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La Cour suprême des États-Unis autorise l’interdiction des militaires transgenres
La Cour suprême des États-Unis a permis la mise en œuvre d’une interdiction visant les militaires transgenres, alors que les contestations juridiques contre cette mesure se poursuivent.
Mardi, la majorité conservatrice de la Cour a émis une ordonnance non signée levant l’injonction d’un tribunal inférieur qui bloquait jusqu’à présent l’application de cette interdiction.
Une décision divisée au sein de la Cour
L’ordonnance indique également que les trois juges progressistes de la Cour — Sonia Sotomayor, Elena Kagan et Ketanji Brown Jackson — ont cherché à refuser la demande d’urgence visant à lever l’injonction.
Contexte et mesures prises par l’administration Trump
Depuis son investiture pour un second mandat le 20 janvier, le président Donald Trump s’est attaché à restreindre les droits et la visibilité des personnes transgenres aux États-Unis, incluant des limitations dans le service militaire.
Dès son premier jour au pouvoir, Trump a signé un décret exécutif affirmant que son administration ne reconnaîtrait que « deux sexes, masculin et féminin ». Ce même jour, il a annulé un ordre de son prédécesseur démocrate Joe Biden, qui autorisait les militaires transgenres à servir.
Le 27 janvier, il a dévoilé une nouvelle directive intitulée « Prioriser l’excellence et la préparation militaires », comparant l’identité transgenre à une « fausse » identité de genre incompatible avec les « normes rigoureuses nécessaires au service militaire ».
- Le décret affirme que l’adoption d’une identité de genre différente du sexe biologique d’un individu entre en conflit avec l’engagement d’un soldat à mener une vie honorable, honnête et disciplinée.
- Il précise également qu’« un homme affirmant être une femme et exigeant que les autres reconnaissent cette fausseté » n’est pas compatible avec l’humilité et l’altruisme requis d’un militaire.
Les contestations juridiques et les arguments des plaignants
Cette directive a provoqué plusieurs recours judiciaires, dont celui qui a motivé la décision récente de la Cour suprême.
Dans cette affaire, sept militaires en service actif, une organisation de défense des droits civiques et une autre personne souhaitant s’engager ont contesté l’interdiction, la qualifiant de discriminatoire et anticonstitutionnelle.
- Ces sept militaires ont reçu collectivement plus de 70 médailles pour leur service.
- La plaignante principale, le commandant Emily Shilling, a passé près de vingt ans dans la marine, accomplissant 60 missions en tant que pilote de combat.
- Ses avocats estiment que près de 20 millions de dollars ont été investis dans sa formation.
De leur côté, les autorités fédérales affirment que la présence de militaires transgenres constitue un risque pour l’armée.
Réactions officielles et soutien politique
La porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a qualifié cette décision de « victoire MASSIVE » sur les réseaux sociaux, saluant les efforts du président Trump et du secrétaire à la Défense Pete Hegseth pour restaurer une armée axée sur la préparation et l’efficacité.
De son côté, Pete Hegseth a publié un message succinct avec l’acronyme du Département de la Défense : « No More Trans @ DoD » (Plus de transgenres au Département de la Défense).
Historique des interdictions envers les militaires transgenres
Ce n’est pas la première fois que Donald Trump tente d’exclure les personnes transgenres des forces armées. En juillet 2017, peu après son premier mandat, il avait annoncé une politique similaire sur Twitter, aujourd’hui renommé X.
Il avait alors écrit, après consultation avec ses généraux et experts militaires, que le gouvernement américain n’accepterait pas les individus transgenres dans l’armée, via une série de messages successifs.
En 2019, la Cour suprême avait déjà autorisé la mise en œuvre d’une interdiction similaire, qui fut ensuite annulée en 2021 par un décret de Joe Biden.
Les décisions judiciaires récentes et les enjeux constitutionnels
L’administration Trump s’est appuyée sur son succès antérieur devant la Cour suprême pour obtenir la levée de l’injonction d’un tribunal inférieur empêchant l’application de sa dernière interdiction.
Cette injonction provisoire avait été prononcée par un juge du district de Tacoma, Washington, Benjamin Settle, ancien capitaine de l’armée et nommé par le président républicain George W. Bush.
En mars, Settle avait bloqué l’interdiction, estimant que les arguments gouvernementaux manquaient de preuves solides et ne convainquaient pas quant à leur lien avec des questions militaires.
D’autres juges, comme Ana Reyes à Washington, DC, ont également émis des injonctions. Reyes a statué dans une affaire où 14 militaires transgenres contestaient l’interdiction au nom du droit à une protection égale, garanti par le cinquième amendement de la Constitution.
Elle a souligné l’ironie cruelle que des milliers de militaires transgenres aient risqué leur vie pour garantir à d’autres les droits égaux que l’interdiction cherche à leur refuser.
Statistiques et soutien des organisations de défense des droits humains
Parmi les plus de 2,1 millions de militaires américains, moins de 1 % seraient transgenres.
Un responsable a estimé l’an dernier que le nombre de militaires transgenres en service actif serait d’environ 4 200, bien que les militants estiment que ce chiffre pourrait être sous-évalué en raison des risques de violence et de discrimination.
Les groupes de défense des droits humains Lambda Legal et la Human Rights Campaign Foundation soutiennent activement les militaires transgenres dans leur combat contre l’interdiction. Ils ont publié un communiqué conjoint mardi pour dénoncer la décision de la Cour suprême.
- Ils affirment que la Cour a temporairement validé une politique fondée sur les préjugés et non sur la préparation militaire.
- Ils maintiennent que cette interdiction viole les garanties constitutionnelles d’égalité de protection et sera finalement annulée.