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La Dissuasion Européenne : Vers une Autonomie Stratégique ?

by Sara
La Dissuasion Européenne : Vers une Autonomie Stratégique ?
France

La question de la dissuasion européenne se pose plus que jamais, alors que l’autonomie stratégique sur le continent devient un enjeu crucial. Avec le retrait progressif des forces américaines et l’évolution des menaces géopolitiques, l’Europe doit envisager son avenir en matière de défense.

La dissuasion conventionnelle

Les forces américaines et le matériel lourd prépositionnés en Europe, ainsi que la capacité de renforcement rapide par voie aérienne, constituent des éléments essentiels de la dissuasion conventionnelle. La diminution de ces forces pourrait être compensée par une augmentation des unités nationales en termes d’effectifs, de matériel et de budget, un processus qui nécessiterait quelques années pour être effectif. Plutôt qu’une armée européenne, la collaboration entre unités nationales en coalition semble plus réalisable, s’appuyant sur les bases d’interopérabilité déjà établies par l’OTAN.

Pour cela, il est impératif de désigner un commandant en chef européen et un état-major, avec une direction politique qui, idéalement, devrait inclure la Grande-Bretagne, malgré son retrait de l’UE. Utiliser les structures de direction politique de l’OTAN sans les États-Unis pourrait faciliter leur retour, même partiel, dans des cas spécifiques.

Les bombes tactiques B61 américaines en Europe

Actuellement, 150 bombes tactiques B61 sont déployées dans des bases aériennes en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas et en Italie. Ces armes peuvent être utilisées sous double clé, américaine et locale, et sont intégrées dans la planification de l’OTAN. Bien que leur efficacité soit parfois remise en question, leur existence constitue un élément de dissuasion important face à la Russie.

Le rôle de ces armes est en grande partie politique, permettant aux nations européennes de participer à un cadre de « réponse flexible » qui les aide à éviter de dépendre uniquement des capacités stratégiques américaines. Cela assure également un lien politique avec les États-Unis.

Dissuasion stratégique

Pour les États-Unis, établir cette fonction tactique au sein de l’OTAN depuis les années 60 a permis de séparer leur dissuasion stratégique des événements européens. Un éventuel échange d’armes nucléaires sur le sol européen n’affecterait pas directement le territoire américain, mais ce sont les G.I.s présents en Europe qui en subiraient les conséquences. Leur retrait représenterait un tournant significatif pour les Européens en matière de dissuasion, bien plus que la suppression des B61.

Cependant, la suppression de ces armes semble peu probable, compte tenu de la dépendance politique qu’elle générerait et de l’intérêt industriel lié à la vente d’avions F35, jugés essentiels par les États-Unis pour le transport des B61 modernisées.

Vers une autonomie stratégique ?

Face à un éventuel découplage américain, l’Europe doit envisager de se doter d’une dissuasion stratégique autonome. Le couple Rafale-missile ASMPA-R pourrait remplir un rôle d’ultime avertissement, mais cela nécessiterait un développement d’armements nucléaires, ce qui poserait des défis juridiques vis-à-vis du Traité de non-prolifération nucléaire.

En cas d’adoption d’une doctrine d’ultime avertissement, cela impliquerait la nécessité d’une dissuasion par armes stratégiques, créant une dynamique nouvelle au sein de l’OTAN et en Europe. Si les B61 étaient retirées, cela signifierait un découplage total entre les États-Unis et l’Europe, éliminant le parapluie de sécurité américain.

Les défis du partage de la dissuasion

La création de forces de dissuasion stratégique en Europe est une tâche complexe, qui nécessite de réfléchir à un partage des moyens existants, notamment avec la France. Ce partage serait possible à condition de clarifier les propriétés et de respecter le droit international. En attendant, la France pourrait collaborer avec d’autres nations européennes pour développer des systèmes d’armement préstratégiques, en maintenant une autorité politique nationale responsable pour le tir.

Une réflexion sur l’avenir

Les dirigeants européens doivent analyser la situation actuelle et décider s’ils souhaitent renforcer leurs capacités conventionnelles ou chercher à développer des systèmes d’armement stratégiques. Quelle que soit la direction choisie, il est crucial que l’Europe prenne en main sa sécurité et son autonomie stratégique.

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source:https://www.latribune.fr/idees/tribunes/opinion-la-dissuasion-en-europe-sans-les-etats-unis-1020460.html

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