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La flore intestinale est habituellement mise en lumière pour sa vulnérabilité face à certaines maladies comme les MICI ou le syndrome de l’intestin irritable. Pourtant, cet écosystème riche en bactéries bénéfiques possède également un potentiel protecteur notable. Une équipe de l’Inserm dirigée par Dominique Gauguier révèle que le microbiote pourrait jouer un rôle clé dans la protection contre les risques de diabète de type 1 et 2.
Un métabolite clé issu de la flore intestinale
Les chercheurs ont identifié que la flore intestinale produit un métabolite appelé 4-Cresol, capable de stimuler la croissance des cellules bêta du pancréas. Ces cellules sont responsables de la production d’insuline, l’hormone essentielle à la régulation du glucose sanguin, dont la carence caractérise le diabète.
L’analyse a porté sur 148 échantillons métaboliques provenant de patients adultes diabétiques et de personnes non atteintes par la maladie. François Brial, principal auteur de l’étude, explique : « Produit du métabolisme de la flore intestinale, le métabolite 4-Cresol semble être un marqueur de résistance au diabète. On observe notamment des quantités plus faibles de 4-Cresol dans le sérum des patients diabétiques comparé aux individus non diabétiques. »
Des perspectives thérapeutiques prometteuses
Les résultats de cette recherche ouvrent de nouvelles pistes thérapeutiques susceptibles d’améliorer la prise en charge de millions de patients. Sur modèle murin, un traitement à faible dose à base de 4-Cresol a montré une amélioration significative du diabète. Parmi les effets observés :
- réduction de l’obésité et de l’accumulation de graisse hépatique,
- augmentation de la masse pancréatique,
- stimulation de la sécrétion d’insuline,
- prolifération des cellules bêta pancréatiques.
Au-delà du diabète, cette approche s’avère également efficace contre l’obésité et la stéatose hépatique, communément appelée maladie du foie gras.
Une priorité en santé publique
La prévention du diabète est une priorité majeure, compte tenu du risque accru de complications cardiovasculaires graves liées à ce trouble métabolique. La prochaine étape pour les scientifiques consiste à identifier les bactéries intestinales responsables de la production naturelle du 4-Cresol, puis à déterminer celles qui pourraient devenir des traitements sûrs et efficaces contre les déficits en insuline.
Il est important de souligner qu’en France, plus de 3 millions de personnes sont affectées par les diabètes de type 1 et 2.
Collaboration internationale
Cette étude a été menée par l’équipe « Toxicité environnementale, cibles thérapeutiques, signalisation cellulaire et biomarqueurs » de l’Inserm et de l’Université de Paris, en collaboration avec des chercheurs de l’Université de Kyoto au Japon et de l’Université de McGill au Canada.