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La gauche face au wokisme : l’appel de Susan Neiman
Dans son nouvel essai intitulé La gauche n’est pas woke, la philosophe américaine Susan Neiman met en lumière les dangers qui pèsent sur l’universalisme, la justice et le progrès, des valeurs fondamentales de la gauche, désormais contestées, y compris par certains courants de gauche.
Les principes fondamentaux de la gauche
Selon Neiman, être de gauche a historiquement signifié embrasser les idéaux éclairés des Lumières. Ces principes reposent sur trois convictions majeures :
- Universalisme : L’idée que l’humanité est une, avec des valeurs et des idées communes qui transcendent les tribus, genres, cultures et autres spécificités.
- Justice : La conviction que l’égalité et la dignité doivent être concrètement réalisées, remettant en question les jeux de pouvoir et de domination.
- Progrès : La belief que la condition humaine peut s’améliorer et que l’histoire est un processus de construction, laissant entendre que le pire n’est pas inéluctable.
Le défi du woke et des critiques contemporaines
Dans son essai, Neiman souligne que ces idéaux sont de plus en plus rejetés. Elle observe que la gauche « radicale woke » critique et relègue ces concepts, les qualifiant de façades pour la domination occidentale. Pour ces critiques, l’universalisme des droits humains serait un masque qui écrase la diversité légitime des points de vue et des cultures, tandis que la quête de justice ne serait qu’une façade masquant des rapports de force réels.
De plus, le progrès est perçu comme un leurre, utilisé pour justifier l’exploitation. Neiman argue que les idéaux des Lumières sont dénoncés et combattus au nom de philosophies décoloniales, racisées et intersectionnelles.
L’importance de la raison et de l’éthique des Lumières
Ce livre défend l’idée que la raison doit prévaloir contre ces mouvements qui cherchent à s’en départir. En tant que spécialiste de Kant et auteur de plusieurs ouvrages sur des thèmes variés, Neiman rappelle que les critiques contre les Lumières découlent souvent de malentendus et d’ignorances. Elle plaide ainsi pour la nécessité de ces trois valeurs fondatrices pour maintenir une véritable gauche.
Enfin, elle suggère que ceux qui cherchent à disqualifier ces idéaux peuvent, sans en être conscients, adopter des présupposés profondément réactionnaires, faisant appel à des notions telles que l’identité du sang ou la priorité du terroir.
Avec ce plaidoyer puissant, Susan Neiman invite à une réflexion profonde sur ce que signifie réellement être de gauche à l’ère du wokisme.