), plus de 140 000 enfants ont été envoyés à l’étranger via des adoptions inter-pays, cette pratique étant encouragée comme une solution face aux conséquences du conflit.
Une enquête menée par la Commission de Vérité et de Réconciliation a mis en lumière les nombreuses irrégularités du processus, telles que :
- Enregistrements frauduleux d’orphelins
- Falsification d’identités
- Manque de contrôle rigoureux des futurs parents adoptifs
Ces abus ont conduit à une exploitation à but lucratif des adoptions privées sans contrôle suffisant de l’État.
Des procédures encadrées selon l’intérêt supérieur de l’enfant
Dans le nouveau système, une commission ministérielle sera chargée d’évaluer les candidats à l’adoption et de faire les correspondances avec les enfants, conformément au principe de « l’intérêt supérieur de l’enfant ».
Auparavant, ces responsabilités étaient confiées à de grandes agences privées, avec une supervision étatique limitée.
Kim Sang-hee, directrice de la politique démographique et infantile au ministère de la Santé et du Bien-être, a souligné : « Avec cette réforme, l’État prend désormais toute la responsabilité d’assurer la sécurité et les droits de tous les enfants adoptés. »
Un contexte historique et des enjeux actuels
L’adoption internationale a débuté après la guerre pour retirer les enfants métis, nés de mères coréennes et de pères soldats américains, d’une société valorisant l’homogénéité ethnique.
Devenue une industrie lucrative dans les années 1970-1980, elle a rapporté des millions de dollars aux agences d’adoption à mesure que le pays se reconstruisait et se développait économiquement.
Cependant, des militants soulignent que cette première étape de restructuration reste insuffisante.
Lisa Wool-Rim Sjoblom, écrivaine et adoptée coréenne ayant grandi en Suède, déclare :
- « Il est temps que la Corée ferme toutes les agences privées d’adoption. Mais confier seules les nouvelles adoptions à l’État ne suffit pas. »
- Elle appelle le gouvernement à mettre en œuvre les recommandations de la commission vérité et réconciliation, à présenter des excuses officielles et à soutenir les dizaines de milliers de Coréens adoptés à l’étranger.
- « Le gouvernement doit reconnaître les violations des droits humains qu’il a permises, encouragées et auxquelles il a participé de manière systématique, puis entamer rapidement des réparations. »